FMJ MtlJeudi, 1ère Semaine de Carême – A
Frère Antoine-Emmanuel
Est 14, 1.3-5.12-14 ; Ps 137 ; Mt 7, 7-12
13 mars 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Demandez et vous recevrez

En ce premier anniversaire de son élection au siège de Pierre,
donnons la parole au Pape François
pour qu’il nous entraine dans un vrai carême :

« La Conversion ne se réduit pas à des formes extérieures
et à des résolutions vagues,
mais elle engage et transforme toute notre existence
à partir du centre de la personne, de la conscience.

Nous sommes invités à entreprendre un chemin sur lequel,
mettant au défi nos routines,
nous nous efforçons d’ouvrir les oreilles,
et surtout d’ouvrir le cœur
pour aller au-delà de notre petit jardin.

Le Carême nous invite à nous secouer,
à nous souvenir que nous sommes des créatures.

Pourquoi devons-nous revenir vers Dieu ?
Parce qu’il y a quelque chose qui ne va pas en nous,
qui ne va pas dans la société, dans l’Église
et nous avons besoin de changer de cap » .

Frères et sœurs, avons-nous vraiment pris la route ?

Le pire ce sont les demi-décisions.
Je décide d’une forme de jeûne,
et en même temps je suis très soucieux de mon confort.
Je décide et je ne décide pas.
Alors le démon jour là-dedans
et cela conduit à des grandes souffrances intérieures
qui nous dégoûte de la vie spirituelle.

Souvenez-vous des paroles de Jésus :
Que votre oui soit oui,
que votre non soit non.
Tout le reste vient du démon.

Mais ce n’est pas le seul combat,
parce que nous sommes aussi éprouvés sur notre image.
« Je ne vais quand même pas m’abaisser
à des pratiques d’un autre âge.
Ça a l’air de quoi de jeûner,
de prendre soin des pauvres ? »

De fait, c’est difficile de quitter le culte de l’image de soi
que le vieil homme et la société nous imposent.
C’et là où il faut nous souvenir de ce que nous sommes en exil
et que le plus urgent ce n’est pas de faire belle figure,
mais de revenir vers Dieu.

Et puis il y a aussi la tentation contre l’espérance.
« Je peux bien vouloir ceci ou cela, je ne vais jamais y arriver.
Le Carême, c’est au-delà de mes forces. »

Ici c’est l’Évangile de ce jour qui nous est d’un grand secours :
Demandez…
Cherchez…
Frappez…

Mais demander quoi ?
Chercher quoi ?
Frapper à quelle porte ?

Dans quel contexte Jésus nous invite-t-il
à demander, chercher et frapper ?
Dans le discours sur la Montagne,
où Jésus nous décrit ce qu’est la vie d’un homme, d’une femme, renouvelé par l’Évangile;
la vie du disciple.
Une vie qui semble tellement au-delà de nos moyens,
tellement plus exigeante que la loi de Moïse.

Renoncer à soi-même et porter sa croix,
pour qui cela est-ce facile ?
Alors Jésus nous indique la bonne adresse : le Père.

La vie nouvelle est une vie dans l’Esprit.
Alors, demande au Père l’Esprit Saint!
Voilà ce qu’il faut demander.

Et que faut-il chercher ? le Royaume.
Cherchez le Royaume et sa justice…
Cherchez-le auprès du Père.
Cherchez-le dans l’amour du Père.

Et quelle est la porte à laquelle frapper ?
À la porte étroite qui mène au sentier resserré.
Et c’est le Père qui t’ouvre cette porte.
C’est le Père qui ouvre pour toi le chemin de la vie.

Frères et sœurs, nous le comprenons :
le Carême, n’est pas une affaire d’héroïsme.

Ce n’est pas aux héros de la vertu que le Royaume est promis,
mais aux pauvres de cœur.

Le jeûne, ce n’est pas une ascèse froide et ennuyeuse…
C’est une affaire d’amour.
C’est un climat que tu choisis pour ta vie quotidienne,
un climat de désir, de faim, de précarité…
C’est un art, un art spirituel
dont il faut demander le don au Père.
Le jeune se décide et se demande à Dieu
comme un cadeau très amoureux.
C’est comme demander à Dieu un baiser.

La prière aussi se demande.
Nous demandons au Seigneur de libérer la source
qui est au fond de notre cœur.
« Fais-moi Seigneur la grâce d’une prière plus intense,
plus simple, plus vraie,
plus soucieuse des autres, des plus pauvres surtout. »
Il n’y a pas un jour où la prière ne soit pas un don de Dieu.

L’aumône,
le temps donné aux plus pauvres,
cela aussi il faut le demander à Dieu.
c’est le Père qui peut briser les peurs et les inconforts
qui nous gardent à distance des pauvres.
C’est le Père qui nous montre que les pauvres sont ses enfants,
sont nos frères et sœurs.
C’est le Père qui nous enseigne
que nous ne sommes pas appelés à sauver les autres,
mais à les aimer…
Et que c’est à notre mesure;
que notre don, même pas encore grès généreux, est précieux.

*

Demandez, c’est bien possible qu’un on vous donne ?
Non !
Cherchez et il y des chances que vous trouviez ?
Non !
Frappez et la porte s’ouvrira sans doute ?
Non !

Demandez et on vous donnera;
Cherchez et vous trouverez;
Frappez et on vous ouvrira.

Mais demande clairement et insiste.
Cherche avec ardeur et persévérance.
Frappe avec insistance.
Et la porte s’ouvrira, la porte de la conversion,
et tu découvriras un chemin rude, c’est vrai,
mais c’est le chemin de ton retour d’exil.

Pourquoi rester loin de Dieu
dans le pays lointain de ta vie oublieuse de Dieu ?
Demande, cherche, cogne à la porte,
et la porte s’ouvrira.

© FMJ – Tous droits réservés.