FMJ MtlJeudi, 3e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Antoine-Emmanuel
He 10, 19-25 ; Ps 23 ; Mc 4, 21-25
27 janvier 2011
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Des lampes sous ton lit ?

« La lampe vient-elle
pour être mise sous le boisseau ou sous le lit ?
N’est-ce pas pour être mise sur le lampadaire ? » (Mc 4,21)

Cette parabole que Jésus nous donne ce soir est claire :
tu es chez toi dans l’obscurité et l’on t’apporte une lampe.
Tu la reçois dans tes mains.
Que vas-tu en faire ?
Tu ne la places pas sous un lit ou sous un meuble !
Tu la mets sur un lampadaire pour qu’elle éclaire toute ta maison.

Ainsi en est-il de la Parole de Dieu
dont Jésus vient de parler dans la Parabole du semeur.
Elle nous est donnée pour être mise sur le lampadaire.
Mais que faisons-nous de la Parole que nous recevons ?

Allons au très concret.
Essayons de nous souvenir d’une Parole de Dieu
qui nous a « touchés » ces derniers jours
ou ces dernières semaines.
Ce peut être à travers la lecture personnelle de l’Écriture,
à travers une homélie, un enseignement, une lecture,
ou à travers un frère, une sœur ;
ou à travers un événement aussi,
puisqu’en Dieu la Parole est événement,
et l’événement est Parole.

Elle nous a « touchés »,
c’est-à-dire qu’elle a touché notre intelligence
– nous avons compris quelque chose d’important –
ou elle a touché notre mémoire
– nous avons contemplé quelque chose de marquant,
ou elle a touché notre volonté
– elle a éveillé en nous un désir d’agir, de parler.

*

Qu’avons-nous fait de cette Parole ?
Est-ce que nous l’avons mise sur le lampadaire ?

La question se pose parce que souvent
nous sommes touchés, voire émerveillés,
mais nous mettons cette Parole sous le lit,
c’est-à-dire que nous nous approprions cette lumière,
nous la mettons dans une sorte de trésor de guerre
et nous passons à autre chose.

Pourquoi ?
Parce que la tentation de nous fier à d’autres lumières
a été plus forte ;
ou parce que cette Parole exige une conversion
dont nous voulons nous passer ;
ou parce que les soucis, les tâches, les séductions de ce monde
asphyxient cette Parole (cf. Mc 4, 13-20).

Et la lampe reste sous le lit
n’éclairant que le dessous du lit
jusqu’à ce que nous l’ayons oubliée !
Elle n’a pas pu porter son fruit,
elle n’a pas pu donner sa lumière.

*

Le Seigneur nous appelle donc aujourd’hui
à mettre sur le lampadaire la lampe que nous avons reçue.
Pour cela il faut la reprendre entre nos mains de dessous le lit
et bien la regarder, la nommer et en rendre grâce :

Sois béni Seigneur pour cette Parole de vie
que tu m’as donnée il y a quelques jours.
Cette parole qui m’a touché ces derniers temps,
je veux cette fois-ci
qu’elle puisse donner toute la lumière qu’elle contient.

Aussi je la mets sur le lampadaire que Dieu m’a donné.
Qu’est-ce que notre lampadaire ?
C’est notre vie, notre vie quotidienne.

Comment mettre la Parole sur le lampadaire de notre vie ?
D’abord, je reviens à cette Parole
dans un temps d’oraison, de prière silencieuse ;
je prends un moment pour la relire,
pour creuser plus en profondeur son sens, sa portée ;
je l’apporte dans une rencontre d’accompagnement,
ou dans un échange spirituel avec un ami, une amie.

Je vais alors regarder comment cette Parole
éclaire les petites et les grandes décisions que je dois prendre ;
elle va également me servir de balise, de référence
pour la relecture de ma journée, de ma semaine :
ai-je obéi à cette parole ?
Elle peut aussi éclairer notre examen de conscience
avant le sacrement du pardon.

Je choisi, je prends pour objectif d’obéir à cette Parole.
Alors, ma vie devient lampadaire,
parce que je vais, même timidement, incarner cette Parole.
Je vais, uni à Jésus, donner chair à cette Parole de Dieu,
et, de ce fait, je vais apporter un peu de lumière
– de lumière divine – autour de moi.

C’est cela que vivent les saints !
Il suffit de penser à la manière dont Saint Antoine
a accueilli l’appel de Jésus,
au jeune homme riche ;
ou bien à comment Mère Térésa
a accueilli et vécu le cri de Jésus : « J’ai soif ! » (Jn 19,28) ;
ou encore à une Chiara Lubich
accueillant et incarnant la prière de Jésus pour l’unité
au chapitre 17 de Saint Jean.

Il y a des Paroles de Dieu qui peuvent éclairer toute une vie
mais ce peut être aussi pour une étape,
une saison, de notre chemin spirituel.

*

Frères et sœurs si la Parole nous est révélée,
c’est pour être manifestée.
La Parole de Dieu est cachée (cf. Mc 4,22).
Le Mystère de Dieu, le mystère de la Croix,
est caché dans l’humilité de Dieu,
mais quand il nous est donné,
c’est pour être révélé, pour être offert au monde.

Si nous accueillons la Parole
que Dieu fait briller dans notre cœur,
nous recevrons, et nous recevrons encore,
toute la grâce que Dieu déverse dans les cœurs obéissants.
Si nous accueillons chichement la Parole,
la grâce ne pourra se déployer que chichement en nous.
Si nous ne l’accueillons pas,
même ce que nous avons nous sera pris.

Mais si nous travaillons à ouvrir nos cœurs à la Parole,
à la mettre sur le lampadaire de notre vie,
alors nous recevrons davantage
et surtout nous pourrons donner davantage !

Qui que tu sois,
ta vie, aussi appesantie ou brisée qu’elle soit,
peut devenir ce lampadaire,
cette source de Lumière et de joie pour le monde.
C’est cela le mystère et la puissance de la Parole de Dieu !
À nous de commencer, ce soir,
en obéissant à la Parole dont nous nous sommes souvenus.

© FMJ – Tous droits réservés.