FMJ MtlMercredi, 19e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Thomas
Éz 9, 1-7 ; 10, 18-22 ; Ps 112 ; Mt 18, 15-20
13 août 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Un dialogue franc et cordial

« Si ton frère a commis un péché,
va lui parler seul à seul
et montre-lui sa faute. » (Mt 18,15)
Jésus ne dit pas : « Va trouver plusieurs personnes
pour avoir davantage de poids pour accuser ton frère ».
Et encore moins : « Fais un procès à ton frère. »
Jésus ne dit pas non plus :
« Écris un mot à ton frère, envois-lui un courriel. »
Non, Jésus dit : « Va lui parler seul à seul. »
Et non pas « pour l’accuser, pour lui faire des reproches »
mais « pour lui montrer sa faute. »

Dans la communauté chrétienne,
dans l’humanité nouvelle que Jésus vient inaugurer,
la relation interpersonnelle est essentielle.
C’est une relation fondée sur la charité fraternelle,
qui passe par la miséricorde et qui passe aussi par la vérité.
Mais la vérité qui consiste à faire voir à l’autre sa faute
– si faute il y a – et non à l’accuser.
C’est pour cela que la relation seul à seul,
le dialogue fraternel et cordial,
est le premier préalable que pose Jésus.
Si mon frère se sent accusé par moi, rejeté,
il sera sur la défensive,
il sera peu disposé à voir sa faute et encore moins à se convertir.

Regardons par exemple comment Jésus s’y est pris
pour montrer à Judas sa faute.
Sans accuser personne, Jésus a lancé,
au milieu du repas de la Cène :
« L’un de vous va me trahir » (Jn 15,21).
Jésus, dans sa clairvoyance,
savait que Judas avait formé le dessein de Le livrer,
mais Il ne voulait pas l’accuser.
En révélant cela, Jésus voulait donner à Judas
une occasion pour prendre conscience
de la gravité de sa faute,
et renoncer à temps à son dessein.
Puis il y a eu cette relation interpersonnelle
où Jésus a donné à Judas une bouchée trempée dans le plat.
Nous savons que Judas n’a pas saisi l’occasion sur le moment.
Mais nous savons qu’après coup,
Judas a pris conscience d’avoir livré un innocent,
et qu’il est allé rapporter les pièces
que lui avaient données les grands prêtres.

Combien de chicanes, de luttes stériles,
de violences verbales ou physiques, pourraient être évitées
si elles étaient précédées d’un dialogue franc et cordial.
Un dialogue qui ne commence pas par une accusation :
« Tu as fait cela ! », mais par une interrogation :
« Je ne comprends pas le sens de cette action que tu as faite ».
Certes la personne en faute peut ne pas voir sa faute,
elle peut ne pas la reconnaître.
Au moins elle aura vu mes bonnes dispositions à son égard.

Et alors, si nécessaire, je pourrai prendre avec moi
une ou deux personnes, afin que l’affaire soit réglée
sur la parole de deux ou trois témoins. (Mt 18,16)
Si même après cela, la personne refuse toujours
de reconnaître sa faute,
et même après que la communauté de l’Église lui ait parlé,
alors Jésus dit : « considère-le
comme un païen et un publicain. » (18)

Lorsque nous regardons comment Jésus
avait des relations bienveillantes
à l’égard des païens et des publicains,
nous voyons qu’Il ne s’agit nullement ici d’un rejet,
d’une mise au ban.
La relation reste ouverte.
Si l’autre ne voit pas sa faute, c’est son affaire à lui,
moi j’aurai essayé de lui faire voir.
Il peut encore évoluer.

« Quand deux ou trois sont réunis en mon Nom
– dit Jésus – Je suis là, au milieu d’eux. » (20)
Quand deux ou trois sont vraiment réunis…
Jésus peut alors vraiment Se tenir là au milieu d’eux.

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