Mercredi, 14e Semaine du Temps ordinaire – C
Frère Antoine-Emmanuel
Ex 3, 1-6.9-12 ; Ps 102 ; Mt 11, 25-27
17 juillet 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal
Dieu révèle ses secrets aux petits
Un itinérant toxicomane
qui sentait l’alcool à plein nez s’est avancé dimanche
devant le Saint Sacrement
et a prié à haute voix :
« Seigneur je ne te demande qu’une chose :
fais que je T’aime autant que Tu m’aimes ».
« Père, ce que tu as caché à des sages et des savants,
tu l’as révélé à des tout petits » (Mt 11,25).
Hier soir un maçon construisait une table
avec des briques de récupération.
Je le félicite pour son travail, beau et simple.
Il me répond :
« C’est avec l’humilité que l’on construit
ce qu’il y a de plus beau. »
« Père, ce que tu as caché à des sages et des savants,
tu l’as révélé à des tout petits ».
Récemment deux jeunes filles trisomiques
sont parties avec une éducatrice
pour fonder ensemble une maison familiale en Haïti
pour accueillir des enfants handicapés.
« Père, ce que tu as caché à des sages et des savants,
tu l’as révélé à des tout petits ».
Pendant le Parvis,
Gilbert, qui quête sur l’avenue
est venu apporter une belle quantité de desserts
pour que nous puissions les offrir
à ceux et celles qui venaient à la crypte.
« Père, ce que tu as caché à des sages et des savants,
tu l’as révélé à des tout petits ».
Je suis convaincu que chacun d’entre nous
pourrait raconter plusieurs histoires
du même genre.
Avec toujours ce même constat :
le Père dépose des secrets
dans le cœur des touts petits.
C’est cela qui a émerveillé Jésus !
Luc nous dit que Jésus en a tressailli de joie.
Il en a exulté dans l’Esprit Saint.
Et Jésus ajoute :
Oui, Père, tel est ton bon plaisir,
littéralement « ainsi un bon plaisir est advenu devant toi ».
Quand le Père dépose ses secrets dans le cœur des plus petits,
ce n’est pas un calcul, ce n’est pas une stratégie,
ce n’est pas en vertu de mérites :
c’est le bon plaisir de Dieu…
C’est un don joyeux, gratuit, bienveillant de la part du Père.
Un débordement d’amour de son Cœur.
Ou peut-être une secrète connivence
entre le Cœur du Père et le cœur du pauvre
« Heureux les pauvres de cœur
le Royaume (du Père) est à eux » (Mt 5,3).
*
Tu cherches les secrets de Dieu ?
Va les chercher dans le cœur des pus petits !
C’est cela qu’ont compris Jean Vanier ou Henry Newmen,
qui disent avoir tant reçu des personnes handicapées.
Ce soir nous pouvons exposer au Père
ce qui est petit en nous, ce qui est faible,
même ce qui nous fait honte.
Je me présente à Toi tendre Père
non pas en Te montrant mes gloires de ce monde,
mais en t’exposant ma faiblesse, ma petitesse,
mes phantasmes, mes péchés, mes malheurs, mes hontes.
Et je Te laisse me regarder, m’aimer.
Le Père a sur nous le même regard
qu’Il a eu – qu’Il a – sur Jésus défiguré sur la croix
qui, jusque dans les enfers
s’est laissé couvrir du péché de toute l’humanité
qui lui colle à la peau.
« ver non point homme,
rebut du peuple »… (Ps 22(21)7)
Et c’est là qu’advient l’explosion de joie
de la résurrection.
Jusque dans ma honte, je me découvre aimé,
une vie nouvelle coule dans mes veines.
Là où je me condamnais,
je me découvre béni…
*
Je vous confesse que j’aime ma faiblesse
parce que c’est par elle que je rencontre Dieu.
Je me méfie des moments où je me sens fort…
Pensez à Moïse.
À quel moment de sa vie Dieu
dépose en Lui les secrets de son cœur
et l’envoie en mission ?
Est-ce au moment où Moïse élevé à la cour
est à l’apogée de sa puissance,
où il est un homme fort ?
Non ! C’est au moment où Moïse est depuis 40 ans dans le désert
où il s’est enfui pour ne pas être mis à mort.
Cela fait 40 ans qu’il mange la poussière
et garde les chèvres…
C’est à ce moment que Dieu se révèle à lui dans le buisson ardent.
À nous aussi, c’est dans le creux de notre faiblesse
que Dieu nous révèle le grand secret de son cœur,
son mystère, son Buisson ardent.
Si nous nous approchons de l’Eucharistie avec un cœur pauvre,
c’est un immense secret qui se révèle à nous.
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