FMJ MtlVIGILES PASCALES – B
Frère Antoine-Emmanuel
Rm 6, 3b11 ; Ps 117 ; Mt 28, 1-10
7 avril 2012
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Du fond de la mort, Il a fait jaillir la Vie

Qui d’entre nous n’a pas été bouleversé par la souffrance,
l’humiliation extrêmes de Jésus dans sa Passion ?
Jésus s’est librement livré aux insultes,
jusqu’à être dénigré sans limite.

Il n’a pas été lapidé en cachette par les juifs
mais crucifié au su et vu de tous,
considéré définitivement comme maudit de Dieu.
Il a pris – volontairement – la dernière place.

Mais ce n’est pourtant là que la face visible
de ce mystère d’abaissement.

*

Je m’explique : nous avons vu son corps,
cadavre enveloppé d’un suaire et d’aromates (cf. Jn 19,40)
et déposé dans la tombe devant laquelle
on a roulé une grande pierre (Mt 27,60).

Mais qu’en est-il de son âme, son âme humaine
avec l’extrême sensibilité de son amour sans limite ?
En son âme, Il est « descendu », descendu, descendu …
là où les âmes des morts sont dans l’attente,
là où règne la mort, les enfers (au pluriel), la fosse
dont le Psalmiste décrit l’horreur, la noirceur (cf. Ps 87(88),5).

« Par son âme, Jésus est allé rejoindre tous les hommes
au séjour des morts » (CEC 632).
Et là encore, emmenée par son Esprit divin,
l’âme de Jésus a pris la dernière place.

Et nous pouvons contempler cette descente
où l’âme humaine du Christ
est allée plus bas que la plus impie des âmes,
l’âme innocente est allée là où l’Amour est le plus méprisé,
là où Dieu est le plus honni.
Cette souffrance passive fut – est – pire
que celle de la Croix disent les mystiques.
Il est allé prêcher aux esprits en prison (1 Pi 3,19).
nous dit la Première lettre de Pierre.
Il est allé prêcher par sa manière d’être, par sa descente,
par le dépouillement total de son être ;
perdant tout, au milieu des perdus, pour les sauver
et menant à l’impuissance celui qui a la puissance de la mort,
c’est-à-dire le Diable (cf. Hb 2, 14-15).

*

Frères et sœurs, il y a plus encore :
nous ne pouvons saisir la profondeur de cette descente :
l’âme de Jésus « unie à sa personne divine » (CEC 637)
est allée infiniment plus bas
que la bassesse du péché des humains.
Ne Lui fallait-il pas descendre jusqu’à n’être plus par Lui-même
parce que c’est cela l’être éternel du Fils
qui se reçoit du Père ?

Alors, dit l’apôtre Paul,
Il a été établi Fils de Dieu avec puissance (Rm 1,4) ;
son âme humaine a été éternisée en plénitude
par son Esprit filial.

Et son corps lui-même, cadavre déposé au tombeau,
se relève alors, non plus corps psychique,
mais corps spirituel. (cf. 1Co 15,44)
Le Père Lui donne Vie
et Lui se livre éternellement au Père
avec – désormais – son humanité.

Toute l’humanité se retrouve désormais
dans l’étreinte de l’Amour du Père et du Fils.
Comme l’éclair qui traverse le ciel,
l’Esprit d’Amour traverse toute l’humanité.
Le Christ s’offre à tous
dans son Corps glorieux resplendissant de Lumière.

À tous, mais d’abord au Père à qui Il proclame :
« Je suis ressuscité et Me voici avec Toi ».

À tous, des âmes les plus perdues aux âmes les plus joyeuses,
Il offre sa résurrection.
Il offre l’éternelle miséricorde du Père.
L’Enfer – au singulier – est le refus de cette miséricorde.
Le Purgatoire est le travail de cette miséricorde
dans les âmes pécheresses.

Et au jour de la Résurrection des morts,
le Paradis sera la joie infinie de cette miséricorde
vécue par tous les sauvés jusque dans leur corps glorieux.

À tous, Il S’offre, à commencer par ses plus proches
à qui Il S’est donné à voir au troisième jour :
à la Madeleine – si meurtrie, et si aimante ;
à Pierre – le pasteur blessé que l’Amour va relever ;
aux Apôtres,
jusqu’à Thomas si lent à entrer dans la béatitude de la foi.

À tous… et à nous ce soir,
Jésus le Ressuscité Se donne à nous :
par cette sainte et divine Liturgie,
par le signe du feu et de l’eau,
par sa Parole qui traverse la mort,
par ses témoins que nous sommes tous par le baptême,
par ses ministres ordonnés au service de la résurrection
et plus que tout, par son Eucharistie,
son Corps, son Sang, son Âme, sa Divinité.

Jésus est là, vivant, plus vivant que nous,
plus vivant que la vie que nous voyons.
Et c’est sa Vie, sa Résurrection, sa Joie éternelle
qu’Il nous offre en cette nuit dans le Souffle de l’Esprit Saint.

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