FMJ Mtl5e DIMANCHE DE PÂQUES – B
Frère Thomas
Ac 9, 26-31 ; Ps 21 ; 1 Jn 3, 18-24 ; Jn 15, 1-8
3 mai 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

En Jésus, donnons des fruits d’amour véritable

Dimanche dernier, Jésus utilisait
l’image du Bon pasteur pour parler de Lui.
Aujourd’hui Il utilise l’image de la vigne.
Encore une image agricole.
Il ne s’agit plus tant ici pour nous
de laisser Jésus prendre soin de nous,
mais de demeurer sur Lui,
de rester accrocher à Lui.

Et l’image est forte :
« Si quelqu’un ne demeure pas en Moi,
il est comme un sarment qu’on a jeté dehors
et qui se dessèche » (Jn 15,6).
On imagine bien le sarment, la branche
qui est détachée de la vigne.
Elle finit par vite mourir
car la sève ne l’alimente plus.
La question est donc sérieuse ;
c’est une question de vie ou de mort.

Alors, la question connexe vient :
que signifie pour nous demeurer en Jésus ?
Saint Jean nous le dit dans sa première lettre ;
« Celui qui est fidèle à ses commandements
demeure en Dieu, et Dieu en Lui » (1 Jn 3,24).
Il précise également :
« Voici son commandement :
avoir foi en son Fils Jésus Christ,
et nous aimer les uns les autres
comme il nous l’a commandé » (v. 23).

Demeurer en Jésus est donc simple
et à la portée de chaque humain.
Simple mais exigeant.
Si nous nous aimons les uns les autres,
nous portons du fruit :
un fruit de vie, un fruit d’éternité ;
car aimer l’autre, c’est le faire vivre
et c’est vivre aussi, c’est multiplier la vie.

Quel être humain n’a jamais aimé ?
Quel être humain n’a jamais expérimenté
combien s’oublier pour l’autre est un bon fruit
que l’on goûte longtemps.

L’image de la vigne est ici bien parlante,
car nous savons que le vin s’améliore en vieillissant.
Ainsi un acte d’amour posé dans notre vie
n’est jamais perdu : Il a un goût d’Éternité.
Plus les années passent,
plus sa saveur nous fait vivre si nous savons aller la chercher.

Il est des fruits qui ont d’abord
un bon goût, un goût exaltant,
mais qui ont un arrière goût amer, parfois même mortel.
Par exemple si je laisse libre cours
à ma colère ou à ma sensualité,
je ressens d’abord soulagement ou plaisir,
mais bien vite je suis déçu de moi-même et triste.

Quel genre de fruits voulons-nous porter ?
Si ce sont des fruits d’amour, d’amour véritable,
alors il importe que nous choisissions de demeurer en Jésus.
Nous poserons alors des actes de foi en sa personne,
par notre prière personnelle et liturgique,
et aussi par nos décisions de sortir de nous-mêmes
pour aimer en vérité.

Non pas aimer avec des paroles et des discours
– dit saint Jean dans sa première lettre –
mais par des actes et en vérité.
Nous poserons aussi des actes d’amour,
qui comportent toujours une dimension de foi,
car si j’aime une autre personne que moi,
je fais un acte de foi en elle,
et aussi en Dieu qui agit en elle.

Je fais appel au meilleur d’elle-même,
au risque que cette personne n’accueille pas mon amour.
Et si effectivement elle ne l’accueille pas,
cela n’enlève rien à la valeur de mon acte d’amour,
puisque c’est l’amour et non la haine, ni l’égoïsme
qui aura motivé mon acte.
Ainsi la foi et l’amour sont intimement liés
pour demeurer en Jésus.
Si bien, que demeurer en Jésus
est à la portée de tous les humains.
Pas seulement ceux et celles
qui nominativement se disent chrétiens.
Certes l’Église est essentielle,
en tant qu’elle témoigne aux yeux du monde
de Jésus Christ qui est la Vigne.

Mais demeurer en Jésus
déborde largement les chrétiens.
Au jugement dernier, Jésus ne demandera-t-il pas :
« J’ai eu faim, m’as-tu donné à manger ?
J’ai eu soif m’as-tu donné à boire ? » (cf. Mt 25,35)
Autrement dit… « as-tu aimé tes semblables,
et à travers eux, auxquels Je me plais à M’identifier,
M’as-tu aimé, as-tu cru en Moi
caché mais présent en eux ? »

Maintenant, si nous demeurons en Jésus,
cela n’est pas de tout repos.
Car « tout sarment qui donne du fruit,
mon Père le nettoie – Il l’émonde –
pour qu’il en donne davantage » (Jn 15,2).
Cela demande de notre part
que nous consentions à être nettoyés,
à être émondés.
Le vigneron qui émonde un sarment le taille,
et cela fait d’abord mal.

Le Père veut notre croissance.
C’est sa gloire que nous donnions beaucoup de fruit,
des fruits d’amour;
un amour de plus en plus pur,
de plus en plus grand…
jusqu’à un jour décider
de donner toute notre vie par amour,
quand l’heure de notre mort viendra.

C’est cela que demande de demeurer en Jésus,
la Vigne véritable.
Si nous fuyons quand cela fait mal,
parce que nous sommes émondés, taillés,
alors revenons vite,
car fuir la Vigne qui nous donne la croissance
n’a pas de sens pour nous.

Au contraire, si nous persistons à fuir, nous finissons
par ne plus donner de fruit d’amour véritable
et au bout du compte, c’est la mort ;
mais non pas une mort qui est passage vers la vie,
mais une mort qui est vraiment la fin de notre vie.

Le livre des Actes des apôtres
nous montre la figure de Saint Paul,
qui s’est laisser greffer sur la vigne qu’est Jésus Christ,
puis qui s’est laissé tailler, émonder :
en devenant fervent disciple de Jésus
après avoir été un persécuteur zélé des disciples.
En acceptant de ne pas être d’abord bien accueilli
par l’Église de Jérusalem,
avant l’intervention de Barnabé en sa faveur ;
en acceptant ensuite d’être dénigré,
persécuté par les juifs
qu’il rencontrait au cours de ses missions.
Finalement, en acceptant d’être fait plusieurs fois prisonnier.

Et quels fruits Paul a porté !
Près du tiers des écrits du Nouveau Testament
est constitué par ses épîtres,
ses lettres aux diverses communautés qu’il a fondées,
ou à des personnes qui lui étaient chères !

Alors, décidons de demeurer en Jésus, la vigne du Père.
Déjà nous y portons beaucoup de fruits d’amour véritable.
Continuons, il en va de notre vie véritable !

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