FMJ MtlMardi, 11e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Antoine-Emmanuel
2 Co 8, 1-9 ; Ps 145 ; Mt 5, 43-48
14 juin 2011
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Fais briller ton soleil

L’opération a bien fonctionné.
Elle était délicate et nécessitait une main experte,
mais elle s’est bien passée…

La question maintenant est celle de l’accueil
du nouvel organe qui a été greffé.
Il faut que le corps,
il faut que tout l’être s’habitue,
et cela prend du temps,
beaucoup de temps.

De quelle opération je parle ?
De celle que nous avons tous vécu
au jour de notre Baptême et de notre Confirmation !

Nous avons alors reçu un Souffle nouveau,
le Souffle Saint qui est Dieu, l’Esprit Saint.
Le Souffle sans lequel nous sommes essoufflés
quand il s’agit d’aimer à la manière de Dieu.

Ce Souffle Saint, ce Souffle divin est en nous
et l’enjeu est donc d’apprendre à vivre de Lui
en Le laissant œuvrer en nous.

Ce soir, la Parole de Dieu
nous dit quelque chose d’essentiel
de cet œuvre de l’Esprit en nous.
Paul, parlant des chrétiens de Macédoine, dit ceci :
« Dans les multiples détresses
qui les mettaient à l’épreuve,
leur joie a été sans mesure,
et leur extrême pauvreté
a produit d’abondante richesses de générosité » (2 Co 8,2).

Comment la joie peut-elle jaillir des détresses ?
Et surtout comment l’extrême pauvreté
peut-elle produire d’abondantes richesses de générosité ?

Est-ce que ce n’est pas là la marque propre de l’Esprit Saint ?

*

L’Esprit Saint nous achemine vers le dépouillement.
Il n’est pas l’ami du confort et encore moins du luxe.
N’a-t-Il pas littéralement « poussé » Jésus au désert ?

Il y a des ténèbres qui viennent de notre péché,
de nos colères, de notre orgueil.
Mais il y a aussi des nuits intérieures
où l’Esprit Saint nous mène
et où Il nous garde, où Il nous couve,
où Il nous féconde.

L’Esprit Saint n’a pas détourné Jésus du dénuement de la Croix.
C’est dans l’Esprit que Jésus s’est offert au Père.
L’Esprit Saint a enveloppé le Fils nu
de la tendresse du Père.

C’est par l’Esprit Saint que Jésus – et nous à sa suite –
pouvons choisir la pauvreté.
« Lui qui était riche,
il est devenu pauvre à cause de vous
pour que vous deveniez riches par sa pauvreté » (2 Co 8,9).

Le vœu de pauvreté, notamment appelle à devenir pauvres,
à devenir plus pauvres,
et plus pauvres encore…
Non pas à cause d’un idéal que l’on imagine… et qui tue,
mais parce que l’Esprit Saint travaille en nous
pour nous unir de plus en plus au Christ pauvre.

Et que se passe-t-il dans cette pauvreté, dans ce dénuement ?
L’extrême pauvreté produit d’abondantes richesses de générosité.

Quand nous sommes davantage vides de nous-mêmes,
de nos ambitions, de nos projets fussent-ils pieux,
la générosité, la libéralité, de Dieu, peut se déployer en nous.

Pensons à une Marthe Robin.
Elle était tellement pauvre,
pauvre de santé,
incapable de supporter la lumière du jour,
incapable de se déplacer,
tellement pauvre que la tendresse de Dieu
se déployait en elle à flots !

Pensons à la pauvreté de cœur de la Petite Thérèse.
L’Amour de Dieu n’était pas confiné en elle,
il pouvait passer, circuler,
chanter, danser, se déployer.

Ces femmes nous montrent à quoi
l’Opération chirurgicale du Baptême
peut nous mener quand nous laissons le Souffle Saint
nous dépouiller et nous inspirer.

*

Frères et sœurs, si le Seigneur nous dépouille,
c’est pour nous rendre semblables à Lui;
c’est pour que nous aimions comme Lui,
c’est pour que nous soyons « parfaits » comme Lui,
et la perfection, la seule perfection qui vaille,
c’est celle de l’amour.
C’est de faire briller ton soleil sur les bons et sur les méchants.

Ton Soleil, c’est Dieu vivant en toi,
ce sont les richesses d’amour, de compassion, de tendresse
que tu portes en toi dans le Souffle divin qui t’habite.
Fais briller ton Soleil, ne le cache pas !

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