FMJ MtlASSOMPTION DE LA VIERGE MARIE – A
Frère Thomas
Ap 11, 19 ; 12, 1-6.10 ; Ps 44 ; 1 Co 15, 20-27 ; Lc 1, 39-56
Vendredi, 15 août 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Comme l’a fait Marie

Il y a la fête de l’Ascension de notre Seigneur Jésus,
puis il y a la fête de l’Assomption de la Vierge Marie.
La réalité est la même – un être humain élevé au Ciel
en son âme et son corps –
mais le mot pour la désigner est différent.
Pourquoi ?
J’ai regardé dans le dictionnaire
la signification du mot assomption,
en dehors d’un contexte religieux.
J’ai trouvé : l’action d’être élevé à une dignité
ou d’être reconnu comme apte.
Cela vient du verbe assumer,
qui signifie prendre en charge une responsabilité
ou bien se considérer comme solidaire
d’une situation et en accepter les conséquences.
Dans l’Assomption de la Vierge Marie,
il y a donc tout à la fois son élévation
et sa solidarité avec l’humanité dont elle fait partie.

Dans l’Assomption, il y a la foi que la Vierge Marie
a été élevée aux Cieux par Dieu
en son âme et en son corps…
tout comme Jésus.
Dès les premiers siècles de l’Église,
cela a été pressenti par le peuple chrétien,
comme une conséquence de l’absence de péché en Marie.
En effet, si la mort et la destruction des corps
qui s’en suit sont une conséquence du péché de l’humanité,
celle qui n’a pas connu le péché en a été préservée.
Cependant l’expression de cette réalité
concernant la Vierge Marie
n’a pas été la même dans l’Orient chrétien et dans l’Occident.
En effet, l’Orient parle de « la Dormition de Marie »,
où Marie serait passée par la mort de son corps avant d’être élevée.
Il y a de fait une église dans la ville de Jérusalem
pour commémorer le lieu où, selon la tradition,
Marie aurait vécu cette Dormition.

L’Occident, lui, parle plutôt de l’Assomption de Marie,
et le pape Pie XII, après avoir consulté
les évêques catholiques du monde entier,
l’a proclamé comme un dogme en 1950.

C’est là un événement qui,
contrairement à l’Ascension de Jésus,
ne fait l’objet d’aucun récit dans la Sainte Écriture.
C’est avant tout ce qu’a été la Vierge Marie
dans sa vie sur la terre
– ainsi que nous la présente la même Sainte Écriture –
qui nous permet de mettre notre foi
dans le dogme de son Assomption.
Ainsi donc, nous pouvons recevoir Marie
comme une femme qui a pleinement assumé son humanité.

Il est pour le moins remarquable
que pour commémorer le passage de Marie
de cette vie à l’autre vie,
la liturgie nous la donne à voir
dans la fraîcheur de sa jeunesse, au moment de la Visitation.

Voilà donc cette jeune fille fiancée à Joseph
qui vient de recevoir la visite de l’ange Gabriel,
pour lui annoncer qu’elle allait concevoir un fils
par l’action du Saint Esprit.
Que devait-elle ressentir ?
De la fierté d’avoir été ainsi choisie certes,
mais aussi de l’inquiétude.
Même si son oui à l’Ange a été mûri et ferme,
n’en restait pas moins qu’elle se retrouvait soudain
seule avec un tel secret.

En allant visiter sa cousine Élisabeth – enceinte elle aussi –
Marie n’accomplissait pas seulement un acte de charité.
Elle allait aussi trouver une personne
avec laquelle elle pouvait partager cette mission inouïe
(enfanter le Fils de Dieu !) qu’elle venait de recevoir.
Et de fait les deux femmes se comprennent tout de suite.
Il y a entre elles une complicité qui ramène tout à Dieu.
Élisabeth bénit Marie, et reconnaît en elle la Mère de son Seigneur.
Marie, elle, entonne le cantique que la tradition de l’Église
retiendra comme le « Magnificat ».
Marie reconnaît les merveilles que le Seigneur a faites pour elle.
Elle reconnaît aussi les merveilles
que le Seigneur ne cesse de faire d’âge en âge,
Lui qui renverse les puissants de leurs trônes
et élève les humbles. (Lc 1,52)
Déjà Anne, la mère du juge Samuel,
proclamait, près de 1000 ans auparavant :
l’arc des puissants est brisé,
mais les défaillants sont ceinturés de force. (1 S 2,5)

Marie pouvait cependant se plaindre.
En effet son fiancé Joseph n’envisage-t- il pas
de la répudier en secret,
la découvrant enceinte avant leur cohabitation !

Si Marie est comblée de grâce,
si elle est sans péché,
elle n’est pas pour autant sans inquiétude, sans combat.
En cela elle nous intéresse !
Elle fait partie de notre humanité.
Mais ce qui est encore plus intéressant pour nous,
c’est de voir comment Marie assume son humanité,
comment elle l’élève vers Dieu
ou plutôt comment elle laisse Dieu l’élever vers Lui.

Contrairement à ce que nous pourrions parfois imaginer,
la vie de la Vierge Marie n’a pas été un long fleuve tranquille.
Après le risque de lapidation
en raison de sa grossesse hors mariage,
Marie accouche du Messie d’Israël dans une étable,
puis elle doit fuir en Égypte avec l’Enfant.
Durant la vie publique de Jésus,
Marie est témoin des contradictions dont Il est l’objet
– même au cœur de sa famille –
et elle assiste à la mort sur la croix
de Celui qui doit régner sur le trône de David !

Lorsque le livre de l’Apocalypse
parle de la Femme torturée par les douleurs de l’enfantement…
qui doit ensuite s’enfuir au désert
pour échapper au Dragon qui veut dévorer son enfant…
cette vision s’applique parfaitement à la Vierge Marie.

Mais plutôt que de se plaindre,
plutôt que de se décourager,
Marie retient tous les événements significatifs de sa vie
et les médite dans son cœur.
Elle voit ainsi toutes les merveilles
que le Puissant ne cesse de faire pour elle et autour d’elle…
par delà toutes les épreuves qu’elle traverse.

N’est-ce pas là d’abord l’Assomption de Marie ?
Comme Marie a ainsi assumé son humanité,
nous pouvons de la même façon assumer la nôtre,
en considérant les merveilles que le Seigneur fait
pour nous, en nous et autour de nous.
Nous ne pouvons pas ne pas en trouver.
Et si nous n’en trouvions pas,
demandons à la Vierge Marie de nous aider à en trouver.

Si en Adam nous mourrons,
si nous faisons partie d’une humanité
blessée par le péché et par la mort,
en Jésus Christ nous revivrons
en assumant notre humanité en Lui…
comme l’a fait Marie.

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