FMJ MtlJeudi, 2e Semaine de Carême – A
Frère Thomas
Jr 17, 5-10 ; Ps 1 ; Lc 16, 19-31
20 mars 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Jésus vient enrichir les pauvres et les riches

Le cœur de l’homme est compliqué et malade (Jr 17,9)
nous dit aujourd’hui le prophète Jérémie.
Dans la parabole que nous venons d’entendre,
voilà un homme qui meurt d’un excès de richesses,
et un autre souffre d’un excès de pauvreté
alors qu’un simple regard de l’homme riche vers l’homme pauvre,
suivi d’un véritable partage,
aurait tout remis dans l’ordre.
Dans cette parabole,
Jésus nous fait prendre conscience
que celui, celle qui est riche sans avoir d’égard
envers ceux qui sont pauvres,
est en réalité pauvre.

Jésus nous fait aussi prendre conscience que celui, celle
qui est pauvre, même si ceux qui sont riches
n’ont pas d’égard envers lui,
et qui reste droit, est en réalité riche.
Finalement Jésus vient pour enrichir les riches de sa pauvreté,
et les pauvres de sa richesse.
Avec Jésus, tout le monde y gagne.

Voilà donc un homme riche,
qui portait des vêtements de luxe
et faisait chaque jour des festins somptueux.
Un pauvre, nommé Lazare,
était couché devant son portail, couvert de plaies.

Quand j’étais enfant, je me représentais
que ce genre de situations se produisait autrefois,
il y a bien longtemps ;
et qu’à notre époque il y avait surtout des personnes
« ni riche-ni pauvre ».

Puis j’ai découvert qu’il y avait,
dans nos pays dits évolués, quantité de pauvres,
vivant dans des conditions de grande précarité,
voire de grande misère,
dans un grand contraste avec le luxe
dans lequel vivent un certain nombre de leurs concitoyens.
Il semblerait hélas que l’histoire
racontée par Jésus dans la parabole
dite de Lazare et du mauvais riche
n’ait rien perdu de son actualité.

Mais qui est le véritable pauvre dans cette histoire ?
Le riche porte des vêtements de luxe,
il fait chaque jour des festins somptueux
(il invite sans doute des convives à ces festins) ;
mais est-il heureux pour autant ?
Quel malheur que d’être rassasié, repus !
Il ne désire plus rien.
Ou alors il se crée sans cesse de nouveaux désirs
jusqu’à ce que son argent,
sa santé, ses forces et sa vie sur la terre s’épuisent.
Ses richesses, son argent, sont devenues des idoles pour lui.
Elles ont des yeux et ne voient pas,
des oreilles et n’entendent pas,
un nez et ne sentent pas (Jr 5,21).
Il devient comme elles,
il est incapable de percevoir
qu’il y a un pauvre à sa porte qui a soif de son désir.
Il est incapable de reconnaître Jésus à sa porte
qui veut l’enrichir de sa soif d’amour;
qui veut l’ouvrir à un désir éternel
qui n’a pas besoin d’argent pour être alimenté.
Combien les riches qui n’ont d’yeux que pour leurs richesses
sont en fait pauvres et malheureux !

Et le pauvre Lazare !
Il attendait, couché devant le portail.
Mais les humains qui avaient les moyens
pour le nourrir et le soigner
ne l’avaient pas vu – ou ne voulaient pas le voir.
Seuls les chiens le soignaient en léchant ses plaies.
Quelle était sa richesse ?
Elle était grande !
C’était son désir, son attente…
et son espérance.
À aucun moment le pauvre Lazare n’a commis de faute,
et il ne s’est trouvé en sa bouche aucun mal.
Il aurait pu maudire le riche à loisir, ou même le voler, l’agresser.
Mais il ne l’a pas fait.
Car grande était sa richesse ;
et il avait compris que ceux qui ont
recevront davantage.
C’est ainsi qu’il a été accueilli auprès d’Abraham,
riche de désir et d’espérance comme lui
(malgré pourtant les richesses matérielles
qu’il avait possédé sur la terre).

Jésus n’est pas venu nous appauvrir,
mais nous enrichir.
Il est venu enrichir les riches de sa pauvreté;
puisque les riches – les pauvres ! – sont pauvres,
ils n’ont pas de désir.
Jésus est venu leur offrir sa pauvreté,
pour faire grandir en eux le désir.

Jésus est venu enrichir les pauvres de sa richesse, de son amour…
eux qui sur la terre étaient méprisés par leurs frères en humanité,
mais qui ont gardé intact le trésor de leur désir.

Ainsi Jésus est venu guérir et simplifier le cœur des humains,
malade de ne pas désirer ou de ne pas être aimé.

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