FMJ MtlJeudi, 9e Semaine du Temps ordinaire – C
Frère Antoine-Emmanuel
2 Tm 2, 8-15 ; Ps 24 ; Mc 12, 28-34
3 juin 2010
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal.

La croix : livre ouvert de l’Amour

La loi du Seigneur est parfaite dit le Psaume, (Ps 18 (19) 8)
elle redonne vie.
Le commandement du Seigneur est limpide,
il clarifie le regard. (9b)

Ce que le psalmiste chante est tellement lumineux
quand Jésus nous révèle ce que le Père attend de nous.
Le commandement du Seigneur est limpide ?
Oui …il est unique : c’est le commandement de l’amour !
Nous n’avons qu’un seul commandement : aimer.

Et ce commandement est parfait désormais
parce qu’il se donne à lire
non plus seulement par l’écrit, mais comme Parole vivante.
Le Crucifié est comme le grand livre ouvert
où se donne à lire le commandement accompli.

*

Nous y lisons ce qu’est l’Amour de Dieu.
« Il faut que le monde reconnaisse que j’aime le Père » (Jn 14, 31)
dit Jésus en entrant dans sa Passion.
Amour parfait, obéissance parfaite :
« Non pas ce que Je veux, mais ce que Tu veux » (Mc 14, 36).
Désir d’amour infini :
« Je quitte le monde et Je vais vers le Père » (Jn 16, 29).
Désir d’amour creusé infiniment :
« Pourquoi m’as-Tu abandonné ? » (Mt 26, 46)
Désir d’amour comblé infiniment :
« Père, en tes mains, Je remets mon esprit » (Lc 23, 46).
… « Tu es mon Fils,
moi aujourd’hui, Je t’engendre » (Lc 3, 22 ; Ps 2, 7).

Voilà l’Amour de Dieu de tout son cœur,
de toute son âme de tout son esprit, de toute sa force (cf. Dt 6, 5).

*

Mais la Croix nous enseigne aussi
le commandement de l’amour du prochain.
« Si tu aimes ton Dieu sans aimer ton prochain,
écrit Lanza del Vasto, tu n’aimes qu’une image
et d’un amour imaginaire.
L’amour de Dieu
qui n’est pas en même temps service du prochain
est un mensonge immense qu’on dit tout seul. »
Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde,
(Jésus) les aima jusqu’au bout » (Jn 13, 1).
Jésus est allé jusqu’au bout de l’amour ;
de l’amour qui honore chaque frère jusqu’à Judas
à qui Jésus donne la bouchée, signe d’honneur ;
de l’amour qui respecte le dessein de l’autre
fut-ce dans la trahison.
« Mon ami (dit Jésus à Judas) fais ta besogne » (Mt 26, 50) ;
de l’amour qui ne détourne pas le regard de celui qui renie.
« Jésus, se retournant, fixa son regard sur Pierre » (Lc 22, 61) ;
de l’amour qui consent à la vulnérabilité
sans appeler les légions d’anges qui l’auraient libéré ;
de l’amour qui va jusqu’au bout ;
de l’amour qui pardonne :
« Père, pardonne-leur,
ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34) ;
de l’amour qui donne ce qu’il a de plus cher :
« fils, voici ta Mère » (Jn 19, 27) ;
qui donne ce qui le fait vivre :
« Il remit l’esprit » (v. 30) ;
qui donne ce qu’il est :
et il jaillit de son côté du sang et de l’eau (v. 34) ;
« Voici mon corps livré pour vous, (Lc 22, 19)
mon sang versé pour vous et pour la multitude » (v. 20).

Jésus est allé jusqu’au bout de l’amour,
car il n’y a pas de plus grand amour
que de donner sa vie pour ceux qu’on aime (Jn 15,13).
Et ce don-là est sans réserve, définitif, total.
Jésus n’a plus rien.
Il n’est plus que don, pour être tout entier à nous.

*

Amour du prochain.
Du prochain comme soi-même aussi (cf. Mc 12,31) ;
« Si tu aimes Dieu et ton prochain, et que tu ne t’aimes pas,
écrit encore Lanza del Vasto, ton amour n’est pas un don »
car aimer ce n’est pas donner de ce qu’on n’aime pas.
Jésus en s’offrant ne cesse de s’aimer Lui-même.
S’aimer, c’est-à-dire accueillir l’Amour du Père.
Car personne, pas même Jésus,
n’est à lui-même source de l’amour pour soi.
Jésus, jusque dans sa kénose, sa faiblesse extrême,
aime ce qu’Il est.
Il n’y a pas en Lui la moindre haine, honte ou mépris de soi.
Il ne refuse pas d’être aimé dans sa vulnérabilité.
Il s’ouvre à l’Amour du Père,
Il accepte d’être aimé, tel qu’Il est, défiguré, moqué et crucifié.
Voilà l’amour.

*

Le scribe de l’Évangile était proche du Royaume, dit Jésus.
Mais pour entrer dans le Royaume,
il lui restait à passer par la croix,
à communier à la mort et à la résurrection de Jésus.
C’est l’unique porte pour accéder au Royaume.
Je vous donne un commandement nouveau, nous dit Jésus,
« aimez-vous les uns les autres
comme Je vous ai aimés » (Jn 15,12) .

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