FMJ MtlSAINT JOSEPH, ARTISAN À NAZARETH
Frère Thomas
Gn 1, 26-2, 3; Ps 89 ; Mt 13, 54-58
1 mai 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

La valeur de notre travail fait avec amour

Saint Joseph, le père nourricier de Jésus,
a été charpentier de son métier.
Et Jésus a également exercé ce métier,
jusqu’à son entrée dans sa vie publique.
Ainsi Dieu en S’incarnant,
est devenu un travailleur manuel
grâce à Joseph qui l’a élevé.

Quelle dignité que celle de notre travail
– même le plus humble –
puisque Dieu a voulu le vivre
durant toute sa vie sur la terre.
Souvent on dévalorise le travail manuel
comme n’étant pas assez noble,
assez spirituel, assez divin.

Le pape Pie XII a voulu
que l’Église fasse mémoire
de saint Joseph travailleur le 1er mai
qui est la Fête du travail dans bien des pays.
Cette fête civile est surtout le symbole
de l’affrontement entre les prolétaires,
les ouvriers et leurs patrons.
La fête de saint Joseph, travailleur,
nous amène au contraire à regarder le travail
qui nous donne notre dignité d’êtres humains,
plutôt que de regarder le travail qui nous aliène.

Dès le premier récit de la Création,
nous voyons Dieu qui couronne son œuvre
par la création de l’homme et de la femme…
mais surtout qui confie à l’homme et à la femme
la tâche de prolonger son œuvre,
en se multipliant, en remplissant la terre et en la soumettant.
Ainsi Dieu établit les humains comme ses collaborateurs.
Dans le deuxième récit de la Création,
nous voyons Dieu qui confie à l’homme le jardin d’Éden,
pour le cultiver et le garder.
Dieu fait donc confiance aux humains
pour prolonger son œuvre de Création par leur travail.
Nous savons comment cette confiance
sera ensuite blessée par le péché des origines.

Puis le premier crime de l’humanité,
raconté dans le livre de la Genèse,
sera lié à un conflit de travail.
En effet Caïn sera jaloux de son frère Abel,
car Dieu va agréer le fruit du travail d’Abel
– les premiers-nés de son troupeau –
et non le fruit de son travail – les produits du sol.
Le travail, qui devrait être
pour l’être humain source de fierté,
devient source de conflit.
Je suis jaloux de mon frère, de ma sœur en humanité,
parce que son travail semble avoir
plus de valeur que le mien.
Est-ce que je regarde tout le meilleur de moi-même
que je mets dans mon travail ?

D’ailleurs Caïn n’a aucune raison
d’être jaloux de son frère, car Dieu s’intéresse à lui ;
Il lui demande pourquoi il est si irrité
et pourquoi son visage est-il abattu ?

Si je fais des homélies,
je pourrai regarder comment je m’y prends,
tout ce dont je tiens compte,
les personnes à qui je pense pour les produire.
Si je fais la cuisine, je pourrai regarder
la compétence que je mets en œuvre
et mon attention aux personnes
pour qui je fais la cuisine.

Si je fais le ménage, je pourrai regarder
comment je contribue à rendre les lieux propres,
pour tous ceux et celles qui s’y déplacent.
Il n’est pas de travail qui n’ait sa valeur propre.
Et Dieu, qui voit tout,
voit toute la beauté de chacune de nos tâches.

Qui remarquait Joseph lorsqu’il travaillait ?
Sans doute les habitants de Nazareth,
puisqu’ils se souvenaient qu’il était charpentier,
lorsque Jésus les a visités.
Savaient-ils lui en tenir gré ?
En tous cas, ils ne parvenaient pas à faire le lien
entre le ministère de prédication actuel de Jésus
et son travail de charpentier
à la suite de son père Joseph.
Comme si ces deux genres de travails
étaient incompatibles, trop différents l’un de l’autre.

C’est là le malheur de l’être humain
que de mettre des hiérarchies
entre les différents travaux.
Cela crée bien des conflits interminables.
Alors qu’aux yeux de Dieu,
la valeur d’un travail réside
dans l’engagement de notre personne
et l’amour que nous y mettons.
Dieu n’a pas de problème
à Se faire héritier d’un charpentier.
Dieu n’a pas de problème
à être d’abord charpentier puis prédicateur.

Car Dieu Se plaît à nous regarder
continuer son œuvre de Création,
par notre travail… quel qu’il soit.

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