FMJ MtlJeudi, 22e Semaine du Temps ordinaire – B
St Grégoire le Grand, pape et docteur de l’Église
Frère Antoine-Emmanuel
Col 1, 9-14 ; Ps 97 ; Lc 5, 1-11
3 septembre 2009
Montréal, Sanctuaire du Saint-Sacrement

Laissant tout… ils le suivirent.

Quel bonheur d’entendre cette page d’Évangile
en ces premiers jours de la rentrée !

Jésus aujourd’hui voit des barques au bord du rivage.
Ces barques, ce sont celles de Pierre, d’André,
de Jacques, de Jean.
C’est leur travail.
C’est leur quotidien.
C’est leur vie.
Parfois fructueuse et joyeuse
quand les filets se remplissent,
parfois pénible et humiliante
quand ils reviennent au village
les filets vides et le visage déconfit
comme ce matin
parce qu’ils ont passé la nuit sans rien prendre (Lc 5,5).

Ces barques, c’est leur humanité, c’est leur vie.
Jésus les voit.
Jésus, ce soir, voit notre humanité
avec ses filets vides ou pleins,
avec nos visages lumineux ou soucieux.

Jésus voit ce qui se vit en nous.
Il voit notre barque
et, de sa propre initiative, il y monte.
Il monte à bord de notre quotidien
pour cette année qui commence.

À nous de ramener vite nos filets dans la barque
et de nous mettre à sa disposition,
c’est-à-dire de nous livrer à sa Parole.
C’est notre humanité que le Seigneur a choisie
pour y faire résonner sa Parole.

Au vu et au su de tous,
Pierre et ses compagnons
deviennent les serviteurs de la Parole.
Impossible de se cacher ;
la foule les voit avec Jésus à bord dans leur barque.

La Parole les touche,
les sollicite,
les travaille intérieurement.
La Parole leur devient proche, intime
et ils deviennent, dans leur barque,
les porte-paroles de Celui qui, merveilleusement,
révèle la vie,
révèle le Royaume,
révèle l’Espérance.
En un mot : révèle le Père.

La Parole de Jésus prend en eux la place,
la vraie place
qui est d’illuminer leur esprit et leur cœur
avant tout autre parole,
avant toute autre pensée.

Voilà ce que Jésus nous propose :
devenir au vu et au su de tous
des porte-paroles de la joie du Royaume,
par notre vie quotidiennement convertie
à l’écoute de la Parole !

*

Alors viendra le moment,
et c’est peut-être ce soir, où Jésus,
nous appelant par notre nom, nous dira :
« Maintenant avancez en eaux profondes
et larguez vos filets pour la pêche ! » (Lc 5,4)
C’est que le Seigneur
voudra nous donner un signe
de la puissance de sa Parole.
Comme pour Pierre et ses compagnons,
il nous donnera ce signe à l’intérieur de notre vie,
dans notre propre langage.
Pour Pierre, pêcheur,
ce fut une pêche surabondante
à faire couler deux barques !
Pour nous, ce sera un signe de vie,
de fécondité et de joie
au cœur même de ce qui fait notre quotidien.
Mais ce signe requiert le oui du cœur à Jésus :
« Maître nous avons peiné la nuit entière
sans rien prendre,
mais sur ta parole,
je vais larguer les filets » (v. 5-6).

J’ai encore au cœur
le goût amer de mes échecs
mais je Te fais confiance.
La honte de moi-même continue à me tenailler,
mais je veux T’écouter et T’obéir.
Tu me demandes de retourner
là où j’ai été humilié…
J’irai !

J’irai car l’obéissance à ta Parole
est chemin de Vie !
Je suis sûr de ta Parole
qui jaillit du cœur de Dieu,
qui traduit la merveille indicible de ton Amour !

Mais, dans le fond,
est-ce que ce signe de la fécondité et de la vie,
le Seigneur ne nous l’a pas déjà donné,
un jour de notre vie,
et peut-être même à plusieurs reprises
au long de notre chemin ?
Qu’en avons-nous fait ?
Savons-nous garder la mémoire des signes d’Amour
que le Seigneur nous adresse ?

Combien de fois, le Seigneur se fait proche
et nous dit son Amour
par son langage de signes ?

Encore ce soir,
il nous donne un signe,
un grand signe !
Plus qu’un signe : le Sacrement de l’Amour !
L’Amour qui Se fait pain et vin,
Corps et Sang du Seigneur…

Alors devant tant d’amour,
laissant tout, ils le suivirent (v. 11).
Laissant tout…
Ils le suivirent.

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