FMJ MtlMercredi, 23e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Antoine-Emmanuel
1 Co 7, 25-31 ; Ps 44 ; Lc 6, 20-26
10 septembre 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Le temps a cargué ses voiles

Lorsqu’un bateau à voiles approche du port
et se trouve déjà dans des eaux sécures
loin des grands courants et des grandes tempêtes,
alors on « cargue » les voiles.
On les descend, on les affale.

Paul qui a navigué tant et tant de fois,
reprend cette image quand il écrit aux Corinthiens.
Il leur dit que le temps a cargué ses voiles,
c’est-à-dire qu’avec la mort et la résurrection de Jésus,
le temps, l’histoire n’est plus dans des eaux incertaines,
soumises à toutes sortes de courants et de tempêtes
qui font que personne n’est sûr que le bateau arrive à bon port.

Non ! Les temps sont accomplis.
L’issue de l’histoire est déjà claire et certaine :
« Tout est accompli ».
À tous les humains le salut est offert,
le prince des ténèbres a été jeté bas.
Il agit encore, mais il est définitivement vaincu.
Le Royaume, le Règne de Dieu est là, offert.

Tout ce que nous voyons sur cette terre
est une réalité passagère, transitoire.
Ce monde passe et l’éternité s’offre déjà à nous.

Ainsi Paul nous dit-il :
« usez de ce monde comme n’en usant pas »,
c’est-à-dire ne permettez à aucune réalité terrestre
de prendre une place de choix dans votre cœur.

Quelle erreur ce serait
de nous attacher à des choses qui passent…
Pourquoi nous écorcher le cœur
en nous attachant à des choses
qui demain s’en iront ?
Frères et sœurs, nous vivons si souvent en ce monde
comme si il était éternel…

La culture occidentale a l’art de cacher la mort
et de nous bercer de l’illusion d’un monde sans rides,
sans deuil, sans mort…
Et de ce fait, nous autres les chrétiens, pris dans cette mode,
nous avons oublié non seulement la mort,
mais surtout ce qu’elle est devenue dans le Christ :
le passage vers l’éternité.

Nous avons oublié qu’une joie éternelle nous est offerte
comme le don gratuit de la tendresse de Dieu,
comme le fruit inestimable du Sang de Jésus.

Aussi, il faut l’Évangile pour nous réveiller,
pour nous faire sortir de notre coma spirituel.
Il nous faut les Béatitudes.
Car les Béatitudes, c’est le monde vu depuis le Ciel.
C’est le monde vu depuis le cœur du Christ.

Dans cette perspective-là, la pauvreté des disciples
ouvre au trésor du Royaume.
Les larmes et la faim de ceux qui suivent Jésus
ouvrent à la consolation de la Vie éternelle ;
et la persécution comme celle que vivent nos frères et sœurs d’Irak
ouvre à un bonheur d’éternité.

De même la richesse égoïste,
le rire bourgeois et satisfait de soi,
la vie enlisée dans le confort
et la gloire de ce monde,
tout cela nous ferme la porte du Paradis…

Si notre cœur a un penchant pour ce genre de bien-être,
dépêchons-nous de nous présenter au médecin
qu’est le Crucifié.

Car c’est le bonheur, c’est une joie profonde,
c’est l’Éternité,
que le Seigneur veut nous donner.

Heureux les invités au festin des noces de l’Agneau !

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