FMJ MtlLE SAINT SACREMENT DU CORPS ET DU SANG DU CHRIST – C
Frère Thomas
Gn 14, 18-20 ; Ps 109 ; 1 Co 11, 23-26 ; Lc 9, 11-17
29 mai 2016
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Le Corps et le Sang du Christ élargit nos cœurs

Lorsque Jésus a multiplié les cinq pains
et les deux poissons pour cinq mille hommes,
Il opéra là un miracle pour nourrir une grande foule,
et c’était là une préfiguration de l’Eucharistie.
Mais l’Eucharistie, le Saint Sacrement
du Corps et du Sang du Christ, est infiniment plus grand.

Pourtant l’Eucharistie, du point de vue humain et matériel,
n’a rien d’extraordinaire.
Même si dans la foi nous savons
que le pain et le vin apportés
se transforment en Corps et Sang du Christ,
nous n’assistons habituellement pas
à aucune multiplication matérielle,
ni à aucune transformation sensible.

Déjà à l’Époque de Jésus, les foules qui Le poursuivaient
après la multiplication des pains ont été déçues.
Jésus leur a répondu pas le discours sur le Pain de Vie,
où Il affirmait que la véritable nourriture,
le véritable pain qu’Il leur offrait,
c’était Sa chair pour la Vie du monde.

Beaucoup de ses disciples alors cessèrent d’aller derrière Lui.
Ainsi la désertion de ce qu’aujourd’hui
nous appelons la « pratique religieuse » ne date pas de nos jours.

Hier comme aujourd’hui, marcher avec Jésus,
et spécialement en ce qui concerne l’Eucharistie,
requiert la foi et un engagement libre
de toute personne responsable.

Si, comme l’affirme le concile Vatican II,
l’Eucharistie est la source et le sommet de la vie chrétienne,
elle n’est pas tout de la vie chrétienne.
Cependant quel mystère lumineux !
Un mystère d’universalité ;
un mystère d’embrassement de toute la temporalité ;
un mystère de profondeur dans la miséricorde et la vie.

Quoi de plus universel que l’Eucharistie ?

Les plus grands rassemblements
qui se sont jamais produits dans l’Histoire de l’humanité,
ce sont les messes de clôture
des Journées mondiales de la jeunesse,
où un, deux ou trois millions de personnes venus de partout
se trouvaient réunies autour de Jésus
et de son vicaire sur la Terre, le Saint Père.

Même si habituellement les messes sont éparpillées
de par le monde dans les églises, chapelles, oratoires
ou d’autres lieux, c’est la même Parole de Dieu
qui y est proclamée, c’est le même Corps du Christ
et le même Sang du Christ qui y sont consacrés
et auxquels les fidèles communient.

De plus la Prière eucharistique
élargit notre prière au monde entier,
avec la mention de l’évêque du lieu,
du pape et de tous les humains de la Terre.
Elle nous fait aussi prier avec les anges
et les saints et saintes du Ciel, et pour les défunts.

Quand nous venons à la messe,
même si nous ne sommes qu’un petit nombre,
notre cœur s’élargit au monde, visible et invisible.
Cette universalité est rendu possible par le Christ,
qui S’offre en nos mains, en devenant pour nous Pain vivant.
Il le fait dans toutes les parties du monde.
Quelle multiplication !

Nous communions tous au même Corps,
nous devenons tous enfants du même Père,
unis que nous sommes à son Fils.
Plus que cela, nous apportons Jésus dans le monde,
en devenant autant de petits tabernacles vivants
qui se répandent dans la ville,
une réalité que notre fondateur
frère Pierre-Marie aimait contempler.

Si vraiment nous prenons le temps
de nous laisser transformer,
nous portons dans la ville la paix, la joie, l’amour :
nous apportons, silencieusement mais réellement,
un peu plus d’universalité dans notre monde.

Nos églises, lorsqu’elles sont ouvertes,
sont des laboratoires d’universalité,
des maisons de prière pour tous les peuples.

L’Eucharistie embrasse d’autre part, le temps.
« Chaque fois que vous mangez ce pain
et que vous buvez à cette coupe,
vous proclamez la mort du Seigneur,
jusqu’à ce qu’Il vienne » (1 Co 11, 26).

La mort et la résurrection du Seigneur,
est un événement qui s’est produit dans le passé,
et nous célébrons l’Eucharistie dans le présent.
En attendant sa venue à la fin des temps,
nous sommes tendus vers l’avenir.
Dans le livre de l’Apocalypse, le Christ se nomme :
« L’Alpha et l’Oméga » (Ap 22, 13).
Il est, Il était et Il vient.

La célébration de L’Eucharistie ravive notre mémoire,
non seulement de l’événement
de la mort-résurrection de Jésus,
survenue il y a près de 2000 ans,
mais de toute l’Histoire de l’Église,
de toute l’Histoire de l’humanité,
de toute l’Histoire du monde.

Je suis en communion avec toutes les eucharisties
célébrées au cours des siècles.
Je suis en communion avec toute l’attente d’un Sauveur
chez tous les peuples, tout au long des siècles,
et spécialement avec l’attente du peuple d’Israël
– puisque l’Eucharistie a été instituée
au cours d’un repas de la Pâque juive.
Je suis en communion avec la Création qui est en attente,
qui aspire à la révélation des fils de Dieu.

Par l’Eucharistie, je fais mémoire des merveilles de Dieu
dans l’Histoire du monde, dans l’Histoire de ma vie.

L’Eucharistie cependant nous tourne vers l’avenir.
Elle nous sort de nous-mêmes,
elle nous pousse à l’engagement,
elle nous pousse vers les périphéries
comme aime à le dire le pape François.

L’Eucharistie, c’est notre avenir,
car un jour nous serons rassemblés auprès du Seigneur
dans la Jérusalem céleste,
pour les noces éternelles de l’Agneau.

L’Eucharistie est le sacrement de la pâque du Christ,
de son passage par la mort, par amour pour nous.
Elle nous fait aussi descendre
au cœur de toutes les misères,
de toutes les souffrances du monde,
et au cœur de nos propres misères et souffrances.

En entendant « Ceci est mon corps, livré pour vous »,
« Ceci est mon Sang versé pour vous »,
comment ne serions-nous pas bouleversés !
Combien de saints et de saintes n’ont-ils pas puisé
leur amour pour les pauvres
dans la contemplation de l’Eucharistie et dans l’adoration !

Je pense par exemple à la Bienheureuse Teresa de Calcutta
qui sera bientôt canonisée.
Et si nous traversons bien des épreuves,
si nous commettons bien des péchés
(ou du moins si nous en avons l’impression)
ne fuyons pas l’Eucharistie,
ne fuyons pas le Corps et le Sang du Christ.
C’est pour nous qu’Il vient,
dans chaque célébration de la messe,
dans l’exposition du Saint Sacrement,
dans sa Présence au tabernacle.

Offrons-Lui nos misères,
et avec Lui et tous les anges et les saints,
et tout particulièrement avec la Vierge Marie,
unissons-nous par la prière à toutes les misères du monde.

Quelle chance nous avons, nous chrétiens, d’avoir l’Eucharistie !
Par elle le Seigneur vient et demeure auprès de nous.
Il élargit nos cœurs aux dimensions du monde,
aux dimensions du temps,
aux dimensions de toute détresse,
afin qu’avec Lui tout soit rassemblé
et récapitulé dans sa vie.

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