FMJ MtlJeudi, 3e Semaine de Carême – A
Frère Antoine-Emmanuel
Jr 7, 23-28 ; Ps 94 ; Lc 11, 14-23
31 mars 2011
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Le cortège triomphal de la Croix

Dans le récit de la libération d’Égypte,
le livre de l’Exode nous raconte
les grands signes de sa présence
que Dieu met au milieu des Égyptiens (cf. Ex 10,1).

Quand Moïse accomplit au nom de Dieu les premiers signes
‒ l’eau changée en sang et les grenouilles ‒
les magiciens égyptiens se montrent capables d’en faire autant.
Mais à partir du troisième signe, les moustiques,
les magiciens essayent d’en faire autant,
mais n’y parviennent pas (cf. Ex 8,14).
Ils disent alors au Pharaon : c’est le doigt de Dieu (v. 15).

C’est le doigt de Dieu,
c’est-à-dire c’est une intervention directe de Dieu
que l’homme et tous ses moyens ne peuvent égaler.
Il y a donc là quelque chose de nouveau :
la puissance de Dieu
se manifeste dans l’histoire d’une manière nouvelle.

*

C’est cette même expression que Jésus utilise aujourd’hui :
« Si c’est par le doigt de Dieu que moi, je jette dehors les démons,
alors il est venu pour vous le royaume de Dieu » (Lc 11,20).

Jésus nous appelle à être attentifs,
à être attentifs aux signes de la présence de Dieu qu’il opère.
La libération du muet
comme tous les autres exorcismes accomplis par Jésus,
ne sont pas des miracles ponctuels et superficiels.
Ils manifestent que le règne de Dieu
est désormais entré dans notre humanité.

C’est ce que Jésus explique
par la parabole de l’homme fort qui se voit terrassé.
Jésus n’est pas venu pour dépouiller Satan
de quelques uns de ces biens.
Jésus est le plus fort de la parabole
qui commence par terrasser Satan puis le désarme.
Il lui enlève son armure en laquelle il se confiait (Lc 11,22)
et il distribue alors ses dépouilles.

La victoire de Jésus sur le mal
atteint non pas seulement les conséquences du mal,
mais le mal lui-même à sa source.
Le démon a été jeté bas, il a perdu sa suprématie,
et cela le mène à sa perte finale décrite ainsi par l’Apocalypse :
Le diable leur séducteur,
fut jeté dans l’étang de feu et de souffre,
y rejoignant la Bête et le faux prophète,
et leur supplice durera jour et nuit
pour les siècles des siècles (Ap 20,10).

*

Frères et sœurs, le Seigneur met à notre disposition cette victoire ;
ou mieux : Il se met à notre disposition
pour que cette victoire déjà accomplie
puisse s’opérer dans le monde aujourd’hui.
Pour qu’elle puisse s’opérer
aussi bien dans les grands maux de notre temps
que dans nos propres cœurs.

À l’Église Jésus confie sa victoire
pour libérer l’humanité des chaînes de la violence,
de la tristesse, de l’impiété.
Toute l’Église prie jour après jour
« Notre Père… délivre-nous du malin ».
Et nous pouvons ce soir faire cette prière de libération
sur le monde, sur notre ville.

Les Psaumes nous aident quotidiennement
à demander cette libération.
Nous chantons si souvent des versets comme ceux-ci :
Lève-toi, juge de la terre,
rends leur dû aux orgueilleux (Ps 94(93),2).
Pour que sois délivrés tes bien-aimés
sauve par ta droite et réponds-(nous) (Ps 108(107),7).
Viens à notre aide contre l’adversaire
car le secours de l’homme est illusion.
Avec Dieu nous ferons des exploits
c’est lui qui piétinera nos adversaires (v. 13-14).

À la puissance du mal,
nous n’opposons certes pas nos efforts à nous,
mais la puissance de la croix.
Aux soubresauts du démon qui veut diviser,
décourager, éloigner de Dieu,
nous opposons la victoire du Ressuscité.
Car Jésus a dépouillé les puissances du Mal,
Il les a publiquement livrés en spectacle,
Il les a traînés dans le cortège triomphal de la croix (Col 2,15).

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