FMJ MtlMercredi, 4e Semaine du Temps ordinaire
Frère Antoine-Emmanuel
Hé 12, 4-7.11-15 ; Ps 102 ; Mc 6, 1-6
4 février 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Le Fils de l’Artisan

La communauté de Nazareth est une communauté imperméable,
incapable d’accueillir toute la vitalité, la sagesse, la joie
que Jésus vient leur porter.

Littéralement, ils sont scandalisés par Jésus (Mc 6,3),
nous dit saint Marc.
C’est-à-dire que Jésus les fait tomber,
leur fait perdre leur sérénité,
leur foi bien installée, bien organisée, bien structurée (v. 6).

Ils auraient préféré que Jésus reste à l’atelier
et proche de sa Maman.
Qu’Il déploie une sagesse bouleversante
– c’est la sagesse des béatitudes –
et qu’en même temps Il multiplie signes et miracles,
c’est trop.
Beaucoup trop !

Qu’Il travaille à l’atelier, oui !
Mais qu’Il ne prétende pas travailler dans nos cœurs.

Or c’est bien cela que Jésus est venu faire :
travailler nos cœurs, travailler nos vies.
Jésus est bien le fils de l’artisan Joseph,
mais Il est d’abord le Fils de l’Artisan avec un grand « A »,
le Fils du Père,
venu pour œuvrer à un chef-d’œuvre.
Et ce chef-d’œuvre, c’est chacun d’entre nous.

À condition que nous Le laissions travailler en nous.

Est-ce qu’aujourd’hui Jésus, en te voyant,
est étonné de ton manque de foi (cf. v.6),
comme ce fut le cas à Nazareth
ou bien émerveillé par notre foi comme Il le fut
devant la foi de la cananéenne (cf. Mt 15,28)
ou du centurion (cf. Mt 8,10) ?
Ensemble nous pouvons aujourd’hui re-choisir
d’ouvrir grande la porte de nos cœurs à Jésus,
à son Œuvre de Salut.

« Le Père travaille,
et Moi aussi, Je travaille » dit Jésus (Jn 5,17).
Et cela s’accomplit aujourd’hui.

Qu’est-ce qui y fait obstacle ?
« Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie,
parmi ses parents et dans sa maison » (Mc 6,4),
nous dit Jésus.
En d’autres termes,
ce qui fait obstacle, c’est le fait de voir Dieu surgir
là où on ne L’attend pas :
trop proche de nous,
dans ce que nous croyons connaître,
dans ce qui nous est familier.

Or c’est justement là que Dieu a choisi de Se manifester.
Nous nous attendons à ce que Dieu Se manifeste
dans de grands prodiges, une grande lumière,
un tremblement de terre,
et Dieu se manifeste dans le quotidien, l’ordinaire,
à travers des gens ordinaires.

C’est cela le mystère de l’Incarnation.
Le Seigneur vient travailler dans ce qui nous est le plus familier,
dans ce qui nous colle à la peau au quotidien.
C’est là dans ce qui nous est très personnel,
qu’Il veut établir son Règne d’Amour.
C’est cela que le Seigneur nous demande de Lui remettre.
Laisse-Moi agir dans ton champ,
dans tes dossiers, dans tes soucis, dans tes affections.

Alors, il nous faut faire nôtre la triple vigilance
que nous recommande la lettre aux Hébreux :
« Veillez à ce que personne
ne se soustraie à la grâce de Dieu » (Hé 12,15).
Ne fuis pas la grâce.
Ne t’en déclare pas indigne.
Ouvre grand !
Accueille!

Puis la deuxième :
Qu’aucune racine amère ne se mette à pousser (Hé 12,15).
Veille sur ce qui pousse dans ton cœur.
Méfie-toi de tes prétentions à te sauver sans Jésus.
Méfie-toi de toutes les prétendues sagesses dites chrétiennes
où c’est en définitive l’homme qui prétend sauver l’homme.

Et la troisième :
Veille à ce qu’il n’y ait pas de débauche
ou de profanateur tel Ésaü
qui pour un seul plat vendit un droit d’aînesse (Hé 12,16).
Ne vends pas ta filiation divine
pour obtenir des plaisirs de cette terre.
Attache-toi à ce qui ne passe pas
pour ne pas passer avec ce qui passe.

*

Seigneur Jésus, comme Tu es venu à Nazareth,
Tu viens maintenant à nous en cette Eucharistie.
Rends nos âmes poreuses
pour que nous te laissions entrer et travailler en nous
pour qu’à travers nous,
Tu puisses travailler notre monde
et en faire le Chef-d’œuvre que désire le Père.
Amen.

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