FMJ MtlLA PENTECÔTE – B
Frère Thomas
Ac 2 1-11 ; Ps 103 ; Gal 5, 16-25 ; Jn 15, 26-27 ; 16, 12-15
24 mai 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Le fruit de l’Esprit-Saint dans le quotidien de nos vies

Qu’est-ce donc que l’Esprit-Saint ?
Nous savons que c’est une personne divine :
une des trois de la Trinité.
Mais que pouvons-nous en dire ?
Nous pouvons parler de l’Esprit-Saint
avec le récit des Actes des Apôtres à la Fête de Pentecôte.
C’est un récit haut en couleur, bien significatif.
Nous y voyons les apôtres transformés,
qui sortent du Cénacle où ils se tenaient jusque là,
enfermés par peur des autorités religieuses juives.
Nous allons vivre quelque chose de semblable,
quand dans une semaine,
nous sortirons sur l’avenue Mont-Royal au moment du Parvis.

Mais l’Esprit-Saint ne se manifesterait-Il
qu’en des temps exceptionnels ?
Où est-Il le reste du temps ?
Dans notre vie quotidienne, où peut-on voir l’Esprit-Saint ?

L’Épître aux Galates nous le dit
en nous parlant des fruits de l’Esprit-Saint.
On reconnait un arbre à ses fruits.
Si nous ne voyons pas l’Esprit-Saint en tant que tel,
par contre nous voyons ce qu’Il produit dans nos vies.

Pour cela, le Chapitre 5
de l’Épître de saint Paul aux Galates
est fondamental car il nous donne
des critères de discernement très concrets
pour reconnaître le passage de l’Esprit-Saint en nos vies
et pour voir si nos vies ressemblent à la vie de Jésus !

Si la fête de Pâques est le passage de Jésus
par la mort vers la Vie,
la Fête de Pentecôte est notre passage à nous
vers la Vie de Jésus ressuscité.
Et ce passage est très concret :
c’est le passage pour nous
de la débauche, l’impureté, l’obscénité,
l’idolâtrie, la sorcellerie, les haines,
les querelles, la jalousie, la colère,
l’envie, les divisions, le sectarisme,
les rivalités, les beuveries, les gloutonneries…
à l’amour, la joie, la paix,
la patience, la bonté, la bienveillance,
la foi, l’humilité, la maîtrise de soi.

Cependant, il y a ici un piège :
ce serait de regarder ce passage comme de la morale.
Il faut éviter la débauche, l’impureté,
la jalousie, la colère, etc.
et il faut vivre l’amour, la joie, la paix, la patience.

Si je considère tout cela comme une obligation
qui me vient de l’extérieur,
je risque de me décourager ou de me culpabiliser
quand surviennent des difficultés en moi pour le vivre.

Je veux vivre la paix, la patience
et voilà que je suis taraudé
par la jalousie contre mon frère, ma sœur,
contre mon prochain,
et voilà même que je laisse éclater
ma colère contre lui, contre elle.
Je veux vivre la maîtrise de moi-même
et voilà que je me surprends
à passer à l’acte dans l’impureté ou dans la gloutonnerie.

La Fête de Pentecôte pour les Juifs,
c’est la fête du don de la Torah, de la Loi,
sur le mont Sinaï, par l’intermédiaire de Moïse.
C’est d’ailleurs à l’occasion de cette fête
– appelée en hébreu Chavouot –
que les apôtres ont reçu l’Esprit-Saint
pour témoigner à Jérusalem de la Résurrection du Christ,
auprès de tous les pèlerins
qui étaient venus à cette occasion
de bien des nations connues à cette époque.
Des Parthes, des Mèdes – de l’actuel Iran –
des Égyptiens, des Libyens, des Romains,
des Crétois, des Arabes (6 siècles avant l’Islam)…
étaient venus, attirés par le Dieu d’Israël
qui avait donné cette Loi, cette Torah,
si remarquable par sa justice.
Quelle est la grande nation
dont les dieux se fassent aussi proches
que YHWH notre Dieu l’est pour nous ? (Dt 4,7)
dit le livre du Deutéronome,
en faisant parler les peuples de la Terre.
Quelle est la grande nation
dont les lois et coutumes soient aussi justes
que toute cette loi que Je vous prescris aujourd’hui ? (Dt 4,8)

Cependant, une loi – aussi juste soit-elle –
a ses limites si elle nous reste extérieure,
si elle ne s’inscrit pas dans nos cœurs,
si elle ne s’inscrit pas dans notre vie quotidienne.

Ainsi la Pentecôte, la venue de l’Esprit-Saint,
accomplit la prophétie de Jérémie :
« Je mettrai ma loi au fond de leur être
et je l’écrirai sur leur cœur (…)
ils n’auront plus à instruire chacun son prochain,
chacun son frère, en disant :
‘Ayez la connaissance de YHWH’ » (Jr 31,34).
Et d’ailleurs saint Paul,
quand il expose le fruit de l’Esprit-Saint
dans l’Épître aux Galates, ajoute :
Face à tout cela, il n’y a plus de loi qui tienne (Ga 5,23).

La Pentecôte, c’est moi qui veux vivre
une vie qui ressemble à celle de Jésus ;
c’est moi qui ne veux plus de toutes ces actions
qui m’attiraient – qui m’attirent peut-être encore –
mais qui ne m’apportent pas le bonheur.

La Pentecôte, c’est moi qui prends tous les moyens
qui sont à ma portée pour vivre dans l’amour,
la joie, la paix, la patience, la bonté,
la bienveillance, la foi, l’humilité, la maîtrise de soi.

La Pentecôte, c’est l’Esprit de Dieu,
c’est l’Esprit-Saint qui vient Se joindre à mon esprit,
qui vient se joindre à tout mon être
pour m’aider à vivre tout cela,
pour m’aider à produire par ma vie
ce fruit qui goûte si bon pour moi et autour de moi.

La Pentecôte rayonne inévitablement vers l’extérieur,
vers les autres.
Si j’ai trouvé la source qui me permet
de vivre en vérité dans ma vie quotidienne,
l’amour, la paix, la bienveillance, la maîtrise de soi,
je ne pourrai pas ne pas la partager.
Je serai attiré, comme les apôtres,
vers les Parthes, les Mèdes, les Romains,
les Crétois de notre temps,
non pas pour leur imposer quoi que ce soit,
mais d’abord pour m’intéresser à eux,
à leur langue, à leur culture
pour leur faire voir
tout ce qu’il y a de beau et de bon en eux,
pour les inviter ensuite à s’ouvrir
à cette vie en Dieu que j’ai découvert.

Pour vivre de la vie de Dieu Trinité
où l’Esprit-Saint glorifie le Fils,
qui reprend tout ce qui vient du Fils
pour nous le faire connaître ;
où tout ce qui appartient au Père est au Fils.
Pour produire, chacun, chacune et ensemble,
amour, joie, paix, patience bonté, bienveillance,
foi, humilité et maîtrise de soi
sans qu’aucun de ces aspects ne manque !

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