FMJ Mtl25e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – C
Frère Antoine-Emmanuel
Am 8, 4-7 ; Ps 112 ; 1 Tm 2, 1-8 ; Lc 16, 1-13
22 septembre 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Le meilleur placement !

La première page du Devoir de mercredi
montrait en grand une photo de notre liturgie
avec les sœurs en vêtements liturgiques
pour illustrer un article sur l’habit religieux.

C’est vrai que nous portons l’habit religieux !

Pourquoi le portons-nous ?
Parce que c’est notre habit de service
qui dit au monde que nous sommes au service de tous
en assumant le service du silence, de la louange,
de la Parole, de la Prière.
L’habit est aussi une manière de dire au Seigneur
que nous voulons être tout à Lui.
C’est aussi un signe d’appartenance à une communauté
et un chemin de simplicité vestimentaire.

Mais je voudrais insister sur une autre raison.
La vie consacrée est une vie
franchement tournée vers l’éternité.
Nous avons les pieds sur terre – enfin je l’espère ! –
mais notre vie veut clairement anticiper l’éternité.
C’est notamment ce que signifient nos vêtements blancs.
Cela, c’est un service que le Seigneur nous demande :
de rappeler à l’Église et au monde
que tous nous sommes appelés, invités
à une éternité débordante de vie et de joie,
par pure miséricorde.

Ce qu’il y a de plus sûr, de plus indubitable,
c’est cela : la résurrection.
Parce que Jésus est ressuscité,
parce qu’Il a donné sa vie en rançon pour tous (1 Tm 2,6).
Nous autres chrétiens, nous avons ceci de particulier
– que le monde ne comprend pas –
c’est que nous regardons la vie présente
et nous prenons nos décisions
à la lumière de la vie éternelle.
C’est cela que Jésus nous enseigne dans l’Évangile
quand Il nous parle de l’argent.

Vis ton rapport à l’argent, nous dit Jésus,
à la lumière de cette vérité extraordinairement riche et féconde :
nous sommes tous pré-destinés à la joie éternelle.

Prenons donc l’Évangile.
Comment Jésus parle-t-Il de l’argent ?

Jésus en parle comme « Mammon ».
Jésus nous montre ainsi que le monde – hier et aujourd’hui –
personnifie l’argent.
L’argent est une réalité
vis-à-vis de laquelle nous avons une relation.
Pour le monde, l’argent est une idole.
Plutôt que de se servir de l’argent, le monde sert l’argent.
Cela est en moi, et en chacun de nous
dans la mesure où l’esprit du monde nous domine.

Nous avons entendu Osée :
il parle de ceux qui attendent avec impatience
la fin du sabbat pour reprendre leurs affaires dégoûtantes.
Le Pape François n’a pas dit autre chose vendredi
en parlant de chrétiens qui vont à la messe
pour s’assurer un certain statut social,
mais qui à côté se passionnent pour leurs affaires.

Le pape ajoutait que le diable nous prend par là :
il nous prend par la richesse
pour que nous nous sentions autosuffisants,
et de là, il nous mène à la vanité,
où nous nous sentons importants,
et cela mène à l’orgueil.

Le pouvoir de l’argent sur nous est immense ;
il nous fait dévier de la foi,
il peut même nous enlever la foi.

C’est pour cela que Jésus est si véhément
pour nous tirer de ce piège.
Comment sortir de ce piège
dans lequel le monde nous a mis,
que nous le voulions ou non,
que l’on soit riche ou que l’on soit pauvre ?

La réponse de l’Évangile est claire :
Regarde l’argent à la lumière de l’éternité,
des « tentes éternelles »!

Qu’est-ce que l’on voit quand on regarde ainsi l’argent ?
Jésus nous donne quatre clés.

La première est simple : l’argent… ce n’est pas grand-chose :
« elakistos » en grec : le moindre…
Qu’est-ce qu’un million de dollars
en face de l’éternité ?
en face de la masse éternelle de gloire qui nous est promise ?

Oui, il faut de l’argent
pour payer Hydro-Québec et Inter-Marché,
mais ne regarde jamais l’argent
comme ce qui va te sauver.

La deuxième clé est celle-ci :
l’argent n’est pas le bien véritable (Lc 16,11).
Quel est le bien véritable ?
Quel est le bien qui correspond à ta dignité ?
Est-ce l’argent ?
Non ! C’est l’Amour de Dieu.
Le seul bien que personne ne peut nous enlever,
le seul bien dont le mort ne nous dépouillera pas,
c’est l’amour de Dieu !

L’argent est, dit Jésus, Mammon d’injustice,
c’est-à-dire que lorsque nous nous attachons à lui,
il nous rend in-justes,
nous ne sommes plus ajustés à Dieu et à sa tendresse.
Nous ne sommes plus ajustés aux autres dans la charité.
C’est fou ce que l’attachement à l’argent
peut nous ronger de l’intérieur
et conduire à toutes sortes de corruptions.

La troisième clé, c’est de reconnaître que l’argent
est un bien qui nous est extérieur.
On peut croire que l’on possède de l’argent
mais c’est plutôt l’argent qui nous possède,
et nous arrache de nous-mêmes.
Le bien qui est « nôtre », c’est le Royaume de Dieu.
C’est la victoire de Jésus sur le péché et sur la mort.
C’est cela le bien qui nous est intérieur depuis le baptême.
C’est un trésor extraordinaire en nous.

La quatrième clé a été préparée par la Parabole.
Je la résumerai ainsi :
il nous faut être aussi habile pour enrichir les pauvres
que les clients de la commission Charbonneau
ont été habiles pour s’enrichir eux-mêmes !

Sois vraiment habile avec l’argent.
Sers-toi de ton argent pour te préparer un bel accueil au Ciel :
l’argent n’est pas un mal en soi :
quand l’argent nous sert à faire du bien aux autres
et notamment à ceux qui sont démunis,
alors l’argent nous met sur le chemin du Royaume.
C’est cela le meilleur placement !

Il y a des pauvres qui prennent soin des plus pauvres
de manière admirable.
Il y a des riches qui prennent soin des plus pauvres
de manière admirable.

La question est celle de notre capacité
À partager ce qui nous est confié.

Et Jésus va plus loin :
Il nous dit d’une certaine manière :
Si tu ne partages pas l’argent,
t ne partageras pas non plus la tendresse de Dieu.

Si, au contraire, tu as appris à partager ton argent,
tu sauras aussi partager avec les autres
l’amour dont Dieu te comble.

Or, qu’est-ce que le ciel ?
Le ciel c’est de recevoir en plénitude l’Amour de Dieu
Et de le partager en plénitude.

L’enjeu est donc clair :
Que tu sois riche ou pauvre,
si tu partages, tu commences à vivre l’éternité !

Frères et sœurs, à la lumière de cet Évangile,
De quoi avons-nous besoin ?
d’une bonne injection d’espérance !

Si notre espérance est une sorte de brouillard ou rien n’est clair,
nous restons accrochés à ce monde, et même enchainés.

Demandons au Seigneur
de rendre notre espérance ferme, lumineuse et joyeuse,
et cela nous donnera une liberté extraordinaire !

Je termine en revenant aux signes religieux.

Certes, ce peut être une bonne chose
de porter une croix ou un habit religieux.
Mais le signe religieux qui, pour nous chrétiens, est essentiel
ce n’est pas ce que nous portons mais ce que nous sommes.
Il s’agit pour nous tous de devenir des signes religieux
en témoignant dans le concret de notre vie
de cette espérance chrétienne !

« Va droit de l’avant, tendu de tout ton être,
et cours vers le but en vue du prix
que Dieu t’appelle à recevoir là-haut dans le Christ Jésus.
C’est là que le Seigneur t’a préparé, au-delà de toutes mesures,
une masse éternelle de gloire. » (cf. Phil 3,14 et 2 Cor 4,17)

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