FMJ MtlVendredi, 7e Semaine de Pâques – A
Frère Antoine-Emmanuel
Ac 25, 13-21 ; Ps 102 ; Jn 21, 15-19
10 juin 2011
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Liturgie pénitentielle en préparation
à la fête de Pentecôte

Nous connaissons bien ces paroles de Jésus :
« Vous avez appris qu’il a été dit :
tu ne commettras pas d’adultère.
Eh bien ! Moi je vous dis :
quiconque regarde une femme avec convoitise
a déjà, dans son cœur,
commis l’adultère avec elle » (Mt 5, 27-28).

Elles nous montrent combien Jésus nous ramène
là où émerge le mal en nous.
La pureté dont Jésus nous parle
est toujours celle du cœur de l’homme.
Son désir est de nous libérer du péché à partir de sa racine.

C’est pourquoi nous pourrions demander au Seigneur
la grâce de confesser ce soir les racines de nos péchés.

Pour cela nous pouvons nous laisser interpeller
par l’Apôtre Paul :

Le langage de la croix, en effet,
est folie pour ceux qui se perdent,
mais pour ceux qui se sauvent,
pour nous, il est puissance de Dieu.
Car il est écrit : Je détruirai la sagesse des sages,
et l’intelligence des intelligents je la rejetterai.

Où est-il, le sage ?
Où est-il, l’homme cultivé ?
Où est-il, le raisonneur de ce siècle ?
Dieu n’a-t-il pas frappé de folie la sagesse du monde ?

Puisqu’en en effet le monde, par le moyen de la sagesse,
n’a pas reconnu Dieu dans la sagesse de Dieu,
c’est par la folie du message
qu’il a plu à Dieu de sauver les croyants.

Alors que les Juifs demandent des signes
et que les Grecs sont en quête de sagesse,
nous proclamons, nous, un Christ crucifié,
scandale pour les Juifs et folie pour les païens,
mais pour ceux qui sont appelés, Juifs et Grecs,
c’est le Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu.

Car ce qui est folie de Dieu
est plus sage que les hommes,
et ce qui est faiblesse de Dieu
est plus fort que les hommes (1 Co 1, 18-28).

La première épître au Corinthiens
nous dévoile une racine très importante de notre péché,
peut-être la plus importante : le rejet de la faiblesse.

*

Paul, en son expérience de prédicateur,
est conscient du risque qu’il court :
celui de recourir à la sagesse du discours,
et, ce faisant, de réduire à néant la croix du Christ. (1,17)

Nous, chrétiens, sommes bien forcés de parler de la croix,
mais nous sommes tellement débrouillards
pour la tasser, pour la mettre de côté subtilement,
ou bien pour l’enrober d’or et de jeux de pouvoir.

Il y a un juif en nous qui dit :
« la croix, la faiblesse, ça ne va pas avec Dieu :
c’est un scandale ! »
Il y a un grec en nous qui dit :
« la croix, la faiblesse, ça ne va pas avec l’intelligence :
c’est de la folie ! »

Est-ce que la racine du péché
n’est pas le refus de la faiblesse ?

Le mystère de Dieu est un mystère de pauvreté
et nous voulons du plein, de la puissance, de l’abondance.

Aussi bien, frères, considérez votre appel :
il n’y a pas beaucoup de sages selon la chair,
pas beaucoup de puissants,
pas beaucoup de gens bien nés.

Mais ce qu’il y a de fou dans le monde,
voilà ce que Dieu a choisi pour confondre les sages ;
ce qu’il y a de faible dans le monde,
voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort ;
ce qui dans le monde est sans naissance
et ce que l’on méprise, voilà ce que Dieu a choisi ;
ce qui n’est pas, pour réduire à rien ce qui est,
afin qu’aucune chair n’aille se glorifier devant Dieu. (1-26)

La faiblesse n’est pas une malédiction,
elle est la préférée de Dieu, sinon la demeure de Dieu.

Ce soir, nous pouvons regarder dans quelle mesure
la colère ou la révolte monte en nous
en face de la faiblesse.

Pensez à Pierre qui fait barrage à Jésus
quand Jésus annonce qu’il prend la route de la faiblesse…

Pensez à Juda qui trahit Jésus
quand Jésus embrasse définitivement la faiblesse de la Passion.

Quelle est la faiblesse que je refuse
dans ma vie,
dans celle des autres,
dans l’Église,
dans l’humanité ?

Jésus a déclaré heureux les pauvres.
Si nous ne sommes pas heureux dans nos fragilités,
dans notre faiblesse, qu’est-ce que cela veut dire ?

Cette confession ouvrira le chemin
d’une nouvelle effusion de l’Esprit.

Refuser la faiblesse, c’est refuser l’Esprit.
l’Esprit Saint ne vient pas ôter la faiblesse,
mais la consacrer…
comme Jésus a été consacré, éternisé,
glorifié dans la faiblesse de la Croix.

*

Pour nous préparer à célébrer le sacrement du pardon,
nous pouvons nous laisser interpeller par trois questions,
trois questions que Jésus nous pose :

M’aimes-tu dans la faiblesse de la Croix,
dans la vulnérabilité de l’Eucharistie ?

M’aimes-tu dans ton frère fragile, pénible… ?

M’aimes-tu dans ta propre fragilité ?

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