FMJ MtlMercredi, 24e Semaine du Temps ordinaire – C
Frère Antoine-Emmanuel
1 Tm 3, 14-16 ; Ps 110 ; Lc 7, 11-17
18 septembre 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Ma vie, une liturgie ?

Les gens de l’époque de Jean et de Jésus
ressemblaient à des enfants aussi insensibles
à l’invitation à pleurer qu’à l’invitation à danser.
Quand Jean appelle à la conversion… ils refusent.
Quand Jésus annonce la joie du Royaume… ils refusent.
Seul un petit reste entre dans les larmes et la danse,
et Jésus les appelle les enfants de la Sagesse.

Et nous, aujourd’hui, à quoi, à qui ressemblons-nous ?

Mais, d’abord, sommes-nous appelés à pleurer et à danser ?
Sans aucun doute !
Le Mystère pascal est une grande invitation à la conversion
comme le proclame Pierre le jour de Pentecôte.
Et le Mystère pascal est une explosion de vie et de joie
qui appelle la fête et la danse !
Regardez comment Paul parle à Timothée du Mystère pascal,
en reprenant sans doute un hymne chanté par les premiers chrétiens :
Jésus a été manifesté dans la chair.
Jésus S’est donné à voir dans sa chair transfigurée
et ses blessures glorieuses.
Jésus a été justifié dans l’Esprit Saint
l’Esprit Saint s’est saisi de son humanité
l’a « a-justé » à l’éternité divine,
et le nouvel Adam est devenu esprit vivifiant.
Jésus est apparu aux anges,
Lui qui est passé de ce monde au Père
faisant exploser la joie dans les chœurs angéliques.
Jésus a été proclamé aux nations, aux païens,
Lui qui a fait de son être une offrande
pour tous les humains,
pour que tous soient sauvés.
Jésus a été cru dans le monde,
Il est devenu objet de notre foi.
Il est Celui en qui nous croyons
et par qui nous sommes sauvés.
Et Il a été enlevé dans la gloire,
kidnappé dans l’éternité de Dieu à même son humanité
revêtu en plénitude de la gloire éternelle du Fils
siégeant à la droite du Père.

*

Autant de versets, autant de mots
pour tenter de dire toute la richesse du Mystère pascal
qui déborde et rayonne d’espérance, de lumière et de gloire.
Et nous… est-ce que nos cœurs
se laissent briser par tant d’amour ?
Est-ce que nos corps se laissent à la danse ?
Eh bien… je réponds : oui !
Parce que c’est cela la liturgie !
Chaque fois que nous quittons nos lieux de vie,
de travail, de loisir pour nous rassembler ici,
c’est pour briser nos cœurs et danser de joie.
La liturgie est supplication, repentir, intercession.
N’avons-nous pas chanté :
« Seigneur, je crie vers toi, exauce-moi… » ?
Et tout à l’heure nous entrerons
dans la chorégraphie de la communion en chantant
« Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde,
prends pitié de nous »…
Et la liturgie et une danse, une fête…
Nous avons chanté :
« Jésus, Lumière joyeuse de la Sainte gloire du Père,
Tu es digne en tout temps
d’être loué par de saintes voix… »
Pensez à tous les mouvements de la liturgie,
ceux de la céroféraire, du thuriféraire,
des lecteurs, des prêtres.
Pensez à nos mains levées vers le Ciel
pour chanter le Père et appeler son Règne.
Pensez à cette grande danse qu’est la communion.
Toute la liturgie est une danse
qui anticipe la grande fête de l’éternité…
Et nos Kyrie Eleison sont là pour débarrasser nos cœurs
de ce qui en nous résiste à cette joie, à cette fête…

*

Mais, frères et sœurs, la liturgie,
la célébration de la louange de Dieu
se vit-elle seulement de 18h à 19h30 ?
Si nous sommes les « enfants de la Sagesse divine »
dont parle Jésus,
toute notre vie devient une réponse d’amour
à l’explosion d’amour du Mystère pascal.

C’est ce que Paul appelle le culte juste,
le culte qui est bien ajusté à la merveille de l’Amour de Dieu. (cf. Rm 12,1)
Le mystère de la piété,
le mystère de la Croix et de la Résurrection
nous révèle un tel amour
qu’il appelle une réponse d’amour qui ne soit pas mesquine.
Ce soir, ta route vers ton studio peut-être une louange ;
tes rencontres, un témoignage ;
ton regard, un rayon de la Lumière d’en-haut ;
ta soirée vécue en action de grâce ;
et ta nuit un abandon…
Qu’est-ce que l’Eucharistie sinon ce moment béni
où est réveillé, ravivé notre appel
à vivre toute notre vie comme une liturgie !

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