Samedi, 22e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Antoine-Emmanuel
1 Co 4, 9-15 ; Ps 144 ; Lc 6, 1-5
6 septembre 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal
Entre dans la maison de Dieu !
Il y a des lettres qui sont plaisantes à recevoir,
et il y a des lettres qui le sont moins !
Comme la lettre de Saint Paul aux Corinthiens…
Pensez comment la petite communauté des Corinthiens
a pu réagir quand elle a lu
ce passage de sa lettre où Paul dit en quelque sorte :
vous, les corinthiens, vous êtes devenus sages selon le monde,
nous, nous sommes restés fidèles à l’Évangile,
nous sommes restés des fous…
C’est le grand risque de la vie chrétienne.
On part avec zèle, mais le monde nous rejoint
et nous nous mettons à penser et agir comme tout le monde.
Il faut reconnaître que la séduction du monde y contribue.
Il y a des sirènes à tous les coins de rue,
il y a des sirènes sur tous les écrans.
Or la vie chrétienne
ne consiste pas seulement à rester dans la folie de l’Évangile,
mais à mûrir, à croître dans cette folie.
Mais où trouver la force de grandir dans cette folie ?
Dans la prière !
Tu veux te désinstaller de la sagesse du monde ?
Prie !
Tu veux embrasser la folie de l’Évangile ?
Prie !
Tu ne veux plus te nourrir des honneurs
et des gloires de ce monde ?
Prie !
La prière chrétienne nourrie de la Parole de Dieu,
et conduite par l’Esprit
déshabille nos cœurs de la sagesse de ce monde
et nous rend vulnérables.
Naturellement nous faisons tout
pour fuir l’épreuve au nom du Christ,
pour nous décharger de notre croix…
C’est la prière qui nous donne le goût du Christ,
qui fait de Jésus l’Ami de notre vie,
la joie de notre cœur.
Alors, on nous insulte et nous bénissons,
on nous persécute et nous l’endurons ;
on nous calomnie et nous consolons… (1 Cor 4,12-13)
C’est cela marcher sur les pas de Jésus.
Et nous …
En Irak, les chrétiens sont persécutés à mort…
et beaucoup parmi nous n’ont pas même le courage
de porter une petite croix dans le métro de Montréal.
Parce que notre prière est routinière,
superficielle.
Le pape François disait dimanche dernier lors de l’Angelus
que « beaucoup de chrétiens ressemblent à du vin mélangé d’eau.
On ne sait pas si c’est du vin ou de l’eau… »
Il nous faut prier pour vivre pleinement la folie de l’Évangile !
Il nous faut faire comme David :
Entrer dans la Maison de Dieu (cf. Lc 6,4)
prendre le Pain, le manger, le partager
pour avoir la force de vivre l’Évangile.
Entre dans la Maison de Dieu !
Entre dans ton cœur
là où on décide l’essentiel de la vie.
Ne reste pas à la superficie de toi-même.
N’en reste pas à ton apparence.
Ne soigne pas ton image.
Entre dans la Maison de Dieu
et, là, prends le Pain.
C’est-à-dire nourris-toi vraiment de l’Eucharistie.
Nourris-toi vraiment du Christ.
Fais de Lui ta nourriture.
L’Eucharistie n’est pas une plante décorative,
c’est une nourriture !
Absorbe, mâche, digère la Croix du Christ
et sa résurrection.
Consomme la mort et la Résurrection du Christ.
Il faut que le Mystère pascal passe
dans les profondeurs de notre être.
Sinon nous restons des chrétiens « sans saveur ».
On peut passer des années à regarder l’ostensoir
comme on regarde un objet dans un musée.
Non !
Il s’agit de se laisser imbiber de l’Eucharistie
dans toutes les cellules de notre être.
Prie pour devenir malade de cette maladie d’amour
qu’est la fidélité au Christ.
Prie pour attraper le virus de la miséricorde du Christ.
Prie pour devenir fou de la folie du Christ.
Voilà ce que nous demandons ensemble en cette Eucharistie.
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