FMJ MtlMardi, 8e Semaine du Temps ordinaire – B
Frère Antoine-Emmanuel
Si 35, 1-15 ; Ps 49 ; Mc 10, 28-31
26 mai 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

À cause de Moi et de l’Évangile

Voilà une des plus belles promesses de Jésus !
Si nous laissons des amitiés ou des biens
à cause de Jésus, à cause de l’Évangile,
alors nous sommes sûrs de recevoir ici-bas le centuple.

Promesse magnifique.
Promesse bien précise aussi.

D’abord parce que Jésus parle de laisser (Mc 10,29).
Il s’agit d’un vrai détachement, d’une rupture.
Laisser des frères et des sœurs ;
laisser ses enfants ;
laisser aussi une maison ou des champs.
Il est clair que ce ne peut être
que par réponse à un appel du Seigneur
qui demande la toute première place dans un cœur
et même qui s’approprie ta vie.

L’autre précision est claire :
« à cause de Moi et à cause de l’Évangile » (id.).
Ce n’est pas pour un projet,
ni pour une cause humanitaire,
ni même pour des valeurs :
c’est à cause de Jésus,
pour être à Jésus,
pour Lui appartenir.
Et c’est à cause de l’Évangile,
pour l’annoncer,
pour que le monde entier le reçoive.

C’est exigeant ? Oui !
Mais c’est plein de joie.
Ce qui est source d’amertume, de tristesse,
ce n’est pas de tout laisser,
c’est de faire des demi-renoncements.
Parce que celui qui fait des demi-renoncements
n’a plus le bienfait des parents et des biens
et n’a pas non plus la joie de vivre
dans la liberté de la Résurrection.
C’est l’amertume qui arrive à des consacrés
qui se retrouvent dans cette situation
parce qu’ils ont peur de tout laisser.

Le centuple nous est offert nous dit Jésus
et c’est tellement vrai.
Mais aussi avec des persécutions (v. 30),
avec bien des épreuves.

On ne peut pas entrer dans la vie de la Résurrection
sans être contredit, moqué, éprouvé, voir rejeté.
On ne peut entrer dans cette vie
sans connaître un combat intérieur :
parce que l’ennemi tente de nous convaincre
que nous faisons fausse route
et que nous ferions mieux de faire comme tout le monde.
« Pourquoi te compliquer la vie ? »
Mais la réalité est que c’est l’adversaire
qui nous complique la vie,
nous attire hors de la belle simplicité
de la vie avec Dieu,
de l’obéissance à Dieu,
de la joie de Dieu.

La vie évangélique n’est pas compliquée ;
elle est simplement de se plonger dans le Mystère pascal
pour que s’accomplissent la promesse du centuple
et la promesse de Jésus qui conclut cet évangile :
et dans l’éternité qui vient… la vie éternelle (Mc 10,30).
Voilà ce que nous venons prier en chaque Eucharistie !

Alors si nous laissons vraiment parents et biens
et que c’est à cause de Jésus et à cause de l’Évangile,
alors nous recevons ici le centuple :
maison, frères et sœurs, mères et enfants et champs.

Alors nous sommes riches sans avoir aucune propriété !
Alors nous recevons une nouvelle famille
sans ces attachements qui nous lient de manière exclusive.

Et c’est vrai… c’est tellement vrai !
Lorsqu’à cause de Jésus nous renonçons
à la propriété et à l’exclusivité affective,
alors nous recevons le centuple.
Nous découvrons qu’il y a une autre manière
de se rapporter aux biens
et plus encore aux personnes.

L’affection exclusive ou tout au moins prioritaire
de la famille est bonne, saine
mais si le Seigneur nous appelle à y renoncer,
c’est certes une mort que nous vivons unis à sa mort,
mais c’est pour entrer
dans une autre manière d’être en relation,
celle de la Résurrection,
qui est beaucoup plus large,
beaucoup plus libre.
C’est le don de soi qui prime.
Ce n’est plus la quête de sécurité affective
qui nous motive,
c’est le désir de se donner,
de devenir un don pour les autres.

La possession de biens est bonne, saine,
mais si le Seigneur nous appelle à y renoncer,
c’est là aussi une mort vécue avec Jésus
afin de ressusciter pour re-vivre autrement,
pour goûter d’une manière nouvelle
tous les biens de la terre.
Ce qui devient prioritaire,
c’est alors de partager, de donner,
de faire vivre l’autre.

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