FMJ Mtl11e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – B
Frère Thomas
Éz 17, 22-24 ; Ps 91 ; 2 Co 5, 6-10 ; Mc 4, 26-34
14 juin 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Le Règne de Dieu est croissance et fécondité

Voilà deux petites paraboles de Jésus
sur le Règne de Dieu.
Qu’est-ce donc que le Règne de Dieu,
le Royaume de Dieu ?
Nous ne le savons pas,
Jésus ne nous le dit pas.
Par contre, Jésus ne cesse de nous dire
à quoi le Règne de Dieu est semblable,
par toutes les paraboles qu’Il dit.

Ainsi, ces paraboles sont pour nous
du plus haut intérêt
car elles nous disent quelque chose
sur le Règne de Dieu,
sur les façons de faire de Dieu,
sur le monde de Dieu.
Elles nous disent quelque chose
sur la vie que Dieu nous offre
si nous voulons mettre notre foi en Lui.
Elles nous disent quelque chose
sur nos relations entre nous,
si nous voulons vivre de Dieu
tel que nous l’enseigne Jésus-Christ.
Que nous disent donc les deux paraboles d’aujourd’hui ?

La première des paraboles
parle de la croissance de la semence.
Je me souviens avoir, une fois, disposé en terre
plusieurs graines de fèves, de haricots.
Je les regardais ;
pendant plusieurs jours elles restaient telles quelles,
sans que rien ne se passe.
Puis soudain, un beau jour,
j’ai vu deux de ces graines germer
et lever avec une belle tige verte et des petites feuilles.
J’ai arrosé, mais je n’ai pas su
comment la croissance des graines se faisait.

Ainsi en va-t-il de la vie que Dieu nous donne.
Elle est continuellement en croissance.
Cependant, ce n’est pas une croissance
sur laquelle je peux mettre la main,
que je peux contrôler.

Certes, je sais ce qui aide à la croissance :
je vais arroser ma vie en Dieu par la prière,
par des actes de charité que j’aurai décidés.

Je sais aussi ce qui nuit à la croissance :
si je me laisse aller à l’hostilité, à la colère,
à la violence ou à la sensualité
(qui est un manque d’amour envers moi-même).

Mais le processus de la croissance
– de ma croissance, de la croissance des autres –
dans la Vie en Christ, dans l’Esprit Saint,
cela ne m’appartient pas.

Nos vies peuvent passer par bien des crises,
mais que cela ne nous effraie pas.
Si ces crises sont vécues dans la foi en Dieu,
ce sont alors des crises de croissance.
Elles deviennent alors autant de Pâques
que nous pouvons vivre unis à la Pâque du Christ.

Lorsque Jésus a été condamné à mourir sur la croix,
cela pouvait apparaître un arrêt de croissance.
C’est bien ainsi que cela a été perçu par ses disciples.
Pierre s’était opposé à Jésus
quand Il avait annoncé sa Passion :
« Non cela ne t’arrivera pas ! » (Mt 16,22)
Il avait même voulu donner sa vie
pour empêcher Jésus d’être tué.
Les disciples d’Emmaüs, après la mort de Jésus,
se disaient entre eux : « Et nous qui espérions
qu’Il serait le libérateur d’Israël ! » (Lc 24,21)
Mais nous savons comment la Passion
a débouché sur la Résurrection :
non seulement la croissance a continué,
mais elle a franchi une nouvelle étape !

De la même manière, Pierre,
lorsqu’il a renié son Maître
– alors qu’il avait juré de le défendre –
n’a pas vu sa croissance s’arrêter.
Sa croissance est passée par une crise,
mais après la résurrection de Jésus-Christ,
et notamment avec l’épisode où Jésus
lui a demandé par trois fois s’il L’aimait,
Pierre a fait un pas considérable
dans sa vie donnée au service du Christ et de l’Évangile.

De même, si dans nos vies
nous avons l’impression de retomber sans cesse
dans les mêmes fautes, dans les mêmes travers,
cela ne signifie pas que notre croissance en Dieu s’arrête.
Dès lors que nous en prenons conscience
et que nous prenons les moyens à notre portée pour en sortir,
notre croissance continue.
Et même, avec l’aide de Dieu qui voit notre bonne volonté,
nous pouvons faire des pas considérables dans notre croissance.
« Nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève,
la semence germe et grandit, il ne sait comment » (Mc 4,27).

La deuxième parabole parle de la fécondité de la semence :
une graine de moutarde qui devient un grand arbre !
Là encore, regardons la Passion du Christ.
Quelle petite graine :
un obscur prophète juif de Galilée
au cœur de l’immense empire romain païen
qui est mis à mort !
Quel grand arbre aujourd’hui !
Quelle fécondité lorsque nous considérons
la vie de l’Église dans le monde !
Et nous-mêmes, lorsque nous semons
des paroles de Vie, des actes de charité,
d’attention, des actes de foi, des prières.
Cela peut nous apparaître de bien petites graines.
Et de fait, ces petits actes que nous posons
ne vont pas soudain faire lever
des hommes et des femmes en grand nombre
pour remplir les églises,
les noviciats ou les séminaires.

Mais considérons nos vies à nous.
Si nous sommes là, en ce dimanche,
sur les bancs de cette église,
si nous sommes engagés dans tel bénévolat,
dans tel groupe, dans telle communauté,
n’y a-t-il pas à l’origine une petite graine
que quelqu’un a semée dans nos vies
et qui a grandi ?

Et de la même manière,
est-il vrai que les petits actes d’amour ou de foi
que nous posons restent sans effet
sur les personnes qui les reçoivent ?

Ainsi donc, le Royaume de Dieu,
la Vie en Dieu est croissance, elle est fécondité.
Comme nous avons raison d’en vivre !

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