FMJ Mtl15e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – B
Frère Thomas
Am 7, 12-15 ; Ps 84 ; Ép 1, 3-14 ; Mc 6, 7-13
12 juillet 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Être témoins du Christ, par la grâce de Son appel

Qu’est-ce qui fait que Jésus
envoie ses douze apôtres en mission,
sans être assuré s’ils vont prêcher ce qu’il convient,
s’ils vont bien transmettre l’Évangile qu’ils ont reçu de Lui ?

En effet, « n’est-ce pas un peut tôt ? » pourrions-nous penser.
Il n’y a pas si longtemps que Jésus les a appelés à Le suivre,
alors ont-ils reçu la formation nécessaire
pour pouvoir faire le même travail de prédication,
de guérison et de libération que Jésus ?

Souvent dans l’histoire Sainte,
nous voyons Dieu qui choisit des hommes ou des femmes
pour leur confier une mission d’annonce de sa Parole
ou de guidance de son peuple.
Et souvent ces hommes ou ces femmes
sont conscients de leur apparente impréparation
ou inadéquation à la mission que Dieu leur confie.

Le prophète Amos par exemple,
lorsque le prêtre Amasias du sanctuaire royal
critique sa prédication,
argumente que c’est le Seigneur Lui-même
qui l’a établit prophète,
alors qu’auparavant il était bouvier.
Ici Amos parle de ses origines paysannes
pour bien souligner l’origine divine de sa prophétie.

Amos n’est pas prophète par hérédité ni par carrière
– comme il y en avaient beaucoup à son époque –
et il n’est pas prêt à dire des paroles agréables au roi,
comme le voudrait Amasias.

Dans le cas de Moïse,
lorsque Dieu lui confie la mission
de faire sortir les Israélites de l’Égypte,
Moïse avance un certain nombre de raisons
pour protester qu’il n’en est pas capable.
Et Dieu contredit chacune de ces raisons,
car c’est Lui qui fera de Moïse
un homme capable de conduire son peuple.

Ainsi, dans le cas du prophète Amos,
comme dans le cas de Moïse,
nous voyons que c’est Dieu
qui est à l’origine de leurs missions respectives.

Au départ, rien ne semblait indiquer
qu’ils allaient vivre de telles missions.
Amos était bouvier et Moïse était un hébreu
qui avait grandi à la cour de pharaon
puis s’était enfui dans le désert.

Nous voyons ici toute la gratuité
et l’initiative de l’appel de Dieu.
Certes les personnes qu’Il appelle
ont toute leur part dans la réponse qu’ils font à l’appel,
mais l’appel vient de Lui.

Avec St Paul, nous pouvons redire :
Il (Dieu le Père) nous a élus en Lui (Le Christ, le Fils),
dès avant la fondation du monde,
pour être saints et immaculés en sa présence,
dans l’Amour (Éph 1,4).

Cet appel, cette élection, est gratuite.
Elle concerne chacun chacune d’entre nous.
Dieu nous appelle à cause de son Fils Jésus Christ,
car Il veut faire de nous des fils, des filles,
à l’image de son Fils unique.
Dieu confie à chacun, à chacune d’entre nous
une mission pour faire resplendir
la gloire de son Fils Jésus Christ.

Nous voilà ainsi ramenés à la mission
que Jésus confie aujourd’hui à ses apôtres.

Nous pourrions objecter :
c’est là une mission particulière !
Cela concerne aujourd’hui les prêtres,
les religieux et les religieuses,
mais nous laïcs, cela ne nous concerne pas.

Il est certain que la mission
que Jésus confie à ses Douze apôtres est très particulière :
partir deux à deux, sans provisions, sans argent,
demandant l’hospitalité,
annonçant le Royaume des Cieux
et faisant des guérisons.
Il n’y a pas beaucoup de prêtres ou de consacrés aujourd’hui
qui reconnaîtraient concrètement la mission qui est la leur
dans cette mission des douze apôtres.

Pourtant nous pouvons accueillir cet appel
que Jésus adresse à ses apôtres
comme s’adressant aussi à nous, qui que nous soyons.

Chacun, chacune d’entre nous est appelé par Dieu à la sainteté,
dès avant la création du monde.
Cet appel de Dieu est signifié par notre Baptême.
Après avoir entendu la Parole de Vérité,
l’Évangile de notre Salut et y avoir cru,
nous avons été marqués d’un sceau par l’Esprit de la Promesse.
Que faisons-nous de cet appel à la sainteté,
de cette grâce que Dieu a mise en nous ?

Je vous propose pour cela
de reprendre les différents éléments de l’appel
que Jésus adresse aujourd’hui à ses apôtres
et de regarder comment nous pouvons le vivre
dans la vie qui est la nôtre.

Jésus envoie ses apôtres deux par deux.
Comment je vis la dimension communautaire
de ma vie chrétienne ?
Je travaille certes à ma sainteté personnelle,
mais qu’en est-il pour moi des autres chrétiens ?
« C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres,
que le monde vous reconnaîtra pour mes disciples »
nous dit Jésus (Jn 13,35).
Même dans une vie engagée dans l’Église,
même dans une vie communautaire,
il y a le risque de faire cavalier seul.

Jésus donne aux apôtres pouvoir sur les esprits impurs.
Avons-nous confiance en la puissance de Jésus
sur toutes les forces du mal ?
Sans être imprudents, en nous exposants à des dangers inutiles,
croyons-nous que Jésus a vaincu le mal
et que par notre Baptême, Il nous donne part à sa victoire ?

« Jésus leur prescrivit de ne rien prendre pour la route » (Mc 6, 8).
Amos était bouvier, Moïse était berger,
un certain nombre d’apôtres étaient des pêcheurs.
Et nous, faudrait-il que nous ayons des diplômes élevés
ainsi qu’un matériel sophistiqué
pour témoigner du Christ qui est notre vie ?

« Où que vous entriez dans une maison,
demeurez-y jusqu’à ce que vous partiez de là » (v. 10).
Nous avons beaucoup à recevoir des autres.
Ils ont beaucoup à nous apporter,
de par leur générosité, leur droiture,
leur soif de vérité et de sainteté.
Et nous, nous pouvons alors leur offrir gratuitement
quelque chose du trésor de notre foi.

« Et si un endroit ne vous accueille pas
et qu’on ne vous écoute pas, sortez de là
et secouez la poussière qui est sous vos pieds » (v. 11).
Si on refuse notre amitié, notre générosité, notre témoignage,
allons-nous ajouter le témoignage de notre colère,
de notre rancune, de notre vengeance ?
Si on ne veut pas de nous,
si on ne veut pas du Christ que nous portons,
ceux et celles qui nous refusent
se privent déjà d’un trésor inestimable.
Ils ne savent pas.
Allons-nous ajouter à leur malheur notre hostilité ?

C’est dans le Christ doux et humble de cœur
que nous avons été baptisés.
C’est dans le Christ, Lumière, Vie, Amour et Miséricorde
que nous avons été choisis par le Père
pour être saints et immaculés.

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