Vendredi, 14e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Antoine-Emmanuel
Os 14, 2-10 ; Ps 50 ; Mt 10, 16-23
11 juillet 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

À la mesure de Son Cœur.

« Nous, nous avons tout laissé et nous t’avons suivi.
Alors qu’y aura-t-il pour nous ? » (Mt 19,27)

« Quiconque laisse maisons, ou frères ou sœurs,
un père, ou mère ou enfants ou champs
à cause de mon nom,
recevra plusieurs fois plus
et il héritera une vie éternelle » (19,29).

« Laisser, recevoir, hériter. »
N’est-ce pas la part de la vie chrétienne ?
Parce que le Seigneur t’a parlé,
parce qu’Il a pris l’initiative
dans ton être et dans ta vie,
toi, tu « laisses » ce qui passe
– des biens de cette terre –
pour recevoir Dieu Lui-même
et pour hériter demain
d’un surplus d’amour infini
que l’on appelle Vie éternelle.

Je laisse ce qui passe
pour recevoir Celui qui est
et pour hériter de sa propre Vie…

Il y a là un déséquilibre fou.
Ce que nous laissons est si peu
devant Celui que nous recevons.

Et celui qui reçoit,
recevra davantage et dans l’abondance
proclame Jésus.

Ce même Jésus qui nous dit :
Venez à moi, laissez le fardeau de vos lois
qui vous écrasent et recevez mon joug,
recevez ma loi d’amour qui vous emmène jusqu’en Paradis
recevez l’Esprit qui est votre vraie libération.

Jésus Se fait mendiant de nos biens et de nos lois
pour que nous devenions pauvres de ce qui nous étouffe
et riche de son amour…

Il frappe à notre porte
comme jadis à la porte du jeune homme riche
pour que nous quittions les richesses qui nous asservissent
et que nous Le recevions, Lui,
unique trésor et seule espérance de notre séjour sur la terre.

Frères et sœurs,
et si nous choisissions ensemble cet été
de renouveler notre oui à ce mystérieux commerce
où nous laissons à Jésus de la pacotille
pour recevoir un trésor ?

La fête de St Benoît nous invite
à redire oui au quitte-tout que Jésus désire tant pour nous.
« Voici que nous avons tout quitté pour te suivre ».

Mais il nous faut aller plus loin :
il nous faut aussi redire oui à « recevoir »…
car il y a beaucoup de chrétiens
qui laissent ce qu’il faut laisser,
qui vivent de grands renoncements,
mais qui sont très gênés de recevoir.

« Seigneur garde ton trésor
parce que je ne le mérite pas… »
Et Jésus ne peut nous combler à la mesure de son cœur
parce que nous avons décidé nous-même
de la mesure de ce que nous recevons.

Le Seigneur nous donne le Royaume.
Veux-tu le recevoir ?
Il nous fait « hériter la terre ».
Veux-tu cet héritage ?
Il nous console.
Accueilleras-tu sa consolation ?
Il nous rassasie de justice :
Te laisseras-tu rassasier ?
Il nous fait miséricorde :
Te laisseras-tu pardonner ?
Il se donne à voir.
Ouvriras-tu tes yeux ?

Ce mois qui s’ouvre devant nous
pourrait-il être un temps
où ré-ouvrir les pores de notre être
pour recevoir le don de Dieu ?
Pour nous laisser consoler, apaiser,
tendresser par le Seigneur ?

Si tu savais le don de Dieu
et qui est celui qui te demandes à boire,
c’est toi qui Lui demanderais
et Il te donnerait L’Eau vive… (Jn 4,10)

*

Seigneur ensemble nous voulons dire oui
au centuple d’aujourd’hui et à l’héritage de demain…
Oui à ton regard qui nous relève,
à ton Eau vive qui nous désaltère,
à ton Pain de Vie qui est notre vraie nourriture.
Alors, relevé, désaltéré et nourri par Toi
nous pourrons devenir nous-mêmes pain vivant
pour les pauvres et pour tous ceux à qui Tu nous enverras.

Donne-nous non à notre mesure
mais à la mesure de ton Cœur ;
alors nous pourrons donner aux autres
à la mesure de ton Cœur.
Amen.

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