FMJ MtlDEUXIÈME DIMANCHE DU CARÊME, A
Frère Jakub
Gn 12,1-4a ; Ps 33 ; 2 Tm 1,8b-10 ; Mt 17, 1-94
12 Mars 2017
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Jésus Christ est la plus belle parole de Dieu

Chers frères et sœurs,
le Seigneur Jésus, qui conduisit les apôtres
sur le mont pour prier et leur montra sa gloire,
nous a invités aujourd’hui dans cette église.
La liturgie du carême propose
le mystère de la Transfiguration de Jésus
à la contemplation de chacun, chacune de nous
qui montons lentement vers la fête de Pâques,
c’est-à-dire vers les mystères de la Passion et de la Résurrection.
C’est le sommet de la vie chrétienne et de l’année liturgique.
La Transfiguration, ce n’est pas Jésus qui reçoit la révélation de Dieu,
mais c’est précisément en lui que Dieu se révèle
et qu’il révèle son visage aux Apôtres.

Celui qui veut connaître Dieu
doit donc contempler le visage de Jésus,
son visage transfiguré :
Jésus est la parfaite révélation de la sainteté et de la miséricorde du Père.
Ce que nous appelons la Transfiguration
est appelé en grec dans le Nouveau Testament métamorphose (« transformation »),
la transfiguration n’est pas quelque chose de très lointain,
qui peut arriver en perspective.
Dans le Christ transfiguré se révèle
beaucoup plus que ce qu’est la foi :
une transformation qui se produit chez l’homme au cours de toute une vie.
Joseph Ratzinger (Pape Benoît XVI) écrit :
« Du point de vue biologique, la vie est une métamorphose,
une transformation pérenne qui se termine par la mort.
Vivre signifie mourir, signifie métamorphose vers la mort.
Le récit de la Transfiguration du Seigneur
y ajoute quelque chose de nouveau :
mourir signifie ressusciter. »

La foi est une métamorphose,
dans laquelle l’homme mûrit dans le définitif.
C’est pourquoi l’évangéliste Jean
définit la croix comme glorification,
fusionnant la Transfiguration et la croix :
dans l’ultime libération de soi-même,
la métamorphose de la vie atteint son objectif.
Et le Nouveau Testament témoigne
de cette réalité aux différentes manières :
Saint Jean écrira :
« Ce que nous avons entendu,
ce que nous avons vu de nos yeux,
ce que nous avons contemplé
et que nos mains ont touché du Verbe de vie,
nous vous l’annonçons pour que votre joie soit complète. » (1 Jn 1, 1)
Dans la seconde épître de saint Pierre
se lit un témoignage de son auteur :
« En effet, ce n’est pas en ayant recours
à des récits imaginaires sophistiqués
que nous avons fait connaître la puissance
et la venue de notre Seigneur Jésus Christ,
mais c’est pour avoir été témoins oculaires de sa grandeur.
Car il a reçu de Dieu le Père l’honneur
et la gloire quand, depuis la Gloire magnifique,
lui parvint une voix qui disait :
Celui-ci est mon Fils, mon bien-aimé ; en lui j’ai toute ma joie.
Cette voix venant du ciel,
nous l’avons-nous-mêmes entendu
quand nous étions avec lui sur la montagne Sainte. » (2 Pi 1, 16-18)

Oui, chers frères et sœurs,
Jésus Christ est « la parole ultime de Dieu et la plus belle. » (Karl Rahner)
Saint Paul ne relate jamais l’épisode de la Transfiguration,
mais il a été illuminé sur le chemin de Damas
par la lumière et par la gloire du Seigneur,
cette gloire sur la face du Christ se réfléchit sur son propre visage.
Et chacun, chacune de nous actualise chaque jour
la Transfiguration de Jésus.
Madeleine Delbrel, dans un de ses récits Nous autres, gens des rues écrit :

« Parler ou se taire, raccommoder ou faire une conférence, soigner un malade ou taper à la machine. Tout cela n’est que l’écorce de la réalité splendide, la rencontre de l’âme avec Dieu à chaque minute renouvelée, à chaque minute accrue en grâce, toujours plus belle pour son Dieu. On sonne ? Vite, allons ouvrir ; c’est Dieu qui vient nous aimer. Un renseignement ?…le voici…c’est Dieu qui vient nous aimer. C’est l’heure de se mettre à table ? Allons-y : c’est Dieu qui vient nous aimer. Laissons-le faire. »

En attendant que la lumière de Pâques
brille sans fin et sans ombre,
en nous et à travers nous
la lumière de Jésus transfiguré éclaire tous ceux
qui sont en chemin vers la gloire céleste.
Par cette fugitive anticipation de la gloire définitive
nous savons déjà que le ciel est à l’œuvre
sur la terre et la gloire à travers la croix.
La Transfiguration n’est pas un événement parmi d’autres,
mais la synthèse de tout :
la croix et la résurrection, le présent et le futur
de la création sont rassemblés ici.
Elle est la garantie que le Seigneur n’abandonne pas la création.
Dans l’ombre de la croix,
nous savons que c’est ainsi que la création va vers la transfiguration.
Cette foi nous donne du courage.
Cette foi nous donne la bonté.
« Il est heureux que nous soyons ici ! »
Oui, il est heureux que,
dans cette Eucharistie,
nous laissions passer en nous cette Lumière
afin qu’à travers l’opacité de nos vies,
elle transparaisse dans notre monde qui en a tant besoin !
Amen.

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