FMJ MtlMercredi, 20e Semaine du Temps ordinaire – B
Frère Thomas
Jg 9, 6-15 ; Ps 20 ; Mt 20, 1-16
19 août 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Jésus nous fait entrer dans la culture de la miséricorde

« N’ai-je pas le droit de disposer de mes biens
comme il me plaît ?
Ou faut-il que tu sois jaloux
parce que je suis bon ? » (Mt 20,15)

Avec la parabole des ouvriers envoyés à la vigne,
Jésus veut nous faire entrer dans la culture
de la bienveillance et de la miséricorde,
faite d’attention à la personne.

Les ouvriers de la première heure
revendiquent de recevoir un plus grand salaire
que ceux de la onzième heure.
Et ils invoquent pour cela la justice :
« Les deniers venus n’ont fait qu’une heure,
et tu les as traités comme nous,
qui avons porté le fardeau de la journée,
avec sa chaleur » (v.12).

Travailler à la vigne, sous la chaleur du soleil,
cela est épuisant.
Nous savons bien que quand il fait chaud,
nous n’avons pas le goût de travailler,
la chaleur nous épuise.

Tout travail mérite salaire,
et plus le travail est long et pénible,
plus le salaire est élevé.

Si le maître de la vigne
avait appliqué ce principe de façon stricte,
il n’aurait donné qu’un douzième de denier
aux ouvriers de la onzième heure.

Or, il n’est pas prisonnier de ce principe.
La parabole nous dit comment Dieu est attentif
à chacune de nos personnes dans leur intégralité,
et non notre productivité exclusivement.

Le maître de la vigne, dans la parabole,
démasque la jalousie qui habite le cœur
des ouvriers de la première heure
qui apparemment crient à l’injustice.

Ils revendiquent la justice,
mais leur cœur est sans miséricorde,
plein de jalousie et de jugement.

Ils reçoivent le salaire que le maître leur avait promis,
mais n’admettent pas que d’autres
puissent recevoir plus qu’eux.
Ils n’admettent pas non plus
que le maître puisse faire preuve de bonté
envers les derniers venus en leur donnant plus
que selon le travail qu’ils ont fourni.

Jésus veut nous faire entrer
dans la culture de la miséricorde de Dieu.
Dieu qui fait entrer le bon larron au Paradis,
simplement parce qu’il reconnaît ses fautes
et qu’il lance vers Jésus crucifié avec lui
une parole pleine de confiance.

Dieu qui a suscité des saints et des saintes
qui n’ont pas toujours été saints.
Pensons à sainte Marie-Madeleine, à saint Augustin,
à saint François d’Assise, à saint Ignace de Loyola,
au bienheureux Charles de Foucault.

Autant d’ouvriers de la onzième heure,
qui sont arrivés plus tard que bien d’autres
au travail de la vigne du Seigneur.
Et saint Augustin reconnaîtra lui-même :
« Tard je T’ai aimée, beauté ancienne et toujours nouvelle ».

Mais Dieu n’a pas considéré le nombre d’années de leur vie
que ces hommes et ces femmes ont passé à Le servir.
Il a considéré la pureté de leurs cœurs
lorsqu’ils se sont mis à travailler résolument pour sa vigne.
Et Il les a récompensés en conséquence.

Allons-nous être jaloux parce que Dieu est bon,
parce qu’Il fait passer les derniers en premier
et les premiers en dernier ?
Ou bien entrerons-nous dans sa culture de la miséricorde,
qui n’ignore pas la justice,
mais qui s’intéresse d’abord à la personne et à sa croissance ?

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