FMJ MtlVendredi, 12e Semaine du Temps ordinaire – B
Frère Antoine-Emmanuel
Gn 17, 1.9-10.15.22 ; Ps 127 ; Mt 8, 1-4
26 juin 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Jésus qui vient nourrir notre chair

Abram est devenu Abraham :
le père d’une multitude.
Saraï est devenue Sara, la princesse.

Ils ne sont pas devenus quelqu’un d’autre.
Ils sont devenus eux-mêmes.
Ils sont devenus ce que Dieu avait déposé en eux
et qui attendait de s’accomplir en leur vie.

Paternité universelle pour Abraham.
Maternité toute de beauté, toute princière, pour Sara.

Et toi, es-tu devenu ce que le Seigneur t’appelle à être ?
Ce qui germe en toi depuis si longtemps,
en as-tu pris soin ?
As-tu laissé Dieu accomplir ses promesses en toi
et te mener à la fécondité qui est inscrite
au plus intime de toi ?

La vie ne consiste pas seulement
à traverser le moins mal possible
les jours et les ans.
Il s’agit de descendre en Dieu,
d’unir notre vie à Dieu Lui-même
pour que se développe, se déplie, s’épanouisse
notre vraie personnalité.

Cette vraie personnalité qui est à la fois le Christ en nous
et le plus unique et irremplaçable de nous-même.

En d’autres termes, le reflet unique du Christ
que tu es, que je suis
et qui est fait pour paraître
afin que le Christ paraisse en ce monde.

Mais comment devenir ce reflet unique de Jésus ?
Ne sommes-nous pas couverts de lèpre ?

La lèpre c’est une maladie terrible
qui ravage le visage,
qui défigure toute la personne.
Le lépreux le plus gravement atteint
semble plus un mort qu’un vivant.
Et tout lépreux est un exclu.
Exclu des rires et des danses,
exclu de la table et des fêtes,
exclu de l’amour et même de Dieu,
pensait-on au temps de Jésus.
S’il s’approche des humains,
il recevra des pierres et de la haine…

Mais aujourd’hui une espérance s’est mise à scintiller
dans le cœur du lépreux de Galilée.
Une espérance et un acte de foi extraordinaire.
« À Jésus, à ce Rabbi qui galvanise les foules
et guérit les malades,
je vais remettre totalement ma guérison
ou ma non-guérison. »

« Je ne lui dirai pas : ‘Guéris-moi’ ».
Je lui dirai encore moins : « Je le mérite, guéris-moi ».
Mais je lui dirai : « Tu peux me guérir ».
Je confesserai ma foi en Lui
puisque c’est cela seul qui compte pour Lui.
Et j’ajouterai « si Tu le veux »,
pour que désormais, ma maladie lui appartienne.

Cette lèpre qui détruit mon corps et brise toute relation,
je la lui remets.
Elle va lui appartenir pour toujours.

Je ne suis plus seul à porter le poids de ma misère.
Elle est entièrement remise à son bon vouloir.

Le mal ne sera plus jamais le propriétaire squatteur de ma vie.
C’est Jésus désormais qui, de tout mon être,
sera le Maître et Seigneur.

Alors cet homme, ce pauvre de cœur
s’est mis à refléter le visage de Jésus.
Il est devenu un reflet de Jésus.
Non seulement dans son corps guéri,
mais plus encore en son âme désappropriée d’elle-même,
pour appartenir au Fils de Dieu.

Enfin son vrai visage est apparu
rayonnant de beauté.
Parce qu’il a rencontré Jésus.
Non pas une rencontre lointaine, distante, intellectuelle,
mais une rencontre corporelle, charnelle.
Il s’est jeté de tous ses membres aux pieds de Jésus,
et Jésus a posé sa main sur lui.
La chair a rencontré la chair.
La chair malade a été douchée par la chair du Fils de Dieu.
La lèpre est venue sur Jésus, le Crucifié
pour que le lépreux devienne visage unique du Christ.
Le contact charnel, la chair qui touche la chair,
la chair du Christ qui touche notre chair ;
n’est-ce pas cela l’Eucharistie ?

Sois béni, Seigneur Jésus,
Toi qui T’es anéanti
en ce Pain qui est ta chair
pour venir non seulement toucher,
mais nourrir notre chair,
pour que nous devenions l’unique reflet de Toi
que nous sommes en vérité,
et que nous allons devenir toujours d’avantage.

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