FMJ MtlMardi, 24e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Antoine-Emmanuel
1 Co 12, 12-14.27-31 ; Ps 99 ; Lc 7, 11-17
16 septembre 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Quand notre espérance se réveille et se met à parler

Les paroles de Paul sont très fortes :
« Vous êtes le corps du Christ. » (1 Co 12,27)
Nous sommes tous les membres d’un unique corps.
Non pas par notre bonne volonté ou par une pieuse intention,
mais par notre baptême.
C’est écrit profondément dans notre être.

Je suis un membre irremplaçable du Corps du Christ.
Tu es un membre irremplaçable du Corps du Christ.
Le chrétien réfugié au Kurdistan qui pleure en ce moment,
est membre du Corps du Christ.
Le chrétien de Chine qui aujourd’hui se cache pour prier,
est membre du corps du Christ.

Nous ne pouvons plus nous regarder
comme des individus isolés
qui vivent pour leurs propres intérêts…
Nous sommes déjà liés en profondeurs
à des milliards de frères et sœurs en humanité…

*

Mais ce membre du Corps que je suis,
est-ce qu’il est en santé ?

Est-ce que je suis en santé
ou bien suis-je un membre malade
qui épuise les autres membres du corps ?

Cette question, nous pourrions l’accueillir ce soir
comme un appel à faire un bilan de santé,
et notamment nous poser cette question :
« Comment va mon espérance ? »
et « Comment va notre espérance,
à nous, communauté eucharistique ? »

Comment va mon espérance ?
Cela ne veut pas dire :
« Suis-je optimiste de nature ? »
L’optimisme naturel n’est pas mauvais en soi,
mais il reste très limité
et peut être assorti d’aveuglement
sur les souffrances du monde.

Non… regardons comment va notre vertu théologale d’espérance.
L’espérance c’est :
le Seigneur agit, agira
et accomplira ses promesses.
Et parce qu’Il est le Seigneur,
ce qu’Il prépare est infiniment plus grand et plus beau
que je ne peux le penser et l’imaginer.

Comment va notre espérance ?
N’y a-t-il pas des domaines de notre vie
où notre espérance s’est éteinte ?
Notre regard sur telle personne ?
Sur telle situation ?
Sur tel aspect de notre société, de notre monde ?

Est-ce que nous ressemblons aux disciples d’Emmaüs
qui cheminaient avec un air triste en disant :
« Nous espérions »…
Et notre espérance s’est éteinte…
Là où notre espérance s’est éteinte,
nous ressemblons à cette maman en larmes, veuve,
maman d’un seul garçon qui venait de mourir.
Elle était en larmes
et une foule nombreuse l’accompagnait, lourde de tristesse.
Mon espérance s’est éteinte…
Mais que se passe-t-il
quand Jésus te voit sans espérance ?
Il s’approche.
Jésus s’approche.
Dieu s’approche en Jésus.

Toi, tu marches vers l’enterrement de ton espérance,
Lui t’arrête.
Comment ?
Par son toucher.
Il vient te toucher.
Tu découvres que tu es précieux pour Lui.

Et si tu consens à t’arrêter,
Il te parle.
Sa Parole est Vie…
« Jeune homme, Je te le dis, éveille-toi ! » (Lc 7,14)

Alors le mort se dresse.
Alors l’espérance se relève en toi.
La Parole de Jésus te redonne espérance.
Oui, cette personne est aimée du Seigneur
qui va agir en elle,
et notre regard sur elle change.
Oui, de cette situation, Jésus est Seigneur,
et Il peut faire fleurir la vie sur les débris de nos péchés.
Oui, notre monde est déjà racheté
et le Seigneur sait transformer le mal en bien
où jaillit la douceur, la bonté, la miséricorde.

Au toucher de Jésus, à l’écoute de sa Parole,
notre espérance se réveille…
et elle se met à parler, à témoigner.
L’espérance nous est rendue
comme le fils est rendu par Jésus à sa mère.

*

Frères et sœurs, voilà l’œuvre de Jésus :
le Fils unique porté en Terre
et ressuscité des morts qui nous est rendu,
qui vient vers nous pour réveiller notre espérance.
En lui vraiment, Dieu nous parle,
Dieu nous « visite ».

Seigneur… viens nous visiter !
Que ta « visite » nous transforme ce soir.
Tu es la « grande visite » que désire notre cœur.
Viens en cette Eucharistie
pour que nos cortèges de tristesses
retournent vers la ville en cortège d’espérance.

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