FMJ Mtl3e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – B
Frère Thomas
Jon 3, 1-5.10 ; Ps 24 ; 1 Co 7, 29-31 ; Mc 1, 14-20
25 janvier 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Notre relation à Jésus, source de notre unité

Jésus proclame une Bonne Nouvelle :
« Le règne de Dieu est tout proche ».
Puis Il lance un appel :
« Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle » (Mc 1,15).
Jésus ne force personne à Le suivre,
Il n’argumente pas non plus.
Les seuls signes qu’Il offre pour inspirer confiance,
sont sa présence aux foules,
aux plus affligés d’entre eux en particulier,
et notamment par toutes les guérisons et libérations qu’Il opère.

Dans l’Évangile d’aujourd’hui Jésus appelle Simon et André
puis Jacques et Jean
à marcher à sa suite d’une façon plus étroite.
Là encore, Jésus ne force pas.
Il n’argument pas.
Il les appelle simplement
pour être avec Lui des pêcheurs d’hommes (v. 17)

L’unité des chrétiens, pour laquelle nous prions,
trouve son fondement dans l’appel
que Jésus adresse à chaque être humain, quel qu’il soit.
Cet appel prend un sens particulier
et différent pour chacun, chacune.

Les pièges qui conduisent à la division des chrétiens,
ce sont les jalousies, les rivalités
qui amènent les uns à se comparer aux autres.
« C’est moi le préféré de Jésus, et non pas toi ! »
Autrement dit : « Je suis un vrai chrétien et non pas toi » !
Les apôtres eux-mêmes ont failli tomber dans le piège
lorsqu’ils discutaient entre eux pour savoir qui était le plus grand.
Nous savons comment Jésus les a réprimandés,
en leur disant : « Si quelqu’un veut être le premier,
il sera le dernier de tous et le serviteur de tous » (Mc 9,35).

C’est là un piège pour moi
et c’est aussi un piège pour chacun, chacune d’entre nous.
Au lieu de m’occuper de ma conversion,
je regarde la conversion de mon voisin.
Pourquoi me convertirais-je ?
Et lui, que fait-il/elle pour se convertir ?
Je suis bien meilleur que lui ! Etc.

Si les habitants de Ninive avaient embarqué dans de tels discours,
jamais ils ne se seraient convertis à la prédication de Jonas.
Jamais ils n’auraient cru en Dieu,
ils n’auraient pas annoncé un jeûne,
et ils n’auraient pas non plus pris des vêtements de deuil !

La clef, c’est notre relation à Dieu, notre relation à Jésus.
Si nous répondons à son appel,
si nous décidons de Le suivre,
alors notre vie est en communion d’amour avec Lui.
Notre vie se trouve animée par un Feu qui ne s’éteint pas.
Notre vie se trouve mue par un moteur qui ne s’arrête pas.
Pour tout dire : notre vie a un sens.
Et Jésus nous donne à chacun, à chacune, une mission propre,
qui revient à celle qu’Il a donné aux premiers apôtres :
« Je ferai de vous des pêcheurs d’hommes. »
Non pas des pêcheurs pour dévorer les hommes,
ni pour se les approprier comme des esclaves,
mais pour leur proposer d’embarquer à leur tour
dans le règne de Dieu.

Le règne de Dieu, ce n’est pas une domination,
c’est une circulation sans fin d’Amour.
Cette circulation d’Amour existe en Dieu,
puisque qu’il y a trois Personnes en Dieu car Il est Trinité.

Pourquoi Jésus dit-Il :
« le règne de Dieu est tout proche ? »
Pourquoi ne dit-Il pas
« le règne de Dieu est arrivé » ?
Parce qu’Il manque encore notre engagement à nous à Le suivre,
l’engagement de tous nos frères et sœurs en humanité
pour que le règne de Dieu soit pleinement rendu parmi nous.
Voilà l’œuvre fondamentale de l’unité,
pas seulement des chrétiens, mais de tous les humains.

Mais beaucoup d’humains résistent à cet appel
et moi le premier !
Ils résistent et ils trouvent quantité de bonnes raisons
pour ne pas suivre Jésus.
Déjà du temps de Jésus de Nazareth, dans les Évangiles,
nous entendons : « Il est possédé » (Mc 3,22),
« Il a perdu la tête » (v. 21), « Il égare les foules » (Jn 7,12),
« aucun prophète ne sort de Galilée » (Jn 7,52)
« Il blasphème »,
« c’est un ivrogne et un glouton,
l’ami des publicains et des pécheurs » (Lc 7,34)
« C’est un imposteur », « c’est un malfaiteur »
« Il jette le trouble dans la nation,
empêchant de payer les impôts à César
et se disant Christ Roi » (Lc 23,2).

De nos jours, ce sont les chrétiens qui sont accusés
d’être une religion étrangère (notamment en Asie),
d’avoir falsifié les Écritures en affirmant
que Jésus a été crucifié et qu’Il est Fils de Dieu
et en enseignant qu’Il y a trois dieux
(c’est ce que disent les musulmans à propos de la foi chrétienne),
d’être ennemis du progrès et de la science,
d’être conservateurs en matière de morale et de dogme
(par les athées de l’Occident).
Il y a bien d’autres accusations
portées contre Jésus ou contre les chrétiens.

Elles visent à intimider,
à décourager ceux et celles qui suivent Jésus,
à les faire abandonner.
Mais si nous regardons de près,
toutes ces accusations portent sur des lois, sur des coutumes.
« Il n’a pas le droit de dire ceci, de faire cela,
ils n’ont pas le droit de faire ceci, de dire cela,
de penser ceci ou cela. »

Toutes ces considérations ont en commun de refouler,
de nier – plus ou moins consciemment –
le bien que Jésus, puis les chrétiens, font à l’humanité.
Elles occultent la relation et se retranchent dans la loi,
dans l’interdit ou dans le droit de faire selon nos envies.

Simon et André, Jacques et Jean, eux,
suivent Jésus sans états d’âme, sans murmurer.
Ils ne le suivent pas aveuglément,
car réellement Jésus leur inspire confiance.
Ils ne se laissent pas arrêter ni troubler
par toutes les critiques contre Jésus qu’ils peuvent entendre.
Ils sont fiers de suivre Jésus,
d’avoir choisi de se laisser envoyer par Lui.

Et nous, sommes nous fiers d’être chrétiens ?
Sommes-nous fiers de notre Baptême ?
Sommes-nous aussi conscients de la mission
que nous donne le Christ par notre Baptême ?
Non pas fiers d’appartenir à un groupe, à une religion,
à une culture associée à ce groupe ou à cette religion,
mais fiers de suivre le Christ,
d’être véritablement en relation avec Lui.
Si nous sommes en relation avec le Christ en vérité,
alors nous serons en relation aussi avec tous les autres humains,
sans barrière aucune car le Christ fait de nous
des pêcheurs d’hommes.

Nous rencontrerons de l’opposition, de l’incompréhension,
de l’hostilité, des moqueries et des persécutions.
Nous rencontrerons même de l’opposition en nous
car suivre Jésus prend tout un combat spirituel.
En effet, quand il s’agit de s’ouvrir aux autres,
bien des boucliers se lèvent,
bien des systèmes de défense se mettent en place
autour de nous et en nous.
Mais nous ne répondrons pas à l’hostilité par l’hostilité,
car avec Jésus, avec Dieu,
nous ne voulons pas la mort du pécheur
mais qu’il se convertisse et qu’il vive !

Voilà donc l’unité !
L’unité entre les chrétiens,
l’unité entre tous les humains.
Elle passe par la croix de Jésus Christ
mais c’est une unité véritable,
fondée sur la relation interpersonnelle enracinée en Dieu Trinité.

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