FMJ MtlVendredi, 1ère Semaine de Carême – C
Frère Antoine-Emmanuel
Éz 18, 21-28 ; Ps 129 ; Mt 5, 20-26
26 février 2010
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Notre unique loi : l’amour.

Nous qui portons le beau nom de chrétiens,
nous n’avons qu’un commandement.
Non pas une multitude d’observances,
de prescriptions, de règlements
mais un seul et unique commandement : celui de l’amour.
Nous n’avons rien d’autre à faire qu’à aimer.
Le Seigneur ne nous demande rien d’autre.
Il n’attend rien d’autre.
L’amour, seulement l’amour !
Il n’y a rien d’autre à chercher que l’amour !

Ainsi l’Évangile, et notamment le discours sur la montagne,
n’est pas à prendre
comme une somme de préceptes à accomplir
mais comme un enseignement,
un chemin qui nous conduit à cet unique commandement.
Tout ce que Jésus nous enseigne sur le Mont des Béatitudes
est pour nous acheminer vers la découverte
et l’accomplissement de l’unique commandement.

Ainsi, Jésus nous dit que si notre justice
ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens,
nous n’entrerons pas dans le Royaume des Cieux.
Autrement dit, si nous estimons que nous sommes en règle
quand nous avons satisfait à des observances extérieures
de pratique religieuse et de bon voisinage,
nous ne pouvons entrer dans le Royaume.
Pourquoi ? Parce que la porte du Royaume
ce n’est pas l’observance, c’est l’amour.
Et parce que l’on peut pratiquer la religion sans amour
comme celui qui vient porter son offrande à l’autel
alors que son cœur est plein de rancune…

Et il y a plus, s’arc-bouter sur l’observance peut mener à l’orgueil,
c’est-à-dire au non-amour,
quand on se regarde,
quand on est satisfait de soi
et qu’ainsi on se sépare
et de Dieu dont on n’a plus besoin
et des autres que nous jugeons moins observant que nous.

Alors quelle est cette justice
qui dépasse celle des pharisiens et des scribes ?

C’est la justice de celui qui ne se justifie pas lui même,
qui connaît son incapacité
et l’offre à la miséricorde de Dieu.
C’est la justice de la foi,
la justice de celui qui croit en l’Amour miséricordieux,
qui fait confiance en Dieu.

Nous savons que la moindre colère,
la moindre insulte nous sépare de Dieu
parce qu’elle nous sépare de l’Amour.
Mais nous ne nous désespérons pas
quand nous chutons et rechutons.
Oui, si tu dis à ton frère « renégat »,
tu en répondras à la géhenne de feu (Mt 5, 22).
Si tu murmures contre ton frère,
si tu le juges ou l’accuses,
tu te coupes de l’Amour.
Tu mets Dieu à la porte,
tu l’exclus de ta vie
et c’est cela qui conduit à la géhenne de feu.

Mais si tu te repens,
si tu répares,
si tu pardonnes,
si tu demandes pardon
en croyant fermement en la Miséricorde,
tu es justifié par Dieu et tu retrouves la vie.

Frères et sœurs, l’amour est exigeant.
Aimer sans souffrir, quelle illusion !
Aimer c’est « tout donner et se donner soi-même »
(Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus) ;
« L’amour c’est la joie de souffrir » (Lanza del Vasto).
L’amour est exigeant mais il n’est pas compliqué.
C’est une question de vigilance,
et une question d’obéissance à notre conscience,
à notre cœur profond.

La vigilance, Saint Silouane nous l’enseigne ainsi :
« Une fois, c’était encore au début,
par manque d’expérience
j’acceptai une pensée impure.
J’allai chez mon confesseur et lui dit :
‘J’ai accepté une pensée impure.’
Mon confesseur me dit :
‘n’en accepte jamais plus.’
Depuis cette époque, quarante cinq ans ont passé,
et je n’ai pas une fois accepté une pensée impure,
je ne me suis jamais mis en colère contre quelqu’un,
car mon âme se souvient de l’amour du Seigneur
et de la douceur du Saint-Esprit,
et j’oublie les offenses. »

Veiller et obéir à notre conscience.
Les Pères de l’Église ont souvent compris
l’appel de l’Évangile d’aujourd’hui
à s’accorder avec son adversaire
pendant que l’on est en chemin (Mt 5,25)
comme un appel à écouter notre conscience
qui nous dénonce le non-amour en nous
et à accorder nos pensées, nos paroles et nos actes
avec ce que nous dit notre conscience.

Obéissance à notre conscience ;
mieux encore obéissance à l’Esprit qui habite en nous.
Si nous vivons cela, nous découvrirons
que nous ne sommes pas,
nous ne sommes plus condamnés à pécher :
Dieu n’a donné à personne licence de pécher (Si 15,20).
Nous pouvons vivre dans l’amour vrai,
l’amour dans la dimension de la croix. Comment?
Par l’écoute de l’Esprit Saint.
Notre unique loi, celle de l’amour, est là :
C’est l’obéissance à cette loi intérieure qu’est l’Esprit.
Si tu veux ne plus pécher invoque l’Esprit.
Mieux, si tu veux aimer, demande l’Esprit.
Si tu veux pardonner, demande l’Esprit.
Si tu veux que ta vie ne soit plus qu’amour et vérité,
abandonne-toi au souffle imprévisible de l’Esprit.
Alors le voile qui aujourd’hui encore couvre ton cœur, sera ôté,
alors, tu refléteras la gloire du Seigneur,
sa gloire, c’est-à-dire sa présence aimante.
Tu seras transfiguré en son image
avec une gloire de plus en plus grande. (2 Co 3,18)
Oui, le Dieu qui a dit
La lumière brillera au milieu des ténèbres
a lui-même brillé dans nos cœurs
pour faire resplendir la connaissance de sa gloire
qui rayonne sur le visage du Christ (2 Co 4,6).

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