FMJ MtlJeudi, 14e Semaine du Temps ordinaire – B
Frère Antoine-Emmanuel
Gn 44, 18-21.23b-29 ; 45, 1-5 ; Ps 104 ; Mt 10, 7-15
9 juillet 2015
St-Gervais, Paris

Paix à toi !

Elle n’est pas banale la mission
que Jésus confie à ses douze apôtres :
« Les infirmes, guérissez-les !
Les morts, réveillez-les !
Les lépreux, purifiez-les !
Les démons, jetez-les dehors ! » (Mt 10, 8)

Mais comment les apôtres
– et les chrétiens que nous sommes –
pourront-ils accomplir de tels signes ?

Guérir les infirmes, réveiller les morts,
purifier les lépreux et chasser les démons,
cela ne s’improvise pas,
et cela ne s’apprend pas dans des livres.

Comment s’y prendre ?

Jésus ne nous laisse pas dans l’ignorance,
parce qu’après ces quatre ordres de mission,
Il ajoute une phrase qui en est la clé :
« Gratuitement, en pur don, vous avez reçu ;
gratuitement, en pur don, donnez ! » (id.)

Il s’agit donc de donner gratuitement
parce que nous avons reçu gratuitement.

Celui qui ne reçoit pas ne pourra pas donner…

En d’autres termes,
nous guérirons des malades,
nous ressusciterons des morts,
nous purifierons les lépreux
et chasserons les démons
si d’abord nous-mêmes nous nous laissons
guérir, ressusciter, purifier et exorciser.

Il y a là une dynamique formidable :
nous laissons Jésus agir en nous pour que demain,
Il puisse agir dans les autres à travers nous !

Nous permettons à Jésus de nous restaurer,
de nous relever de toutes nos morts,
pour qu’ensuite nous soyons ses instruments de choix
pour que beaucoup goûtent la même joie !

L’Évangile est une puissance de vie
qui traverse ainsi l’humanité
restaurant, relevant, guérissant, purifiant
tous ceux et celles qui laissent Jésus les visiter…

Chacun, chacune de nous,
nous pouvons être le relais de cette onde de vie…

À une condition :
que nous disions un oui de tout notre être
à Jésus notre Sauveur.

Nous ressemblons en réalité
aux frères de Joseph, n’est-ce pas ?
Les frères de Joseph savent bien
qu’ils ont rejeté leur cadet
parce qu’ils le jugeaient trop aimés de Jacob, leur père.
Ils l’ont vendu pour vingt pièces d’argent
le jetant dans l’esclavage en terre étrangère.

Et quand bien des années plus tard,
ils se retrouvent face à Joseph
qui est devenu Premier ministre d’Égypte,
que leur dit Joseph :
« Je suis Joseph votre frère, que vous avez vendu.
Mais maintenant ne soyez pas tristes
et ne vous fâchez pas de m’avoir vendu,
car c’est pour préserver vos vies
que Dieu m’a envoyé en avant de vous » (Gn 45, 4-5).

Celui que nous avons rejeté et mis à mort,
c’est Lui qui nous sauve.

Lui que nous avons méprisé,
ne nous lapide pas,
ne nous anéantit pas,
ne nous méprise pas,
Il nous sauve !
Comme si Jésus nous disait :
Je suis Jésus votre Frère.
En face de ma croix ne soyez pas tristes et amers,
parce que c’est le Père qui M’a envoyé
vous racheter par mon Sang.

Nous sommes là au cœur du Mystère pascal.
C’est là joie inouïe
de nous découvrir aimés, préférés, choyés
au point que le Sang que nous avons versé
devient le Sang qui nous lave et nous libère.

Combien de fois avons-nous – ai-je – mis Jésus en Croix,
ne serait-ce que par nos indifférences et nos omissions ?
Et Il ne cesse pas de nous dire :
« Je suis Jésus votre Frère » et votre Sauveur !

Alors sa Paix,
c’est-à-dire sa puissance extraordinaire de réconciliation
nous saisit de l’intérieur.
Une Paix plus forte
que toutes nos inquiétudes sur nous-mêmes,
plus forte que toutes nos hontes,
plus forte que le souvenir de nos péchés.
Cette Paix nous rassemble intérieurement,
nous recrée, nous ressuscite.

Et c’est alors cette Paix-là
que nous portons autour de nous,
parfois même sans nous en rendre compte.
Car celui ou celle qui est pacifié par le Christ
est pacifiant.

Quand vous entrez dans une maison,
saluez-là en disant « Shalom », « Paix »
nous dit Jésus aujourd’hui.

Seigneur Jésus,
Tu connais les agitations, les troubles, les hontes
qui habitent nos cœurs.
Par ton Eucharistie,
par ce Pain en lequel Tu T’anéantis
pour venir nous visiter,
emplis-nous de ta Paix
pour que nous en soyons contagieux,
pour que nous la portions
à tous ceux et celles qui T’attendent,
qui nous attendent.

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