FMJ MtlLA SAINTE TRINITÉ – C
Frère Thomas
Pr 8, 22-31 ; Ps 8 Rm 5, 1-5 ; Jn 16, 12-15
26 mai 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Passionnante Trinité !

Le célèbre philosophe allemand Emmanuel Kant affirmait,
à la fin du XVIIIe siècle :
« de la doctrine de la Trinité, prise à la lettre,
il n’y a absolument rien à tirer pour la pratique. »
Comment pourrions-nous nier
que la foi en Dieu Père, Fils et Saint Esprit
n’ait aucune influence sur notre vie humaine,
puisque nous sommes créés à l’image de Dieu !

Le Dieu auquel nous chrétien nous croyons
n’est pas un Dieu perché sur les nuages,
ni un Dieu dominant,
ni un Dieu incompréhensible,
ni un Dieu évanescent. Non !
C’est un Dieu qui vaut la peine d’être accueilli,
qui vaut la peine d’être étudié,
qui vaut la peine qu’on s’intéresse à Lui
précisément parce qu’Il est Trinité :
c’est à dire communion de personnes
ouvrant à la fécondité, à la vie en expansion.

Les Lectures choisies par la liturgie pour cette fête
nous parlent abondamment de Dieu Trinité.
Je vous propose de retenir trois aspects de Dieu Trinité
qui nous concernent au plus haut lieu.
La Trinité dans notre Création,
dans le don qui nous est fait de la vie.
La Trinité dans notre rédemption,
dans le salut qui nous est offert.
Et la Trinité dans notre sanctification,
qui nous rend semblables à Dieu.

Voilà la première Lecture qui nous parle
aujourd’hui de la Sagesse créatrice.
C’est ici le livre des Proverbes :
il fait partie de ce qu’on appelle dans la Bible
les Livres sapientiaux. »
Ces livres parlent de la Sagesse… sans cesse.
La Sagesse y revient constamment,
comme un leitmotiv. La Sagesse !

Sapientia en latin : du verbe « sapere » goûter.
La Sagesse ici nous donne donc le goût de Dieu.
Et voilà que dans notre Lecture
la Sagesse est présentée comme une personne
associée à Dieu dans son œuvre de Création :
J’étais à ses côtés comme le maître d’œuvre,
je faisais ses délices, jour après jour (Pr 8,30).

Frères et sœurs, nous qui sommes des créatures de Dieu,
nous les humains qui sommes le chef-d’œuvre de sa Création,
nous avons été créés dans les délices de la Sagesse de Dieu !
Plus que cela : la Sagesse trouve ses délices parmi nous !
Comme on est loin ici
de notre prétendue arrivée en ce monde « par hasard ».
Non ! Nous ne sommes pas le produit du hasard !
Notre monde, et nous qui en faisons partie,
avons été créés d’un dessein bienveillant de Dieu,
par Sa Parole, dans Son Souffle.

« Le Père nous a choisis en son Fils
– dit Saint Paul dans son épître aux Éphésiens –
dès avant la fondation du monde,
déterminant d’avance que nous serions pour Lui
des fils adoptifs par Jésus Christ. » (Ép 1, 4-5)

La Création, notre Création, est une œuvre éminemment trinitaire.
Elle ne vient pas d’un principe divin monobloc,
impersonnel ou tyrannique.
Elle vient d’une communion d’Amour entre les personnes divines.
Le Père, en se donnant au Fils, dans l’Amour du Saint Esprit,
crée la vie.
L’amour de Dieu, l’amour en Dieu est fécond,
il se démultiplie.
Sinon, il ne serait pas de l’amour !

Les Personnes de la Trinité sont différentes
les unes par rapport aux autres,
chacune à sa place,
Elles sont complémentaires.
Chacune permet à l’Autre d’être Elle-même.
Si le Père est Père, c’est grâce au Fils.
Si le Fils est Fils, c’est grâce au Père.
Si l’Esprit Saint est Esprit Saint,
c’est grâce à l’amour entre le Père et le Fils, etc.
Et c’est ainsi dans la différence, dans la séparation, que Dieu crée :
la lumière, les ténèbres, le ciel, la Terre,
les poissons, les oiseaux, les animaux de la Terre
et finalement Dieu crée l’homme à son image,
homme et femme : différents, complémentaires,
chacun avec sa spécificité, en vue de la communion,
et pour la fécondité, pour la procréation, pour la vie.

La détresse produit la persévérance
– nous dit Saint Paul aujourd’hui –
la persévérance produit la valeur éprouvée ;
la valeur éprouvée produit l’espérance ;
et l’espérance ne trompe pas,
puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs
par l’Esprit Saint qui nous a été donné (Rm 5,3-5).

Si la Trinité agit dans notre création,
Elle agit aussi dans notre rédemption,
dans notre salut.
« Dieu a tant aimé le monde
qu’Il a donné son Fils unique (…) (Jn 16,16)
Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde,
mais pour que le monde soit sauvé par Lui » (v. 17).

C’est l’obéissance du Fils au Père, dans l’Esprit Saint,
qui nous sauve de notre désobéissance.
Communion ne signifie pas fusion.
Chacune des Personnes a sa volonté,
et cela peut coûter parfois pour que les deux volontés s’ajustent.
Pensons à Jésus au Gethsémani,
qui suppliait le Père que la coupe si douloureuse de sa Passion s’éloigne de Lui ;
mais cependant, que ce soit la volonté du Père qui se fasse.
Ce n’est pas parce que de la souffrance apparaît,
quand deux volontés ne vont apparemment pas dans le même sens,
que les deux personnes doivent se séparer.
Dans le mystère de la Rédemption,
Dieu Trinité nous montre le caractère fécond
que peut prendre la souffrance quand elle est offerte par amour.
La révolte, la démission ne sont jamais des solutions durables :
elles finissent par nous isoler, par nous couper de Dieu,
la source de notre amour, de notre vie.
En mourant sur la croix, le Fils s’abandonne au Père
et répand l’Esprit sur le monde.
Le meurtre de Dieu devient source de Vie pour le monde entier
à commencer par les plus petits,
par les plus pauvres, par les plus souffrants.
La détresse produit l’espérance : et l’espérance ne trompe pas !

« Quand Il viendra, Lui, l’Esprit de Vérité – dit Jésus –
Il vous guidera vers la vérité tout entière ». (Jn 16,13)
Si le Père a envoyé son Fils pour sauver le monde,
en un lieu et en un temps,
Il nous donne aussi son Esprit Saint pour nous sanctifier,
en tout lieu et en tous temps.
« Tous ceux qu’anime l’Esprit de Dieu sont fils et filles de Dieu.
Vous avez reçu un esprit de fils adoptif qui nous fait nous écrier :
« Abba ! Père ! » (Rm 8, 14-15)
Après nous avoir créés, après nous avoir sauvés,
Dieu Trinité nous sanctifie
pour que nous soyons semblables au Fils, unis à Lui
pour que nous entrions dans Sa famille !
« C’est là le dessein bienveillant
que le Père avait formé dans le Fils par avance,
dit Saint Paul dans son épître aux Éphésiens
pour le réaliser quand les temps seraient accomplis :
ramener toutes choses sous un seul Chef, le Christ,
les êtres célestes comme les terrestres » (Ép 1, 9-10).

Non pas pour nous voler notre liberté !
Au contraire, pour nous donner davantage de liberté.
Car si l’Esprit de Vérité nous anime, nous sommes libres,
car la vérité rend libre.
Seuls les saints sont véritablement libres, épanouis et joyeux !

Ainsi donc, la Trinité n’est pas une invention des théologiens
pour alimenter leurs spéculations intellectuelles.
C’est la réalité passionnante de notre Dieu.
Notre Dieu qui est famille,
qui nous a créés,
qui nous a sauvés
et qui nous sanctifie pour nous faire entrer dans sa famille !

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