FMJ MtlSainte Kateri Tekakwita, vierge, 1680
(Mercredi, 3e Semaine de Pâques – C)
Frère Thomas
Rm 12, 1-2 ; Ps 118 ; Mt 12, 45-50
17 avril 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Une patronne pour la Nouvelle évangélisation

Voilà, depuis moins un an, que notre continent américain
offre à toute l’Église, et au monde entier,
deux figures marquantes de vie en Christ pour notre temps.
Tout récemment, il y a eu l’élection du pape François,
venu d’Argentine, de parents européens.
Et en octobre dernier, il y a eu la canonisation
de Kateri Tekakwita, de parents amérindiens.

C’est comme si le Seigneur voulait dire
quelque chose à notre monde, à travers ces deux figures,
sur la simplicité, l’humilité et la radicalité de l’Évangile.

Ste Kateri Tekakwita est très actuelle
pour ce qui est de la Nouvelle évangélisation.
De par la liberté dont elle a fait preuve
dans sa famille et dans son peuple,
pour vivre sa vie de chrétienne.
De par la fraternité universelle qu’elle a vécue,
avec son peuple et avec les colons français.
De par l’Écologie, le respect de la création dont elle a témoigné :
Amérindienne respectueuse de la nature,
et chrétienne respectueuse du corps humain.

La Nouvelle évangélisation dont l’Église parle en ce moment
n’est pas une tentative de reconquête de l’influence perdue.
Elle consiste simplement à laisser le Christ, à travers nos vies,
témoigner de sa puissance de résurrection.
Elle est simplement charité, car notre monde se meurt
de n’avoir de perspective qu’en cette vie de cette terre, si limitée !
Ainsi Kateri, de mère Algonquine chrétienne
et de père Iroquois non chrétien,
a vécu dans la tribu des Iroquois Agniers païens.

Assidues aux tâches domestiques, charitable et affable,
elle désapprouvait néanmoins les cruautés
et les impuretés dont elle pouvait être témoin.

Catéchisée par des pères jésuites, puis baptisée à l’âge de 20 ans,
elle s’attacha à vivre de la prière, de l’Eucharistie, et de la chasteté.
Le dimanche, ses tantes ne lui donnaient pas à manger,
parce qu’au lieu de travailler avec elles, elle allait à la messe :
quelle actualité pour bien des personnes aujourd’hui !
D’elle, Jésus pouvait volontiers dire :
« celle qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux,
celle-là est pour Moi une soeur et une mère ! »

Et surtout Kateri, en accord avec son père spirituel,
se consacra dans la virginité,
sans pour autant entrer dans une communauté religieuse.
Elle résista pour cela aux pressions de sa famille
qui voulaient absolument la voir mariée à un jeune homme…
comme les autres filles de son peuple !
En cela Kateri peut être une véritable sainte patronne
pour la Nouvelle évangélisation …
qui consiste d’abord en la force du témoignage de vie des chrétiens
au cœur d’un environnement païen.

Kateri, de mère Algonquine, de Père Iroquois,
fréquentant des missionnaires Jésuites français…
a vécu toute une fraternité universelle.
En étant aussi soutien pour la vie chrétienne
de bien des hommes et des femmes de son peuple
– certains sont morts martyrs, massacrés par les leurs ! –
en étroite collaboration avec les pères jésuites…
Kateri a vécu dans une belle complémentarité
entre l’homme et la femme,
créés à l’image et à la ressemblance de Dieu.

En cela aussi, Kateri peut-être véritablement sainte patronne
pour la Nouvelle évangélisation
qui ne veut plus des divisions entre peuples,
ou des luttes de pouvoir entre sexes.
Car en Jésus, il n’y a ni Juif, ni Grec, ni Iroquois,
ni Algonquin, ni Français, ni homme ni femme,
tous ne font qu’un, étant membres chacun pour sa part.

Kateri est fille des Amérindiens,
proches et respectueux de la nature et de la Création.
Dieu a confié la Création aux humains,
non pour qu’ils la dominent ni la maltraitent,
mais pour qu’ils la gèrent avec respect
car ils ne l’ont pas créée.
Bien des humains sur notre Terre sont aujourd’hui
sensibles à l’écologie de la nature, et cela est heureux.
La Nouvelle évangélisation veut aussi
rappeler le respect de l’écologie humaine.
Non seulement l’être humain n’est pas l’auteur de la Création,
mais il en fait lui-même partie.
S’il prétend pouvoir disposer de son corps selon ses envies,
s’il prétend disposer des lois de la vie, de la mort
et de la génération à son gré,
il manque quelque chose d’essentiel à son écologie !
Comment pourra-t-il prendre soin de la planète
s’il ne prend pas soin de lui-même !
En cela Kateri Tekakwita peut encore être
une véritable sainte patronne,
elle qui refusa catégoriquement les cruautés envers les corps
que pratiquait son peuple, ainsi que les impuretés.

Que Ste Kateri Tekakwita, intercède
pour la Nouvelle Évangélisation.
Chrétienne au cœur d’une nation païenne,
vivant la fraternité universelle,
vivant l’écologie de la nature et de l’humain.

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