FMJ MtlSamedi, 5e Semaine de Pâques – B
Frère Thomas
Ac 16, 1-10 ; Ps 99 ; Jn 15, 18-21
9 mai 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Les chrétiens, persécutés par ceux qui ne connaissent pas le Père

Est-il vrai que le monde a de la haine contre nous ?
En faisons-nous l’expérience dans nos vies ?
Non pas entrer dans des discussions sans fin,
des chicanes en raison de convictions religieuses différentes.

Jésus parle ici de l’antipathie, de la haine gratuite
que des personnes peuvent nourrir contre nous,
simplement en raison de notre foi en Jésus Christ,
de notre vie de prière et des choix de vie concrets
que notre foi nous amène à poser.
C’est le martyre, c’est-à-dire
le témoignage donné à Jésus-Christ
qui a toujours caractérisé les chrétiens
depuis qu’ils existent.

Et Jésus nous en donne la raison :
« Si le monde a de la haine contre vous,
sachez qu’il en a eu d’abord contre Moi
» (Jn 15,18).
Jésus est le premier martyr,
dont l’enseignement et le comportement
ont déplu aux notables religieux d’Israël.
Non pas parce qu’Il Se serait mal conduit,
qu’Il aurait mené de mauvaises actions
ou qu’Il aurait enseigné des erreurs
ou des choses dépourvues de bon sens,
mais parce qu’Il ne parlait ni n’agissait comme eux le faisaient.

L’Histoire s’est bien vite répétée :
Saul a persécuté les chrétiens,
simplement parce que leur foi ne lui plaisait pas.
Les autorités civiles de l’empire romain païen
ont persécuté à mort les chrétiens,
parce qu’ils refusaient de prendre part au culte de l’empereur.
Puis, en tout temps, dans toutes latitudes,
il s’est trouvé des personnes – ou des groupes de personnes –
qui ont persécuté des chrétiens
parce que leur mode de vie les dérangeait,
ou leur faisait peur.

Nous vivons de nos jours la persécution programmée,
effroyable parfois, qui prend les allures
d’un véritable génocide,
de l’État islamique contre les chrétiens.
Là encore, leur seul crime c’est d’être chrétiens,
de ne pas vouloir embrasser l’islam
– la caricature de l’islam plutôt –
que leurs oppresseurs veulent leur imposer.

Ici, au Québec – Dieu merci –
les chrétiens ne risquent ni leur vie ni leur liberté,
mais ils peuvent trouver dans la population
– parfois parmi leurs proches –
des personnes qui leur font subir la moquerie,
la raillerie, le mépris – voire parfois le harcèlement,
en raison de leur foi.

Et Jésus nous donne la raison de toutes ces persécutions,
de toutes ces humiliations :
« Si vous apparteniez au monde,
le monde vous aimerait, car vous seriez à lui.
Mais vous n’appartenez pas au monde,
puisque Je vous ai choisis
en vous prenant dans le monde
» (Jn 15,19).
Curieux cette expression « monde »
utilisée par Jésus dans l’Évangile selon saint Jean.

Jésus n’a pas de haine contre le monde,
que le Père a créé et dont Il dit Lui-même :
« Dieu a tant aimé le monde
qu’Il lui a donné son propre Fils
» (Jn 3,16).
Mais Jésus a bien conscience que la vie qu’Il propose
n’est pas selon l’esprit du monde tel qu’il est.
Un chrétien qui prend sa foi au sérieux
va vivre l’amour universel, le pardon !
Cela va souvent à l’encontre de l’esprit du monde
qui classe vite les personnes par catégories
et qui souvent les identifie à leurs fautes.

Un chrétien qui prend sa foi au sérieux
va se soucier en priorité des pauvres,
des malades, des petits, des nécessiteux ;
alors que l’esprit du monde ne fera que le minimum
pour toutes ces personnes dont la présence
gène la course aux richesses et au bien-être.

Un chrétien qui prend sa foi au sérieux
aura à cœur de respecter les personnes
en leur intégrité, en leur corps ;
alors que l’esprit du monde voudra profiter des personnes,
pour les avantages, le plaisir ou les richesses
qu’elles pourront apporter.

Donc ne soyons ni surpris ni inquiet si, chrétiens,
nous sommes témoins ou victimes de persécutions.
C’est un bon signe.
Cela signifie que nos vies témoignent du Christ.
Et prenons garde au piège de tenir tête aux gens
qui persécutent ainsi gratuitement.
Nous ne les vaincrons pas par notre haine contre eux,
mais par notre amour pour eux.

« Ils nous traiteront ainsi à cause de Jésus,
parce qu’ils ne connaissent pas le Père
qui L’a envoyé » (cf. v. 21).
S’ils connaissaient le Père,
ils ne nous traiteraient pas ainsi.
C’est lorsque Saul a fait la connaissance de Jésus
et par Lui du Père, qu’il a cessé de persécuter les chrétiens.

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