FMJ MtlJEUDI DU TEMPS DE NOËL – C
Frère Thomas
1 Jn 4, 19 – 5, 4 ; Ps 71 ; Lc 4, 14-22
10 janvier 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Puissance de la Parole

Hier, sœur Pamela nous parlait de la Parole de Dieu
qui se manifeste dans la liturgie,
à travers nos cinq sens.
Nous avons un exemple
de cette manifestation de la Parole dans la liturgie,
dans l’Évangile que nous venons d’entendre.

Dans la liturgie de la synagogue de Nazareth,
Jésus dit une parole pleine de grâce
et beaucoup lui rendent témoignage.
Sa Parole fait autorité
car elle est en accord avec ses actes.
Certains cependant n’accueillent pas sa Parole.

Nous continuons dans la série
des manifestations de la gloire du Seigneur
en cette semaine qui nous conduit
de l’Épiphanie au Baptême du Seigneur.
Aujourd’hui Jésus manifeste sa gloire
simplement par sa Parole.
Il la proclame dans la synagogue.
Il avait l’habitude d’aller à la synagogue le shabbat,
dans la ville où il avait grandit, Nazareth.
Il y était connu et apprécié,
car c’est bien volontiers qu’on Le laisse faire
la lecture de l’Écriture Sainte et la commenter.
En effet tout homme juif adulte
pouvait ainsi faire la lecture et la commenter.

Quand Jésus a fini la lecture,
tous avaient les yeux fixés sur Lui.
Ils attendaient son commentaire.
Certainement les commentaires de Jésus étaient appréciés,
comme ses questions et ses réponses avaient été appréciés
par les docteurs de la Loi au Temple de Jérusalem,
quand Jésus avait 12 ans.
Mais voilà que cette fois
son commentaire est différent des autres.
Il est très court : une phrase !
C’est l’homélie la plus courte de l’Histoire
– disait un jour un prêtre.
Et quelle phrase : « Cette Parole de l’Écriture
– cette Parole du prophète Isaïe :
« l’Esprit du Seigneur est sur moi…
Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres » (Lc 4,18).
« Cette Parole que vous venez d’entendre,
c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. » (v. 21)
Autrement dit : « En Moi, Jésus de Nazareth
qui vous parle en ce moment,
en Moi qui ai grandi dans votre ville ;
en Moi que vous connaissez bien ;
en Moi, aujourd’hui,
cette Parole du prophète Isaïe s’accomplit.

C’est une prophétie messianique :
Jésus signifie ainsi
qu’Il est le Messie annoncé par les prophètes.
Voilà une parole forte !
Une parole pleine de grâce !
Jésus a prononcé quantité d’autres paroles de ce type :
« Mon Père est toujours à l’œuvre,
et Moi J’œuvre aussi » (Jn 5,17).
« Mon enfant, aie confiance,
tes péchés sont remis » (Mt 9,2).
« Je suis la lumière du monde » (Jn 8,12).
« Je suis la Résurrection et la Vie » (Jn 11,25 ; 14,6).
« Le Père et Moi nous sommes Un » (Jn 10,30).

Toutes ces paroles, uniques au monde,
si pleines de grâce, qu’aucun prophète,
qu’aucun sage n’a jamais prononcées,
toutes ces paroles ont été dites par Jésus
de façon solennelle, digne, liturgique.
Le plus souvent c’est au Temple de Jérusalem
qu’elles ont été prononcées.
Elles nous arrivent par tous nos sens :
nous les entendons, les voyons,
les touchons, les sentons, les goûtons.
Mais que seraient-elles
si elles n’étaient pas accompagnées d’actes
en accord avec elles chez celui qui les dit !

Tous lui rendaient témoignage (Lc 4,22).
En effet Jésus opérait quantité de signes, de guérisons.
Et surtout Jésus déployait la charité, la bonté de Dieu !
Saint Jean nous dit aujourd’hui,
dans sa première lettre
celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit,
est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas (1 Jn 4,20).

C’est parce que Jésus est vraiment un homme de Dieu,
qui aime les humains, spécialement les plus pauvres ;
plus encore, Jésus aime et agit comme Dieu.
C’est pour cela qu’il est légitime
que Jésus parle comme Dieu parle.
« Seul l’amour est digne de foi »
disait le théologien Hans Urs Von Balthasar.

C’est pour cela que nous pouvons
mettre toute notre foi dans les Paroles de Jésus.
Elles ont un poids de vérité,
même si à première vue,
elles peuvent sembler extravagantes.
Nous pouvons alors vivre notre foi
en l’exerçant à notre tour dans la charité.
Jésus nous dit que si nous croyons en Lui,
nous ferons même des œuvres plus grandes que Lui.

Nous connaissons cependant la suite de l’Évangile
que nous venons d’entendre :
les habitants de Nazareth
n’acceptent pas ces paroles de Jésus,
car ils les trouvent présomptueuses
de la part de quelqu’un
qu’ils ont vu grandir parmi eux.

Ils vont aller jusqu’à Le chasser de leur ville.
C’est le mystère de la liberté humaine.
C’est en raison de ses paroles et non de ses actes
que Jésus a été condamné à mort.
Jésus n’a fait que du bien.
Si les chefs des prêtres en Israël L’ont fait condamner,
c’est parce que selon eux,
Il a blasphémé en raison de ses paroles.
Ils n’ont pas su accueillir ses paroles
comme des paroles de grâce
car elles leur faisaient peur.

De nos jours bons nombre de personnes
n’accueillent pas la Parole de Jésus,
parce qu’elle leur fait peur :
elle appelle à une conversion de vie.
Alors toutes sortes de raisons sont invoquées
pour ne pas avoir à accueillir la Parole de Jésus ;
dans nos pays occidentaux,
on invoque aujourd’hui les péchés passés
de certains chrétiens ou responsables ecclésiaux,
comme si on cesserait d’avoir recours à la médecine
parce que certains médecins
auraient par le passé mal agi avec nous !

Mais la Parole de grâce de Jésus
réussit toujours à traverser
même les ténèbres qui la rejettent !

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