FMJ Mtl22e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – C
Frère Thomas
Si 3, 17-18.20.28-29 ; Ps 67 ; Hé 12, 18-19.22-24a ; Lc 14, 1a.7-14
1er septembre 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

 

Quand tu es invité à des noces…

« Quand tu es invité à des noces… »
Jésus, dans la gratuité de son amour et de son appel,
adresse à chacun, à chacune d’entre nous,
une invitation.
Il adresse à tout homme, à toute femme
l’invitation à ses noces éternelles.
Mais nous ne sommes pas seuls à être invités.
Jésus, en nous appelant à choisir la dernière place,
veut nous prémunir contre l’esprit de revendication, de rivalités,
qui crée des divisions dans la communauté.
Mais plus encore Jésus nous donne l’exemple
en choisissant la dernière place.

Toute l’Histoire du salut est l’Histoire de Dieu
qui invite les humains à un repas de noces.
C’est un appel gratuit.
Depuis l’appel adressé à Abraham
jusqu’à l’appel universel à la sainteté en Jésus.
Dieu n’invite pas les humains en raison de leurs mérites.
Abraham n’avait aucun mérite quand Dieu l’a appelé.
Et tout au long de l’Histoire biblique
Dieu n’a de cesse d’inviter le peuple d’Israël
encore et encore à la conversion,
en vue du festin des noces qu’Il leur prépare.

Et Jésus, dans l’Apocalypse,
Se présente comme Celui qui frappe
à la porte du cœur de tout homme, de toute femme,
pour prendre son souper avec lui.
La gratuité et l’insistance de l’invitation de Dieu
à l’égard des humains est bouleversante !

Et aujourd’hui, les cloches des églises de part le monde
sont autant de relais de cet appel du Christ à l’humanité.
Le témoignage des chrétiens, des martyrs,
et notamment celui des pasteurs, des évêques, du pape,
manifeste encore l’insistance de l’invitation du Christ.

Pourquoi cette gratuité ?
Pourquoi cette insistance ?
Parce que Dieu est amour,
et donc son Être est de rayonner, de partager, d’inviter.

Si donc Dieu invite,
invite aux noces de son Fils dans la Jérusalem céleste,
c’est un peuple nombreux qu’Il invite.
Dès lors, dans quelles dispositions intérieures
ceux et celles qui seront invités vont-ils venir ?
Il y a le risque – si je suis invité par Dieu,
au Baptême, à la messe, à la vie en Église, en communauté –
il y a le risque que je ne voie plus,
que je ne considère plus les autres
qui comme moi sont invités.
Même si l’Église vient du Ciel,
sur la Terre elle garde son caractère humain,
comme les autres groupes humains.

Si Ben Sirac le Sage disait déjà :
« Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser :
tu trouveras grâce devant le Seigneur » (Si 3, 18)
combien plus de telles dispositions
doivent se rencontrer dans l’Église de Jésus Christ.
Même si l’appel de ses membres vient d’abord de Dieu,
le risque existe toujours dans l’Église,
le peuple de Dieu, de se laisser gagner
par l’esprit de revendication, de rivalité, de jalousie.
C’est au contraire l’Esprit Saint,
l’esprit de charité et d’humilité, qui doit nous animer.

Comme nous ne savons pas quelle est la place
que Dieu nous a assignée dans son Église,
dans son Royaume – disait Saint Bernard –
il importe alors pour nous de choisir la dernière place
(ainsi que Jésus nous le commande),
afin de ne pas devoir pleins de honte
reculer parce qu’un autre devra occuper notre place.
Si nous choisissons la dernière place,
c’est un acte libre que nous posons.

Prenons garde aussi à la fausse humilité
qui n’est qu’un orgueil déguisé : nous nous abaissons
en vue de trouver quelqu’un pour nous élever.
Ce n’est pas Dieu alors qui nous élève, c’est nous.
Mais comment pourrons-nous, sans nous tromper,
choisir librement et véritablement
cette dernière place à laquelle Jésus nous appelle ?

Nous pouvons considérer que si Jésus nous commande cela,
c’est parce que Lui le premier l’a vécu.
« Il S’anéantit Lui-même – écrit Saint Paul –
Il S’humilia, obéissant jusqu’à la mort
et à la mort sur une croix ! ». (Ph 2,8)

Jésus a tellement prit la dernière place
– disait l’abbé Huvelin à Charles de Foucault –
que nul ne pourra jamais la Lui ravir.
Et pourquoi Jésus a-t-il pris la dernière place ?
Précisément parce qu’Il invite largement à ses noces.
Si les humains se méfient parfois de l’invitation de Dieu,
c’est parce qu’ils ont peur de ne pas y avoir de bonnes places.
Eh bien, le Fils de Dieu Lui-même les fait monter,
en prenant la dernière place.
Dès lors, en L’imitant, Lui, Jésus,
nous ne pourrons qu’être élevés par Lui.
Lui nous indiquera par son Esprit Saint
où est notre dernière place…
et de là, Il nous fera monter à la place
que le Père a de toute éternité préparée pour nous.
Selon la parole de Jésus
« dans la maison de mon Père,
il y a de nombreuses demeures » (Jn 14,2).
Et nous pourrons à notre tour, à la suite de Jésus,
inviter dans notre vie des pauvres, des malades, des estropiés…
car nous-mêmes aurons été le pauvre, le malade, l’estropié
invité par Jésus dans son Royaume.

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