FMJ MtlJeudi, 4e Semaine de Carême – A
Frère Antoine-Emmanuel
Ex 32, 7-14 ; Ps 105 ; Jn 5, 31-47
7 avril 2011
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Quatre témoignages

C’est de quatre témoignages que bénéficient
les autorités religieuses contemporaines de Jésus,
ceux que Saint Jean appelle les Juifs ou les judéens (Jn 5,18)
et qui sont les chefs religieux d’Israël.

Quatre témoignages en faveur de Jésus
qui concordent pour affirmer essentiellement une chose :
que Jésus vient de Dieu.

Le premier témoignage est celui de Jean Baptiste
qui a clairement désigné Jésus comme l’Agneau de Dieu (Jn 1,29).
C’est le témoignage qui ouvre les cœurs,
qui invite à regarder vers Jésus.

Le second témoignage est celui des œuvres accomplies par Jésus,
les « signes »,
qui manifestent que Jésus est Celui qui vient donner la Vie
au nom de Dieu.
C’est le témoignage qui invite à faire confiance à Jésus.

Le troisième témoignage est celui du Père Lui-même
qui ‒ intérieurement ‒ attire les humains à Jésus.
C’est le témoignage qui invite à se remettre à Jésus, à aimer Jésus.

Puis vient le témoignage des Écritures.
Les Écritures convergent vers la personne de Jésus.
C’est le témoignage qui permet d’entrer
dans le mystère de la Personne de Jésus
et de lui donner toute notre foi.

Quatre témoignages, donc, qui construisent la foi,
une foi vive qui met Jésus au centre de notre vie.
Quatre témoignages
et pourtant les autorités religieuses ne croient pas.
Les témoignages ne touchent pas leur esprit et leur cœur.
Mais comment est-ce possible ?
Comment peut-on à ce point résister à la Vérité ?
L’Évangile de ce jour nous donne deux réponses à cette question
qui dénoncent une et l’autre une forme de tromperie.

La première réponse nous vient de cette interpellation de Jésus :
« Comment pouvez-vous croire
en recevant la gloire les uns des autres,
et la gloire qui vient du seul Dieu,
vous ne la cherchez pas ? » (Jn 5,44)

C’est tellement vrai que dans le monde,
et malheureusement aussi dans l’Église,
nous sommes d’une grande inventivité
pour nous décerner les uns les autres des titres de gloire.
Des titres, des honneurs, des places d’honneur,
des prix et des grand prix…

Bien sûr, il est bon de mériter une émulation,
d’encourager la fructification de nos talents, mais quel danger !
Si nous recevons ainsi des gloires humaines,
nous ne chercherons plus la gloire de Dieu.
Dans les deux sens :
nous ne chercherons plus à glorifier Dieu,
à Lui donner la gloire qui Lui revient,
et nous ne chercherons plus à recevoir Sa gloire.

Or Dieu veut nous glorifier,
Dieu veut nous donner la meilleure place,
celle de son Fils, couronné de gloire éternelle.
Quelle tromperie que la recherche de gloire humaine !
c’est cela qui nous empêche de croire…

*

La deuxième réponse nous vient
des derniers versets de l’Évangile d’aujourd’hui.
« Si vous croyiez en Moïse, dit Jésus aux juifs,
vous me croiriez aussi :
c’est de moi que lui-même a écrit.
Mais si vous ne croyiez pas ses écrits,
comment croirez-vous mes dires ? » (Jn 5, 46-47)

Jésus dénonce une autre tromperie,
une tromperie purement religieuse.
On peut avoir mis son espérance en Moïse (cf. v. 45),
on peut connaître Moïse,
connaître la Loi, commenter la Loi,
rédiger des milliers de commentaires sur la Loi,
et en parler, et prêcher, sans croire en Moïse !
Et ce qui était vrai des chefs religieux de l’époque de Jésus,
reste tout aussi vrai pour nous.
On peut être très religieux et incroyant
et donc se tromper soi-même.

C’est ainsi que Paul parle à Timothée des hommes
qui garderont l’apparence de la piété
mais en auront renié la puissance
et des femmelettes (…) toujours en train d’apprendre
mais sans jamais être capables
de parvenir à la connaissance de la vérité » (2 Tm 3, 5 et 7).

Que les « Juifs » ne croient pas en Moïse
signifie qu’ils n’ont pas reconnu l’autorité divine de ses paroles.
Ils se sont approprié la Parole,
lui donnant leur autorité propre et donc toute humaine.
Leur chemin de conversion aurait été
de se soumettre à l’autorité divine de la Parole,
et de là, comme pour nous,
d’accueillir l’origine divine de Jésus
et de se soumettre à Sa Seigneurie.

*

Les deux réponses de Jésus sont semblables.
Il s’agit de chercher la gloire en Dieu
et de chercher la vérité en Dieu.
C’est là la condition de la foi.
La foi que nous demandons ce soir,
est une foi qui désire Dieu,
qui attend Dieu,
qui se soumet à Sa grâce.
C’est… la foi de Jésus qui refusera, du désert à la croix,
et de la croix aux enfers,
d’étancher sa soif à aucune source
si ce n’est à celle de l’Amour du Père.

Toi seul Seigneur tu étancheras ma soif de gloire.
Toi seul Seigneur tu étancheras ma soif de vérité.
Seigneur, j’ai soif.
Soif de Toi.
Amen.

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