FMJ MtlÉPIPHANIE DU SEIGNEUR – C
Frère Thomas
Is 60, 1-6 ; Ps 71 ; Ép 3, 2-6 ; Mt 2, 1-12
6 janvier 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Que cherchons-nous ?

Quelle est donc cette foi qui vous anime,
ô mages venus d’Orient ?
Que cherchez-vous donc ?
Que cherchez-vous, pour avoir fait un si long voyage ?

Nous cherchons… une étoile.
Nous sommes astrologues,
chercheurs de signes dans le ciel ;
jamais nous n’avons vu d’étoile aussi belle.
Nous sommes en quête de beauté,
d’harmonie, d’amour, de vérité en ce monde !

Ne cherchez-vous rien d’autres ?
Nous cherchons aussi le roi des Juifs qui vient de naître ;
nous avons décelé ce signe dans l’étoile.
Nous sommes en quête d’accomplissement,
de plénitude, dans les religions de ce monde.

Et que cherchez-vous encore d’autre ?
Nous cherchons… Dieu !
Ah ! Si nous pouvions Le trouver au cœur de notre monde !
Si nous pouvions Le trouver dans un petit enfant !
Quel aboutissement et quel nouveau départ pour notre quête.

Ils sont donc partis après une étoile.
« Les nations marcheront vers ta lumière,
et les rois, vers la clarté de ton aurore » (Is 60,3).
Ils avaient l’habitude de scruter le ciel
pour en découvrir les signes.
Et voilà qu’au cœur de leurs occupations quotidiennes,
une lumière nouvelle surgit.

Au cœur de notre travail,
au cœur de nos rencontres, de nos relations…
au cœur de nos lectures, de nos consultations,
au cœur de ce que nous voyons,
de ce que nous entendons,
de ce que nous touchons,
nous sentons, nous goûtons,
au cœur de notre vie quotidienne
surgit une étoile nouvelle.
Elle nous met en marche,
comme l’homme qui a trouvé un trésor dans un champ
et qui s’en va vendre tout ce qu’il possède
pour acheter ce champ.

« Étoile de ma vie » :
c’est ainsi qu’une femme peut appeler son bien-aimé.
C’est la foi qui fait lever des hommes,
des femmes, des enfants,
de tous peuples, races, langues et nations.
La foi, qui nous fait suivre des réalités que nous voyons
parce que nous pressentons qu’elles nous conduisent
vers des réalités que nous ne voyons pas encore.

L’être humain, même lorsqu’apparemment
il a perdu tout sens religieux,
est capable de se mettre en route,
de partir loin, d’y mettre toute sa force,
toute son intelligence, tout son argent, tout son cœur…
d’aller vers des réalités qu’il ne voit pas,
mais il perçoit une étoile qui le conduit.
Elle peut le conduire vers ce qui est bon.
Elle peut aussi le conduire vers ce qui est mauvais.
Si le bien-aimé est l’étoile de la vie de la bien-aimée,
où la conduira-t-il ?
Tout dépend de ce qu’est le bien-aimé, de qui il est.

Ils sont partis après le roi des Juifs qui venait de naître.
Comment ont-ils su cela d’après la vue d’une simple étoile ?
Nous ne le savons pas.
En tous cas, ils mettent tout Jérusalem dans l’inquiétude.
Comme c’est étonnant !
Jérusalem devrait se réjouir de la naissance de son roi-messie.
Et ce sont des païens qui s’en réjouissent !

L’étoile a conduit les mages
vers la promesse faite à Abraham et à sa descendance.
Ce mystère, c’est que les païens
sont associés au même corps,
au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus.
Comment ces mages venus d’Orient,
de Chaldée, de Babylonie,
se sont-ils mis en marche vers le Messie d’Israël ?

Il est de nos jours courant
d’entendre dire que toutes les religions se vaudraient.
Quel terrible jugement
qui tue toute quête de transcendance chez les humains.

Si nous sommes chrétiens et que nous le demeurons,
par un choix adulte de notre part,
c’est que nous estimons que la religion chrétienne
a quelque chose que les autres religions n’ont pas
et qui nous met en route.
Et cela ne signifie nullement que nous jugerions
que les autres religions seraient sans valeur.
D’ailleurs, chrétien vient du Christ,
c’est-à-dire du Messie.

Si donc nous sommes chrétiens,
c’est parce que comme les mages
nous cherchons le roi des Juifs.
C’est là notre foi :
elle nous met en route vers des réalités
que nous ne voyons pas.
C’est d’ailleurs vrai pour toutes les religions.
Leurs adeptes cherchent leur accomplissement.
Mais quel accomplissement ?

Après que les chefs des prêtres et les scribes d’Israël
les eussent éclairés sur l’endroit où, d’après l’Écriture,
le Messie devait naître, ils repartent… vers Bethléem.
L’étoile continue de les guider.
Ils en éprouvent une très grande joie.
Leur joie grandit à mesure qu’ils approchent
de l’objet de leur quête.
Ils virent l’Enfant avec Marie sa mère ;
et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant Lui. (Mt 2,11)
Ils étaient partis après une étoile, après le roi des Juifs
et voilà qu’ils ont découvert Dieu !

C’était là ce qu’ils cherchaient
sans avoir su se le dire.
Dieu, quel Dieu ?
Dieu qui S’est fait petit Enfant.
Cet Enfant né de la Vierge Marie
Se nomme Emmanuel, c’est-à-dire « Dieu avec nous ».

Si le roi de Juifs qui vient de naître
est si pauvre, si humble,
Il ne peut être que Dieu.
Alors ils Lui offrent de l’or comme à un roi,
de l’encens comme à un Dieu,
de la myrrhe, car un jour,
il sera enseveli, puis Il ressuscitera.

Que cherchons-nous ?
Si véritablement nous cherchons Dieu,
alors, où est-Il ?
Si nous avons la foi,
une foi grosse comme un grain de moutarde,
alors nous nous mettrons en route comme les mages.
Nous chercherons d’abord l’étoile de notre vie,
dans la vie de ce monde.
Puis nous chercherons le Roi des Juifs
accomplissement de la religion juive.
Et enfin, nous trouverons
– sans toutefois pouvoir mettre la main sur Lui –
nous trouverons Dieu,
en Jésus enfant,
en Jésus crucifié,
en Jésus Parole,
en Jésus Pain de Dieu.
Puis nous pourrons continuer notre route
– comme les mages – par un autre chemin.

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