FMJ MtlSt Basile et st Grégoire de Nazianze, évêques et docteurs de l’église 4e s.
(Temps de Noël – B)
Frère Antoine-Emmanuel
1 Co 2, 10-16 ; Ps 144 ; Lc 14, 25-33
2 janvier 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Le renoncement qui débouche en Dieu

Il prêche en silence.
À toi qui s’approche de Lui,
l’Enfant de la crèche t’invite
à prendre le même chemin que Lui.
Que nous dit-Il ?

À toutes tes attaches humaines,
même les plus légitimes,
préfère le Seigneur.
Si tu préfères non pas le Seigneur mais ton père,
ta mère, ta grand-mère, ton enfant, ta blonde
ou quelqu’amour caché qui habite ton cœur,
tu ne pourras pas Le suivre,
car c’est la première place dans ton cœur qu’Il te demande.

Et si tu aimes briller, être reconnu, être apprécié
et que tel est ton premier désir,
tu ne pourras pas Le suivre.
Regarde la mangeoire, la grotte, les linges.
Rien de brillant.
Et autour de l’Enfant : des ouvriers des champs et de la nuit,
du monde ordinaire.
Prends ta croix…
Consens à te retirer de ce dont le monde fait l’éloge.
Descends,
descends,
descends,
pour être avec l’Enfant de la crèche à la croix…
C’est le chemin de la Résurrection.

Et tes biens…
Tes biens occupent-ils ton cœur, ton temps et tes peurs ?
Regarde l’Enfant ;
Il n’a rien, rien.
Il n’aura jamais rien des biens de cette terre :
rien qui séduise son cœur et monopolise ses énergies.
Et même ce qu’Il a,
lui sera enlevé à l’heure de la croix.
Veux-tu Le suivre sur cette route de dépouillement ?

Tout cela, est-ce folie ?
Paul nous répond aujourd’hui :
Non ! C’est sagesse.
La vraie sagesse.
Le véritable art de vivre ce bref passage sur la Terre
qu’est notre vie.
Mais ce n’est que par l’Esprit-Saint
que cette folie se révèle à nos cœurs comme sagesse.

Le vrai Sage,
le Maître de Sagesse que tous recherchent,
c’est l’Enfant – Dieu.
Et c’est à tous qu’Il ouvre le chemin de la vie
vécue comme une offrande, comme un don d’amour.

L’Enfant-Dieu vient chercher ce qu’il y a de plus beau en nous,
le désir d’aimer qui nous habite.
« Pour tous les commandements
qui nous ont été donnés par Dieu, écrit Saint Basile,
nous avons aussi reçu d’avance de Lui,
les forces nécessaires pour les accomplir
et par conséquent, nous ne devons pas nous inquiéter
comme s’il nous était demandé quelque chose d’impensable,
ni nous enorgueillir
comme si notre contribution était supérieure
au don qui nous a été fait. »

L’amour a été déposé en nous
parce que nous avons été créés à l’image de Dieu.
Nous sommes faits pour aimer.
Nous sommes faits pour l’oubli de soi au profit de l’autre.
Nous sommes faits pour Dieu.

La joie de notre vie,
c’est d’en faire une réponse d’amour à l’amour de Dieu.
« Nous devons aimer Dieu et l’aimer immensément
pour le seul fait que nous avons été créés par Lui,
écrit encore Saint-Basile,
et nous devons rester incessamment suspendus
au souvenir de Dieu, comme un enfant l’est à sa mère. »

L’enfant vient libérer l’amour en nous
pour que l’Amour habite notre être.
« Nous devons veiller sur notre cœur
avec tout le soin possible, dit Saint Basile,
pour qu’il ne nous arrive pas
de chasser le souvenir de Dieu
et d’embourber dans des imaginations de choses vaines
le souvenir des merveilles de Dieu.
Au contraire, nous devons persévérer
dans la pensée de Dieu
à travers le souvenir de Dieu incessant et pur ».

Et cela ne va pas sans renoncement.
Comme en écho à l’Évangile de ce jour,
Saint Basile nous invite à « choisir l’unique trésor,
celui qui est dans le Ciel,
pour que notre cœur soit déjà au Ciel,
car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » (Mt 6,21).

Et encore : « Le renoncement est en réalité
la libération des liens de cette vie terrestre et passagère,
la liberté des obligations mondaines
pour être prêts à prendre la route qui conduit à Dieu.
En un mot, le renoncement consiste
à transférer le cours humain
dans la vie céleste pour pouvoir dire :
notre patrie est dans les cieux ».

Oui, l’Évangile nous appelle au renoncement.
Oui, l’Enfant-Dieu nous y conduit,
mais le renoncement chrétien
n’a pas pour fin le renoncement :
il a pour fin Dieu.
Il débouche en Dieu.

C’est à la tristesse en fin de compte que nous renonçons.
C’est à la captivité que nous renonçons.
L’Enfant-Dieu veut nous ouvrir les horizons d’une vie nouvelle.

Tu le vois lié de langes et bientôt lié du suaire.
C’est pour pouvoir nous délier qu’Il S’est lié.
C’est pour délier en toi la vie, la joie et l’éternité.

© FMJ – Tous droits réservés.