FMJ MtlJeudi, 24e Semaine du Temps ordinaire – C
Frère Antoine-Emmanuel
1 Tm 4, 12-16 ; Ps 110 ; Lc 7, 36-50
19 septembre 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Semence d’Évangile

« Tout en pleurs, elle se tenait derrière lui,
à ses pieds, et ses larmes mouillaient les pieds de Jésus.
Elle les essuyait avec ses cheveux,
les couvrait de baisers et y versait le parfum. » (Lc 7,38)
Pour Simon, pas le moindre doute :
ce sont des gestes de sensualité,
des gestes de séduction,
des gestes d’une prostituée.

Si Jésus la laisse faire, c’est qu’Il ne voit pas
quelle « espèce » de femme elle est.
Et Jésus n’est pas prophète :
c’est un glouton, un ivrogne,
et en plus un homme qui se laisse caresser.

C’est incroyable ce que l’on peut se tromper
sur les intentions des autres.
Prenons par exemple Anne, la maman de Samuel,
le prêtre Élie croyait qu’elle était alcoolique ;
alors qu’elle venait prier et supplier le Seigneur.

Il n’y a que le Seigneur qui lit les cœurs :
« Jésus sait ce qu’il y a dans l’homme ».
Aussi Jésus voit la beauté, la bonté
qu’il y a dans beaucoup de nos gestes, de nos choix.

Nous sommes souvent des arracheurs d’ivraie.
Jésus, lui, est un semeur de bon grain « tous terrains ».

Jésus va donc semer une semence d’Évangile
dans le cœur de Simon.
Et Il le fait à travers une petite histoire.
Deux personnes sont endettées :
la première pour une somme de 1.000 $
et la deuxième pour une somme de 100.000 $.
Leur banquier leur remet leur dette
car ni l’une ni l’autre n’ont de quoi payer.

Qui va aimer davantage ce bon banquier ?
Celui qui devait 100.000 $ n’est-ce pas ?

Il y a déjà ici quelque chose de bouleversant.
Si Simon a le cœur entr’ouvert,
qu’est-ce qu’il comprend ?
Il comprend que lui et cette femme sont de la même espèce!

Il se voyait d’un autre bord, du côté des justes…
Non ! Tous les deux sont débiteurs,
et de la même façon.
Les montants sont différents, oui,
mais la réalité est la même !

Il nous faut entendre cela.
Nous ne pouvons jamais nous mettre
dans une autre catégorie que « les autres »
car nous sommes tous des pécheurs.

Je suis dans la même catégorie
que les proxénètes, les truands, les violents…

Nous sommes tous débiteurs à l’égard du Seigneur ;
il n’y a que le montant qui change…

Et tous nous n’avons pas de quoi rembourser (cf. Lc 7,42).
… Et surtout à tous, nous est offert la remise de la dette.

Imaginez une banque qui annonce :
Le CA a décidé de remettre toutes les dettes.
Venez au guichet …

Simon, c’est un homme qui ne va pas au guichet ;
il ne croit pas que cette remise est possible ;
il ne croit même pas qu’il est endetté !

Tandis que Madeleine, elle, va chercher cette remise de dette.

Tu m’annonces le pardon…
Je viens le chercher…

Et comment s’y prend-elle ?
Avec le langage qui est le sien :
l’onction et les caresses
remplies de ses larmes.

Par ce langage, elle dit son amour et sa gratitude,
et c’est cela qui fait qu’elle accueille le pardon.

En aimant Jésus, elle reçoit le pardon.
Extérieurement, c’est elle qui brise le flacon et verse le parfum;
intérieurement, c’est Jésus qui le fait.
C’est Jésus qui a brisé le flacon de son Cœur,
de sa Vie,
sur la Croix.
Pour nous oindre de l’onction de l’Esprit,
de l’onction du divin Amour.

Là, vous voyez que l’image de la dette remise est limitée.

Le Pardon de Dieu ce n’est pas : recevoir un chèque et s’en aller.
Le pardon est vraiment en toi quand tu te lies à Jésus.
Le Pardon n’est pas un chèque,
c’est une relation, une connexion au Cœur du Christ.

Pour Madeleine, c’était par ses gestes.
Pour Pierre, c’était par son triple « oui, je t’aime ».

Ce n’est pas comme un coup d’éponge sur une ardoise.
Le pardon du Seigneur tu l’as vraiment reçu
si tu te mets à aimer Jésus d’un amour neuf.

On ne va pas se confesser comme on va à la laverie.
On y va pour en ressortir avec un amour neuf pour Jésus
alors, c’est sûr, le pardon de Dieu est entré en toi.

Seigneur, cet amour neuf,
nous voulons le recevoir de toi
en surabondance ce soir.

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