FMJ MtlVendredi, 33e Semaine du Temps ordinaire – C
Frère Antoine-Emmanuel
1 M 4, 36-37.52-59 ; Ct 1 Ch 29 ; Lc 19, 45-48
22 novembre 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

  Tout déposer sur Son Cœur

Jésus vient de pleurer sur Jérusalem.
Jésus a pleuré.

Ce sont les larmes de son cœur
en voyant cette ville qui n’a pas reconnu
le don de la paix qui lui était fait.

La ville sainte,
la ville travaillée par une longue histoire sainte
s’est endurcie, refusant la grâce de paix,
de réconciliation, de vie nouvelle
que le Père lui donne en la personne de Jésus.

L’amour n’est pas aimé…
Et Jésus en pleure.

Jésus annonce alors les conséquences de ce refus.
« Les ennemis te raseront jusqu’au sol
toi, et tes enfants en toi » (Lc 19,44).

Quand la paix du Seigneur est refusée,
la violence s’infiltre et détruit l’humanité.
C’est vrai de toute l’histoire :
il suffit de penser au Proche-Orient aujourd’hui.

C’est vrai de notre histoire;
quand nous remettons toujours à plus tard d’aller nous confesser,
la violence s’infiltre dans nos cœurs et nous abîme.

Voici comment Saint Bernard confesse
le chaos qui peut s’infiltrer dans nos cœurs :
« L’avarice vient à moi et réclame un trône dans mon cœur;
le bavardage veut y dominer aussi ;
l’orgueil aspire à être mon roi,
et la luxure me dit : c’est moi qui règnerai en toi ;
l’ambition, la médisance, l’envie, la colère se disputent en moi
l’empire de mon âme,c’est à qui se rendra maître de moi.
Pour moi, je résiste tant que je puis,
je les repousse de toutes mes forces.
J’en appelle à Jésus mon Seigneur,
c’est entre ses mains que je remets ma défense,
car je reconnais que je lui appartiens.
Je le tiens pour mon Dieu et mon Seigneur,
et je déclare que je n’ai pas d’autre roi que le Seigneur Jésus.
Venez donc, Seigneur, dispensez-les dans votre force,
et vous règnerez en moi, car vous êtes mon roi, mon Dieu »[1]

Et que fait le Seigneur
lorsqu’Il entre à Jérusalem ?
Jésus pose un signe très clair :
Il accomplit la prophétie de Zacharie
qui annonçait la venue du Règne de Dieu
où tout sera consacré,
tout sera saisi par la présence divine.
Il n’y aura plus besoin de marchands,
plus besoin de changeurs,
l’offrande faite à Dieu, le culte,
sera celui de toute la vie des fidèles.
C’est ce que Paul a compris et dit aux Romains :
les invitant à s’offrir eux-mêmes
en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu. (Rm 12,1)

Le temple de Jérusalem tombera
son temps est fini,
et le nouveau temple sera le corps du Seigneur Jésus
reconstruit en trois jours.
C’est en Jésus,
en étant membre de son corps,
que l’on s’offre désormais au Père.
Ce qui réjouit le cœur du Père
c’est l’offrande de notre vie non pas isolée et héroïque
mais insérée dans l’offrande de Jésus,
dans son corps,
en Église.

Et si le corps du Christ est le vrai Temple,
le lieu saint par excellence, le Saint des saints est son Cœur.
C’est dans le cœur de Jésus
que bat l’amour véritable qui glorifie le Père.
Alors aujourd’hui, nous venons déposer
non plus des taureaux sur un autel de pierre,
mais nos propres vies sur le cœur de Jésus.

Comme l’autel sanctifiait les victimes,
c’est le cœur de Jésus qui nous sanctifie.
Et nous déposons sur son cœur toute notre vie,
dans tous ses aspects,
pour que tout en nous soit sanctifié par l’amour de son cœur.

C’est cela que notre Diocèse va vivre demain
en déposant toutes nos vies et notre vivre ensemble
dans le cœur de Jésus.

Voici comment le Cardinal Newman se confiait au Cœur de Jésus :

Mon Dieu, mon Sauveur, j’adore votre Cœur sacré ;
car ce Cœur est le siège
de toutes vos plus tendres affections pour nous, pécheurs.
Il est l’instrument et l’organe de votre amour ;
Il a battu pour nous ;
Il a soupiré d’un grand désir de notre amour ;
Il a souffert douloureusement pour nous et pour notre salut.
Le zèle l’enflamma, pour que la gloire de Dieu
fût manifestée en nous et pour nous.
Il est le canal par lequel
votre affection humaine débordante est venue à nous ;
par lequel est venue à nous toute votre divine charité.
Toute votre incompréhensible compassion pour nous,
comme Dieu et comme homme, comme notre Créateur,
notre Rédempteur et notre Juge,
est venue à nous et y vient toujours par ce Sacré Cœur
en un fleuve aux courants mêlés inséparablement.
Ô symbole très sacré et sacrement de l’amour divin
et humain dans sa plénitude.
Vous m’avez sauvé par votre force divine
et par votre affection humaine,
et enfin par ce sang miraculeux dont Vous débordiez.[2]

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[1] 4e Homélie sur le Missus est, n. 2

[2] Prière extraite de Méditations et Prières, 3° partie, XVI : Le Sacré Cœur, trad. Marie-Agnès Pératé, Paris, Lecoffre, 1906.