FMJ MtlLE CŒUR IMMACULÉ DE MARIE  – A
Frère Antoine-Emmanuel
Is 61, 9-11 ; Ct 1 S 2 ; Lc 2, 41-51
2 juillet 2011
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Un Cœur qui rassemble et assemble

Un « cœur immaculé » est un cœur
qui ne pose pas de questions,
qui sait tout d’avance,
qui comprend tout
et qui n’a pas d’émotion ?
Non ! cela c’est un électrocardiogramme plat !
En tout cas, ce n’est pas ce que l’Évangile d’aujourd’hui
nous révèle de Marie.

« Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ?
Vois comme nous avons souffert en te cherchant,
ton père et moi ! » (Lc 2,48)

Et quand Jésus répond à Marie et à Joseph :
« Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ?
Ne le saviez-vous pas ?
C’est chez mon Père que je dois être » (v. 49),
Saint Luc nous dit que ni Marie ni Joseph
ne comprirent ce qu’il venait de leur dire.

Le Cœur immaculé de Marie est un cœur franchement humain
avec ses questions, ses émotions, ses incompréhensions.
Méfions-nous de cette espèce de perfection éthérée et désincarnée
que l’on plaque sur Marie
parce que nous ne supportons pas
les incertitudes et les fragilités
de notre propre humanité
et que l’on projette sur Marie nos rêves de toute puissance.

Où donc se manifeste alors en notre page d’Évangile
que ce cœur bien humain – pure laine –
est un cœur immaculé,
le Cœur immaculé ?

Saint Luc nous dit que Marie gardait, conservait
tous ces événements dans son cœur (v. 51).
L’expression est semblable
à ce que Luc écrit après la visite des bergers :
Marie conserve ces choses
et les assemble dans son cœur.

L’expression vient donc par deux fois.
La première fait suite au récit des bergers
qui parlent du bébé qui est là
comme Christ Sauveur et Seigneur.

Dans la pauvreté et la fragilité se révèle une gloire inattendue.

La deuxième suit le recouvrement de l’Enfant indocile
qui manifeste une sagesse étonnante
et parle de Dieu comme son Père
avec une familiarité déconcertante.

Au-delà de la perte, de l’absence, comme de la mort,
se révèlent la sagesse du Fils
et le Visage du Père.

Le Cœur immaculé est un cœur qui reconnaît
la trace de Dieu dans les plis de l’histoire.
Un cœur qui entend ce que Dieu dit
de la manière la plus inattendue.
Un cœur mélomane qui perçoit
la musique de Dieu là où nous n’entendons que du bruit.
Un cœur qui reconnaît, écoute et garde la Parole de Dieu,
composant intérieurement comme une mosaïque
avec tout ce que Dieu révèle de Lui-même et de son Amour.

Le Cœur immaculé de Marie
est semblable à une bonne terre, un riche terreau (cf. Mt 13,23)
où la Parole peut s’enfoncer en profondeur
et déployer sa puissance de Vie
sans être étouffée par les ronces et les épines.

Plus la Parole y descend et y demeure,
plus la pureté du cœur rayonne !

Son Cœur immaculé n’est pris par aucune panique
quand l’ivraie apparaît dans le champ. (cf. Mt 13,29)
C’est un cœur confiant,
jusqu’au pied de la Croix et de toutes les croix,
jusque dans le silence de tous les samedis saints de l’histoire.

Le Cœur immaculé de Marie est ouvert au levain, (cf. Mt 13,33)
il se laisse ensemencer par ce qui est petit,
ce qui semble insignifiant à nos yeux à nous.
L’Esprit Saint peut y souffler sans retenue.

C’est aussi un cœur qu’aucun trésor ne séduit
parce qu’il contient déjà le Trésor du Royaume, (cf. 13,44)
pour lequel il a tout perdu.

Frères et sœurs, voilà un cœur tellement humain,
mais tellement ouvert à Dieu – un cœur pauvre.
Son trésor c’est d’être pauvre,
et de le devenir toujours plus devant Dieu.
Sa perle, c’est son silence intérieur.
Sa joie c’est de recueillir la Parole,
de la rassembler en elle,
de l’assembler,
de la comprendre,
pour y obéir avec le plus grand amour.

*

Et si nous faisions des exercices du cœur ?
Nous approchons du terme d’une année pastorale…

Depuis août dernier, qu’est-ce que le Seigneur t’a dit
à travers les événements,
à travers la méditation de la Parole,
à travers la liturgie,
à travers la création,
à travers les autres
et à travers ton cœur ?

Nous pourrions prendre le temps
de rassembler et d’assembler
tout ce que le Seigneur nous a dit.
Regardons bien :
est-ce que de plusieurs manières,
le Seigneur n’a pas cherché à nous dire une chose ?
N’y a-t-il pas un même thème musical
qui est revenu souvent ?

Regardons en particulier les dépouillements
que Dieu a opérés dans notre vie.
Vers quoi a-t-il voulu nous conduire ?
Regarde l’inattendu qui t’a déstabilisé…
Écoute le murmure de Dieu au fond de toi.
Qu’est-ce qu’il te dit ?

Heureux es-tu si, comme Marie,
tu obéis à cette Parole qu’Il t’a dite cette année !

Seigneur, je suis ta servante, ton serviteur ;
qu’il me soit fait selon ta Parole ! (Lc 1,38)

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