FMJ MtlNotre-Dame du Saint-Sacrement – B
(3e Anniversaire de la Dédicace du Sanctuaire)
Frère Antoine-Emmanuel
Gn 28, 11-18 ; Ps 83 Ap 21, 1-5a ; Jn 4, 19-24
13 mai 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Un Sanctuaire qui respire sur le monde

Seigneur, que veux-tu nous dire en cette fête ?
Quelles paroles veux-tu déposer en nos cœurs
pour nous faire vivre ?

Je crois que le premier appel
que le Seigneur nous adresse aujourd’hui,
c’est un appel à reconnaître sa présence.
« Le Seigneur est là et je ne le savais pas »
s’écrie Jacob (Gn 28,13).
Le Seigneur veut nous dire sa présence.
Tu es sur la route comme Jacob…
Le Seigneur est là.
Tu es seul comme Jacob…
Le Seigneur est là.
Tu connais l’épreuve et la nuit comme Jacob…
Le Seigneur est là.
Tu es aux prises avec l’hostilité de tes proches…
Le Seigneur est là.
Tu es aux prises avec tes propres maladresses,
tes errances, ton péché…
Le Seigneur est là.

Sur tous les chemins de nos vies, le Seigneur est là.
Il était avec toi aujourd’hui dans ton studio, dans la rue, au travail,
quand tu magasinais ou quand tu te reposais.
« Je suis avec vous tous les jours
jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20).

Nous ne venons pas au Sanctuaire
parce que le Seigneur ne se trouve que dans les églises !
Nous venons au Sanctuaire pour que Jésus
guérisse nos yeux et nos cœurs
afin que nous goûtions sa présence partout.

La présence eucharistique est une « pierre d’aimant »
disait Jeanne Le Ber.
Mais elle est aussi une force centrifuge
qui nous envoie dans le monde
pour y témoigner que le Ressuscité est auprès de tout humain
débordant de vie et de joie pour tous, sans aucune exception.

Oui, ce lieu n’est rien de moins
que la maison de Dieu et la porte du Ciel » (Gn 28,17).
Quel lieu ? Tout lieu !
Parce que la Résurrection a rendu Jésus
contemporain de tout humain.

*

J’entends aussi un deuxième appel
qui résonne dans l’Évangile de cette fête.
C’est un appel du Père qui cherche des adorateurs
en esprit et en vérité (cf. Jn 4, 23).
Le Seigneur a permis à Israël de s’attacher à des lieux de culte :
Béthel, Silo, Sichem,
puis à un lieu de culte unique : Jérusalem.

Mais avec la Pâques de Jésus, l’heure est venue
où les vrais adorateurs entreront dans une adoration
qui n’est plus liée à des lieux, à des murs,
à des pierres, à des animaux sacrifiés…
C’est l’adoration « en esprit ».

Il n’y a aucun lieu, aucune circonstance
où nous ne pouvons pas adorer.
Tout moment de ta vie peut devenir une offrande de toi.
Et une offrande « en vérité »,
c’est-à-dire dans la vérité, la solidité de qui est Dieu :
Père, infiniment Père, absolument Père.

L’adoration en vérité est filiale.
Adorer, c’est se jeter comme un enfant dans les bras du Père.
Comme Jésus. Uni à Jésus.
Voilà ce que le Seigneur nous demande.
Voilà ce que nous apprenons ici sur ce tapis ou sur ces bancs.
Exposés au Corps eucharistique, nous sommes saisis,
emportés dans l’adoration toute filiale de Jésus.

Quelle dignité !
Et quelle mission… nous ne pouvons pas garder cela pour nous.
Si notre adoration est vraie, d’elle-même,
elle nous poussera à chercher le monde entier
pour que tous entrent dans cette même offrande d’amour.

*

Il y a, je crois, un troisième appel
qui résonne en ce lieu, en ce jour.
Un appel qui nous vient de la lecture de l’Apocalypse.
Quelle vision !
Dieu nous a préparés une ville (cf. Jn 14,2) !
Le Ciel est une ville.
Non pas une ville sainte
que nous devrions fabriquer et rendre éternelle…
Nous en sommes incapables !
Mais une ville que Dieu a inventée.
Sa ville éternelle descend du Ciel, de chez Dieu (Ap21,2).
Elle est une communion de vie entre les humains
qui vient de Dieu.
C’est Dieu qui en est l’Architecte et le Bâtisseur.

Ville sans larme, sans deuil, sans péché, sans mort.
Communion éternelle de joie.
Quelle merveille !
Et ce n’est pas une utopie : cette cité existe déjà
parce qu’elle existe dans le cœur de Dieu.
Et elle existe pour tous :
hommes et femmes, de toutes races,
de toutes nations, de toutes croyances.

Et c’est là que réside notre appel :
le Seigneur nous demande de faire en sorte
que les humains, les citoyens de Montréal entrevoient ici
un peu cette ville sainte…
Il s’agit pour nous d’accueillir cette cité,
cet être ensemble qui vient de Dieu,
et de prier, de nous offrir, de partager cette grâce
avec tous ceux que le Seigneur mettra sur notre chemin.

Nous avons une mission : nous dépenser, nous donner
pour servir l’entrée de tous dans cette Jérusalem d’en-Haut,
dans cette Cité éternelle…

Un triple appel :
à reconnaître la Présence de Dieu,
à entrer dans l’adoration véritable,
à accueillir avec tous l’éternelle Jérusalem.

Un triple appel à vivre ensemble en ces murs,
mais aussi à traverser sans cesse ces murs,
pour sortir, pour partager, pour rayonner
ce surplus d’amour qui jaillit ici.
Que ces murs deviennent poreux.
Qu’on ne cesse d’entrer et de sortir de ce Sanctuaire
du Cœur eucharistique de Jésus.

Marie, Notre-Dame du Saint-Sacrement,
voilà ce que nous Te demandons :
un Sanctuaire qui respire sur le monde,
un Sanctuaire ouvert,
un Sanctuaire qui reflète le Cœur ouvert
de Jésus notre Seigneur. Amen.

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