FMJ MtlJeudi, 4e Semaine de Carême – A
Frère Thomas
Ex 32, 7-14 ; Ps 105 ; Jn 5, 31-47
3 avril 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Pourquoi vouloir condamner Dieu qui fait le bien

Depuis lundi dernier, la liturgie de l’Église
nous donne à lire une lecture presque continue
de l’Évangile selon Saint Jean.
Nous sommes partis de la fin du chapitre 4,
pour arriver, avec Pâques, au chapitre 20.

Nous sommes ainsi sur la dernière ligne droite
qui va nous conduire à la célébration
du mystère de la mort
et de la résurrection du Christ
pendant la Semaine Sainte.
Dans l’Évangile selon Saint Jean,
c’est en effet à partir de la guérison du paralytique
de la piscine de Bézatha
que l’opposition à la mission de Jésus va aller grandissant,
pour culminer avec sa mise à mort sur la croix.

Le chapitre 5 de l’Évangile selon Saint Jean
est ainsi constitué d’abord
du récit de la guérison du paralytique,
puis d’un long discours de Jésus.
Il est manifeste que ce discours de Jésus
est en fait d’abord une plaidoirie
qu’il fait pour se défendre
contre ceux qui l’accusent.

Jésus doit donc se défendre
pour avoir guéri un homme paralysé depuis 38 ans !
Que se passe-t-il donc dans le cœur des notables juifs
qui interpellent ainsi Jésus pour que Jésus en arrive là ?
Jésus leur révèle la raison principale de leur attitude :
« Comment pourriez-vous croire,
vous qui recevez votre gloire les uns des autres,
et qui ne cherchez pas la gloire
qui vient du Dieu unique ! » (Jn 5,44)

En quoi les notables juifs
recherchent la gloire qui vient des hommes,
et en quoi Jésus recherche-t-Il la gloire qui vient de Dieu ?

Les notables juifs reprochent deux choses à Jésus :
de faire la guérison le jour du sabbat,
le jour donné par Dieu au peuple d’Israël
pour le repos et la louange ;
et aussi d’appeler Dieu son Père,
se faisant égal à Dieu.

Apparemment, ils recherchent la gloire de Dieu,
car ils veulent faire respecter le repos de Dieu,
ainsi que la sainteté du nom de Dieu.
Mais une chose est tout de même surprenante :
comment n’ont-ils pas un mot – pas même un seul ! –
pour s’émerveiller devant la guérison de ce paralytique !
Comment leur seul point d’attention,
lorsqu’ils rencontrent le paralytique guéri,
porte sur le fait qu’il porte son grabat le jour du sabbat !

Il y a là quelque chose qui sonne faux
avec leur apparent zèle pour Dieu
– Dieu qui pourtant bénit
celui qui pense au faible et au pauvre ;
Dieu qui annonce par son prophète
qu’un jour le boiteux bondira comme un cerf,
et que la langue du muet criera de joie !
Dieu qui commande d’aimer son prochain
comme soi-même ;
et qui ajoute à cela « Je suis le Seigneur ! » (Dt 5,6)
Quel genre de gloire ces notables juifs recherchent-ils
en inquiétant ainsi cet homme guéri sur un détail,
et en inquiétant Jésus qui a opéré cette guérison !

Dans la première lecture,
Moïse est placé devant une question du même ordre.
Après que le peuple d’Israël ait péché avec le veau d’or,
Dieu annonce à Moïse qu’il va exterminer le peuple,
et qu’Il fera de Moïse une grande nation.
Moïse pourrait acquiescer.
En effet ce serait justice,
puisque le peuple s’est rendu coupable
d’une grave idolâtrie, alors que Moïse
s’est complètement désolidarisé de ce péché.
Mais alors…
Moïse ne chercherait-il pas un peu – et même beaucoup – sa propre gloire ?
Moïse n’oublierait-il pas alors le peuple
qu’il a fait sortir de l’esclavage d’Égypte
– avec l’aide du Seigneur ?
En fait Dieu met ainsi Moïse à l’Épreuve.

De la même manière,
les notables juifs recherchent leur propre gloire.
Ils sont tellement attachés à leur position
de gardiens de la Loi de Moïse,
qu’ils en oublient le peuple qui leur est confié.

Maintenant que répond Moïse à Dieu ?
Il lui répond : « Pourquoi, Seigneur,
ta colère s’enflammerait-elle contre ton peuple,
que tu as fait sortir du pays d’Égypte
par la vigueur de ton bras ? »
Et il ajoute : « Souviens-toi de tes serviteurs,
Abraham, Isaac et Jacob, à qui tu as juré par toi-même :
Je rendrai votre descendance
aussi nombreuse que les étoiles du ciel. » (Ex 32, 11.13)

Moïse recherche la gloire de Dieu :
la gloire de Dieu, c’est que Dieu
accomplisse jusqu’au bout
les promesses faites à son peuple ;
et qu’Il en prenne soin,
malgré ses faiblesses, ses péchés et infidélités.

Moïse a compris que la gloire de Dieu
ce n’est pas que son peuple
observe sans faute ses commandements,
mais que sa miséricorde
s’étende d’âge en âge sur son peuple.

Jésus dira aux notables Juifs :
« votre accusateur, c’est Moïse,
en qui vous avez mis votre espérance. » (Jn 5,45)
Ils se disent zélés pour la loi de Dieu,
mais ils n’ont pas l’amour de Dieu.
S’ils avaient l’amour de Dieu,
ils auraient reconnu l’œuvre de Dieu
dans la guérison du paralytique
après 38 ans de maladie ;
et ils n’auraient pas condamné Jésus,
qui n’a aucun mépris pour le sabbat,
qui n’a aucun irrespect pour le nom de Dieu ;
mais qui tout simplement fait les œuvres de Dieu,
étant Fils de Dieu.

Que nous accompagnions Jésus vers sa Passion…
et que nous le laissions nous enseigner
à rechercher la gloire de Dieu
en faisant miséricorde aux hommes.

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