FMJ MtlJeudi, 29e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Thomas
(Entrée en catéchuménat de Maxence)
Ép 3, 14-21 ; Ps 32 ; Lc 12, 49-53
23 octobre 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

La vraie paix et le bon combat

« Je suis venu apporter un feu sur la terre » (Lc 12,49).
Là on comprend : il s’agit du feu de l’amour du Christ
pour Dieu et pour tous les humains.
Ce feu-là t’intéresse Maxence, n’est-ce pas ?
C’est pour cela que tu t’avances vers le Baptême.

Mais quand Jésus affirme :
« Pensez-vous que Je suis venu
mettre la paix dans le monde ?
Non, Je vous le dis, mais plutôt la division » (v. 51),
là, on comprend un peu moins.
Et je suppose, Maxence,
que cela doit aussi un peu t’intriguer.
De fait, très souvent Jésus nous intrigue,
Il nous interpelle,
Il nous choque presque parfois.

Suivre Jésus, s’intéresser à Lui,
ainsi qu’à son Église,
est loin d’être un long fleuve tranquille.
On y passe par des moments de quiétude,
de bonheur profond (s’il n’y en avait pas,
cela n’aurait pas de sens de suivre Jésus) ;
mais aussi par des moments
de malaise, de tempête, de combat.
C’est que l’amour du Christ surpasse
tout ce qu’on peut connaître, dit Saint Paul.
Cela prend du chemin et bien des dépassements
pour comprendre quelle est la largeur,
la longueur, la hauteur,
la profondeur de l’amour du Christ. (cf. Ép 3,18-19)

Cela, Maxence, tu l’as déjà un peu découvert,
et si tu persévères,
tu ne cesseras de le découvrir, de l’approfondir.

« Désormais cinq personnes de la même famille
seront divisées, dit Jésus.
Trois contre deux et deux contre trois » (Lc 12,52).
Cela, bon nombre d’entre nous
l’expérimentent dans leur famille :
il y a ceux pour qui la foi chrétienne est importante ;
il y a ceux qui y sont plutôt indifférents ;
puis il y a ceux qui souvent critiquent
ou même raillent ceux qui croient.
Et peut-être, Maxence,
en est-il un peu comme cela dans ta famille ?
Mais alors, on aurait envie de dire à Jésus :
Seigneur, comment se fait-il que la foi en Toi
provoque autant d’hostilité, autant de divisions ?
De fait, cela fait aujourd’hui
partie de toute une culture
des pays occidentaux de vieille chrétienté
que d’assimiler les religions aux divisions, à la guerre.

Il est certain aussi que si nous isolons l’Évangile
que nous venons d’entendre,
où Jésus affirme ne pas être venu
apporter la paix mais la division,
du reste du Nouveau Testament,
il n’y a aucun intérêt à être chrétien.

Mais non ! Si nous sommes chrétiens
et si nous persévérons à l’être,
c’est bien que nous sommes persuadés
que la foi chrétienne est source de paix entre les humains
et d’épanouissement profond pour chaque personne.
Si nous ne croyons pas cela,
alors rien ne nous empêche d’abandonner la foi chrétienne.
Si tu ne crois pas cela, Maxence,
alors ne t’avance pas pour demander à recevoir le Baptême.

Alors la question demeure :
« Seigneur Jésus, pourquoi nous dis-tu aujourd’hui
que Tu n’es pas venu apporter la paix ? »
Il y a une fausse paix et un mauvais combat,
tout comme il y a une vraie paix et un bon combat.
Le passage d’Évangile que nous venons d’entendre
est tiré du chapitre 12 de Saint Luc.
Jésus ne cesse d’y donner à ses disciples
des exigences pour leur vie :
« Ne craignez rien de ceux qui tuent le corps. » (Lc 12,4)
« Gardez-vous de toute cupidité. » (v. 15)
« Cherchez d’abord le Royaume de Dieu. » (cf. v.31)
« Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées. » (cf. v. 37)
Jésus dit tout cela suite à une série de reproches
qu’Il a lancés aux pharisiens et aux scribes
en raison de leur hypocrisie.
Puis Il livre le désir profond de son cœur :
« Je suis venu apporter un feu sur la terre ».
C’est le feu de l’amour véritable,
source de la Paix véritable.
C’est un feu qui brûle, comme tout feu,
et qui exige toutes sortes d’attentions
pour ceux qui le manipulent.
C’est pourquoi il se trouve bien des gens qui
– du moins dans un premier temps –
ne veulent pas de ce feu.
Ils ont peur de se brûler.
Et moi aussi, le premier, j’ai d’abord peur de me brûler.
C’est pourquoi Jésus nous met en garde.
Je ne suis pas venu apporter la paix,
la fausse paix, la tranquillité, la neutralité
qui ne veut pas s’engager par peur du combat, de l’adversité.
Si vous marchez à ma suite, si vous êtes chrétiens,
n’ayez pas peur du combat.

Mais aussi, ne vous trompez pas de combat.
Il ne s’agit pas de combattre contre les autres.
Il ne s’agit pas d’utiliser les mêmes armes que les terroristes,
la haine et la violence.
Il s’agit de combattre en soi, contre la cupidité,
la convoitise, la colère, la négligence,
pour la confiance en Dieu, la vérité, l’éveil intérieur, l’amour.
Il s’agit de fortifier notre homme intérieur.

Si nos contemporains ont parfois
des à priori négatifs pour les religions,
ils ont conscience aussi de leur contribution irremplaçable
pour la paix et le bien-être des personnes.

Alors Maxence, bonne route avec le Christ
vers la paix véritable !

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